J.-Ch. Picard: « Soit on nettoie les écuries d’Augias, soit on se contente de brosser le poney »
Jean-Christophe Picard avait rendez-vous, hier après-midi, avec le nouveau ministre de la Justice. Ce Niçois, président de l’association Anticor, fait partie des personnes que François Bayrou a souhaité consulter pour préparer son projet de loi sur la moralisation de la vie politique. Pour ce faire, Anticor, a bien des idées. « Nous nous sommes concentrés lors de cet entretien sur les propositions que nous portons et qui ne figuraient pas dans le programme d’Emmanuel Macron », explique Jean-Christophe Picard.
Supprimer les « privilèges anachroniques » Le Niçois a insisté sur la nécessité d’accentuer « la lutte contre la fraude fiscale » et pour cela de faire sauter ce qu’il appelle «le verrou de Bercy ». « Aujourd’hui, le ministère des Finances a le monopole de l’opportunité des poursuites en matière de fraude fiscale, rappelle le président d’Anticor. Un procureur ne peut pas entamer d’action sans l’accord de Bercy. Ce qui n’a rien d’anecdotique lorsque le ministre du Budget s’appelle Cahuzac ou Woerth. » Jean-Christophe Picard voudrait également tordre le cou à un certain nombre de « privilèges anachroniques » dont bénéficient nos élus : de la cours de justice de la République au principe d’inviolabilité de leur immunité parlementaire, du moins lorsqu’elle s’applique « à des faits commis en dehors de leurs fonctions électives ».
Et la réserve parlementaire Le président d’Anticor est également pour la suppression pure et simple de la réserve parlementaire, cette dotation financière que les députés peuvent dépenser à leur guise pour subventionner telle ou telle association. Pour Jean-Christophe Picard «ce n’est rien d’autre que du clientélisme avec l’argent de la République ». « Un député n’a pas à se transformer en Père Noël ! », martèle-t-il. Mais pour moraliser ainsi la vie publique, Anticor l’annonce : « Il faudra deux lois. On ne peut pas se contenter d’une loi ordinaire. Il faudra aussi une loi constitutionnelle si on veut remettre en cause certains privilèges comme la cour de justice de la République ou l’immunité parlementaire. » Reste à savoir si François Bayrou, et surtout Emmanuel Macron sont prêts à aller jusque-là. JeanChristophe Picard a en tout cas le sentiment d’avoir été « écouté attentivement ». « François Bayrou nous a annoncé son intention d’aller vite, pour présenter son projet de loi au conseil des ministres avant les législatives, car il sait que si non ça ne se fera sans doute jamais. » Dès lors, pour ce Niçois, une seule question demeure en suspens. Celle de « savoir si on veut réellement nettoyer les écuries d’Augias ou si on va se contenter de brosser le poney. »