Questions à « Notre porte est ouverte pour les écouter »
Monseigneur André Marceau, évêque de Nice
Que vous inspirent ces accusations visant un prêtre ?
Apprendre ces faits a été un choc pour moi. Arrivé il y a trois ans, je n’avais eu aucune connaissance de faits ayant pu toucher le diocèse il y a cinquante ans. Ces informations m’ont été très fortement pénibles.
Qu’avez-vous répondu à ces deux victimes ?
J’ai répondu à ces messieurs par mail, puis j’ai eu l’occasion fortuite de rencontrer M. Audisio chez lui. Nous avons échangé durant deux heures, c’est surtout lui qui a parlé. J’ai demandé pardon pour ces faits. Il m’a répondu que ce n’est pas moi qui les avais commis. Mais un évêque se situe dans une histoire et ne peut rester indifférent face à la gravité de tels faits.
Que savez-vous de cet abbé ?
Il est né en , et décédé il y a environ seize ans. Les témoins sont très rares aujourd’hui. Tout ce que j’ai pu regarder, c’est un dossier où figure le curriculum vitae d’un homme, des courriers strictement professionnels... À ma connaissance, rien n’a pu m’informer de quoi que ce soit.
Outre l’abbé Dallas, l’une des victimes dénonce les actes d’un séminariste. Qu’en savez-vous ?
J’en sais ce que lui m’a dit, point. Qui dit séminariste ne veut pas dire qu’il est devenu prêtre. Un séminariste, on ne sait pas son âge, ni s’il était de la paroisse ni s’il était là dans le cadre d’un cycle d’études... J’ai commencé à poser quelques questions, mais je n’ai aucune réponse.
De tels actes ne sont-ils pas d’autant plus choquants venant d’une personne incarnant une autorité morale et religieuse ?
Je ne nie pas du tout la gravité des faits, j’en prends au contraire la pleine mesure ! Cette gravité prend une ampleur très forte venant d’un prêtre, avec ce qu’il représente et la force morale que représente l’Église. Il y a là une transgression très forte avec un comportement scandaleux. C’est d’autant plus choquant, blessant.
Au vu de l’écart de dates entre les faits dénoncés, craignezvous que ce prêtre ait pu faire beaucoup d’autres victimes ?
L’histoire le dira... Mais pour l’heure, je n’ai aucun élément pour avancer quoi que ce soit.
Pensez-vous qu’une « loi du silence » ait pu dissuader des personnes au courant de ces faits de les dénoncer ?
Cela se peut. On sait que régnait à l’époque une omerta générale, même si ça n’excuse rien du tout.
Le pape François a demandé à chaque diocèse de créer une commission anti-pédophilie. Existe-t-elle dans le diocèse ?
Aujourd’hui, toute personne souhaitant s’ouvrir d’un fait dont elle a pu souffrir peut contacter le diocèse par mail à l’adresse ecoutesouffrance.diocese@ gmail.com. Une cellule d’écoute prend ensuite le relais. C’est une cellule de réflexion avec des psychologues, un représentant de la gendarmerie, un autre de la justice, et deux personnes spécialisées dans l’écoute.
Cette cellule a-t-elle déjà reçu des signalements ?
Pour l’heure, aucun fait récent. S’il y en a, cette cellule prendra contact avec la personne et l’incitera à aller devant la justice.
Quel message adressez-vous aux victimes en général ?
La porte est ouverte pour un dialogue, une attention, un accompagnement. Il n’y a pas de volonté de mettre un couvercle sur ces événements, l’Église l’a montré ces dernières années. Et je pense que cela peut honorer les uns et les autres.