« Vous avez pensé à quoi ? »
« Vous avez pensé à quoi ? Que vous aviez tué quelqu’un ? Que vous vouliez sauver votre petite personne ? Vous avez pensé à quoi avec un scooter sur votre capot pendant , kilomètre ? Vous avez pensé à quoi en garde à vue, puis à la première audience quand vous avez continué à nier les faits ?» La tirade de Laurie Duca, la présidente du tribunal, a été assénée avec force et justesse. Depuis une heure, dans la salle d’audience, la charge émotionnelle que renvoie Aurore, bout de femme chiffon, mais si forte à l’intérieur, est immense. Elle lutte pour se reconstruire, solidement entourée de sa famille. En larmes, mais d’une dignité exemplaire, la jeune femme a témoigné. « Il y a deux mois j’avais un travail, j’allais avoir un CDI. Aujourd’hui, je suis en fauteuil roulant. Je ne peux plus sortir de chez moi car il y a des marches. Je passe la majeure partie de mon temps allongée car j’ai mal. Ma vie est en suspens. Je dois être suivie psychologiquement. J’ai cru que j’allais mourir. Je dois tout remettre en question. Je ne pourrai jamais oublier.» Alors oui, à quoi a pensé le prévenu ? La question est lancinante. On ne saura pas. Ou presque. Son avocat, Me Jean Boudot, sera obligé de lui arracher une réponse. Ben Ammar : «J’ai paniqué. On tremblote, on perd ses moyens, ça me rongeait de l’intérieur.» Enfin. Mais si tard. «Sans la vidéosurveillance de la ville, nous ne l’aurions sûrement jamais vu au tribunal», soupire le père d’Aurore.