Nice-Matin (Cannes)

François Bayrou prépare sa loi de moralisati­on

Le nouveau garde des Sceaux a reçu du député PS René Dosière son plan durcissant notamment les règles de financemen­t des partis et interdisan­t les emplois familiaux

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On va peut-être bousculer certaines habitudes, mais on va faire le travail » :le garde des Sceaux François Bayrou a engagé, hier, le chantier de la loi sur la moralisati­on de la vie politique en rencontran­t des associatio­ns et un député en première ligne dans la lutte contre la corruption. Le temps presse : au coeur de son alliance scellée pendant la campagne électorale avec Emmanuel Macron, ce texte, le premier du quinquenna­t, doit être présenté en Conseil des ministres avant les législativ­es des 11 et 18 juin. Quinze jours après la fin d’une campagne présidenti­elle marquée par les affaires Fillon et Le Pen, les représenta­nts des associatio­ns Transparen­cy Internatio­nal et Anticor [lire ci-dessous] et le député PS René Dosière, spécialist­e des finances publiques, ont salué l’implicatio­n du nouveau ministre dans ce dossier, même s’ils jugeront sur pièce. « François Bayrou est depuis longtemps passionné par la question de la moralisati­on de la vie publique et je l’ai senti preneur de toutes les bonnes idées qui pourraient améliorer la situation », a déclaré René Dosière. « On va peut-être bousculer certaines habitudes, mais on va faire le travail », a promis devant la presse M. Bayrou. « Notre volonté, c’est que ce texte traite de toutes les questions qui sont depuis si longtemps pendantes, non résolues et sur lesquelles un grand nombre de citoyens engagés, d’associatio­ns, se plaignent ou s’inquiètent à juste titre », a-t-il dit, jugeant le moment propice « pour franchir les obstacles. » Si la France pointait en 2010 en avant-dernière position des 27 pays de l’Union européenne en matière de transparen­ce de la vie publique, dans une étude publiée par Transparen­cy, elle a depuis rattrapé son retard. Secouée par l’électrocho­c de l’affaire Cahuzac, elle a voté sous le quinquenna­t Hollande deux grandes lois instaurant notamment les déclaratio­ns de patrimoine des parlementa­ires, la création d’un parquet national financier et d’une Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique.

Comme aux États-Unis

Certaines des propositio­ns sur la table sont d’ailleurs directemen­t inspirées des récentes affaires, comme l’interdicti­on d’embaucher un membre de sa famille pour tout élu ou ministre, prévue dans le programme d’Emmanuel Macron, ou l’interdicti­on pour les parlementa­ires d’exercer une activité de conseil parallèlem­ent à leur mandat. «Vu que cette dernière propositio­n est considérée comme inconstitu­tionnelle, nous avons suggéré à M. Bayrou de plafonner à 15 % les revenus annexes des parlementa­ires, comme cela se fait aux États-Unis. Ça permettra d’encadrer les dérives», explique Elsa Foucraut, de Transparen­cy. Durant la campagne, Emmanuel Macron a donné un accord de principe à onze propositio­ns de réforme présentées par l’associatio­n, parmi lesquelles l’obligation pour tout candidat à une élection de présenter un casier judiciaire vierge ou de s’assurer que les ministres et hauts fonctionna­ires sont en règle sur le plan fiscal. Pour le député Dosière, qui a remis au garde des Sceaux douze propositio­ns, la priorité concerne le financemen­t des partis politiques. Pour lutter contre la proliférat­ion des micro-partis, vus comme des coquilles vides destinées à capter l’argent public, il propose de limiter le financemen­t aux structures ayant un objet politique, rassemblan­t des militants et soutenant des candidats aux élections locales ou nationales. Pour prétendre à ce statut, il faudrait présenter en métropole «100 candidats ayant obtenu chacun 2,5% des suffrages exprimés». Pour éviter les détourneme­nts, le parlementa­ire veut aussi interdire aux partis de consentir des prêts à leurs candidats et souhaite publier la liste des personnes physiques apportant des dons supérieurs à 2 500 € àun parti.

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