Les Cannois prêtent allégeance aux moines
Les Vieilles familles cannoises ont pris le bateau pour Saint-Honorat hier. Comme chaque année à l’Ascension ils sont allés perpétuer le serment d’allégeance fait par leurs ancêtres
Cannois, genou en terre!» C’est le moment qui fait sourire. Qui émeut aussi, les Cannois et touristes qui passent le jeudi de l’Ascension par Saint-Honorat : lorsque le représentant des vieilles familles cannoises exhorte l’assemblée à s’incliner devant le père abbé et à lui demander sa bénédiction. Cinq cent soixante neuf ans que cela dure. Que, chaque année, les Cannois se souviennent que jadis, face aux razzias sarrasines, ils durent leur survie à la présence armée et bienveillante de la communauté monastique. Plus de cinq siècles qu’ils viennent symboliquement reconnaître le responsable de la communauté monastique comme « Prince du Sépulcre et seigneur de la cité ». Pour cette édition organisée hier matin après la messe de l’Ascension, c’est Marc Giuliano, président des vieilles familles cannoises, qui a prononcé le serment d’allégeance. Et c’est Dom Vladimir Gaudrat (c’était Dom Marie de Plaisance en 1 448) qui l’a reçu. Avec beaucoup de bonheur d’ailleurs pour ce chef religieux qui a vu un acte géo-poétique dans la cérémonie. « Poétique, ça saute aux yeux et les académies (provençale et Dou Miéjour) vont encore nous le montrer. Et géographique car nous nous sommes véritablement enracinés dans cette terre qui nous a adoptés… a-t-il insisté. Car ce qui me semble important dans l’identité cannoise, c’est qu’elle est une terre d’adoption » a-t-il noté pour répondre au maire qui venait d’évoquer Cannes et ses paradoxes. Car à Cannes, on déroule le tapis rouge à la terre entière, au luxe et à la création, tout en perpétuant, à un bras de mer de la Croisette, une tradition de plus de cinq siècles. Par fidélité, humilité et universalité. Par désir de transmettre ces belles valeurs de siècle en siècle…