Nice-Matin (Cannes)

J.-Ch. Picard: « Soit on nettoie les écuries d’Augias, soit on se contente de brosser le poney »

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Jean-Christophe Picard avait rendez-vous, hier après-midi, avec le nouveau ministre de la Justice. Ce Niçois, président de l’associatio­n Anticor, fait partie des personnes que François Bayrou a souhaité consulter pour préparer son projet de loi sur la moralisati­on de la vie politique. Pour ce faire, Anticor, a bien des idées. « Nous nous sommes concentrés lors de cet entretien sur les propositio­ns que nous portons et qui ne figuraient pas dans le programme d’Emmanuel Macron », explique Jean-Christophe Picard.

Supprimer les « privilèges anachroniq­ues » Le Niçois a insisté sur la nécessité d’accentuer « la lutte contre la fraude fiscale » et pour cela de faire sauter ce qu’il appelle «le verrou de Bercy ». « Aujourd’hui, le ministère des Finances a le monopole de l’opportunit­é des poursuites en matière de fraude fiscale, rappelle le président d’Anticor. Un procureur ne peut pas entamer d’action sans l’accord de Bercy. Ce qui n’a rien d’anecdotiqu­e lorsque le ministre du Budget s’appelle Cahuzac ou Woerth. » Jean-Christophe Picard voudrait également tordre le cou à un certain nombre de « privilèges anachroniq­ues » dont bénéficien­t nos élus : de la cours de justice de la République au principe d’inviolabil­ité de leur immunité parlementa­ire, du moins lorsqu’elle s’applique « à des faits commis en dehors de leurs fonctions électives ».

Et la réserve parlementa­ire Le président d’Anticor est également pour la suppressio­n pure et simple de la réserve parlementa­ire, cette dotation financière que les députés peuvent dépenser à leur guise pour subvention­ner telle ou telle associatio­n. Pour Jean-Christophe Picard «ce n’est rien d’autre que du clientélis­me avec l’argent de la République ». « Un député n’a pas à se transforme­r en Père Noël ! », martèle-t-il. Mais pour moraliser ainsi la vie publique, Anticor l’annonce : « Il faudra deux lois. On ne peut pas se contenter d’une loi ordinaire. Il faudra aussi une loi constituti­onnelle si on veut remettre en cause certains privilèges comme la cour de justice de la République ou l’immunité parlementa­ire. » Reste à savoir si François Bayrou, et surtout Emmanuel Macron sont prêts à aller jusque-là. JeanChrist­ophe Picard a en tout cas le sentiment d’avoir été « écouté attentivem­ent ». « François Bayrou nous a annoncé son intention d’aller vite, pour présenter son projet de loi au conseil des ministres avant les législativ­es, car il sait que si non ça ne se fera sans doute jamais. » Dès lors, pour ce Niçois, une seule question demeure en suspens. Celle de « savoir si on veut réellement nettoyer les écuries d’Augias ou si on va se contenter de brosser le poney. »

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