À la veille de l’opération «toutes en burkini» la préfecture étend l’interdiction de manifester à tout Cannes
L’État n’a manifestement pas l’intention de jouer au jeu du chat et de la souris avec Rachid Nekkaz. Ce milliardaire algérien avait manifesté son intention de célébrer à sa façon l’arrêt du conseil d’État qui, le 26 août 2016, avait retoqué les interdictions de se baigner en burkini prononcées, l’été dernier, par plusieurs élus azuréens, notamment le maire de Cannes. Tant pis si le compte n’est pas rond, c’est la date du 26 mai, neuf mois plus tard, que Rachid Nekkaz a fixé pour son opération « Toutes en burkini au Festival de Cannes ». Il appelle à un rassemblement ce vendredi après-midi sur les plages de la cité. Le milliardaire algérien qui se présente comme un «légaliste» a d’ailleurs déposé une déclaration de manifestation en préfecture. Interrogés sur l’avis qu’ils comptaient réserver à cette demande de rassemblement, les services de l’État ont rappelé que « toutes les manifestations sont proscrites durant le festival de Cannes » (nos éditions d’hier). Officiellement celle du « burkini » ne serait pas plus visée qu’une autre. Pourtant hier, le préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, a signé un nouvel arrêté élargissant sensiblement le périmètre d’interdiction.
«J’annule la manifestation... On ira simplement se baigner»
Les manifestations sont désormais bannies sur l’ensemble du front de mer cannois, de son extrémité ouest, délimitée par le boulevard Leader, jusqu’au boulevard Eugène-Gazanaire, à l’autre bout de la ville. Ce qui n’est pas le cas dans l’arrêté initial datant du 25 avril. La nouvelle interdiction concerne 44 artères cannoises de plus. Voilà qui ne laisse en réalité aucun répit, du moins légal, à Rachid Nekkaz. Le milliardaire algérien qui se présente comme « le plus républicain des républicains » annonce du coup qu’il « annule » sa manifestation en ajoutant toutefois : « Dans ces conditions nous nous contenterons d’aller nous baigner comme n’importe quels Cannois. » En burkini ? «Vous verrez bien», s’amuse Nekkaz qui ne semble pas prêt à abdiquer si facilement. « Parce que cette décision est pitoyable et discriminatoire, assène-t-il. La preuve c’est que cet après-midi [hier] le collectif anti-corrida manifestait devant le Martinez pour protester contre Almodóvar. Et personne ne leur a rien dit. C’est du deux poids, deux mesures. Ça n’honore pas la République française qui est plus grande que ça. En fait la France fait exactement la même chose que l’Algérie, que j’appelle le régime des 40 voleurs, et qui a modifié sa constitution spécialement pour moi en interdisant à toute personne ayant résidé à l’étranger d’être candidate aux élections. » Rachid Nekkaz, qui n’en est pas à sa première provocation, avait brigué la présidence de l’Algérie en 2013 après avoir tenté sa chance à l’Élysée en 2007.