Ocon, c’est bleu-blanc-rose CV express
Le jeune Français de Force India (20 ans) découvre Monaco. L’occasion de confirmer sa belle cinquième place de Barcelone. Et de prouver qu’il fait partie des futurs grands
Le casque est rose. La monoplace aussi. Et le parcours, jusqu’ici, l’est tout autant. Champion d’Europe de F3 en 2014, champion des GP 3 Series l’année d’après, Esteban Ocon fait tout vite. Et bien. Aussi s’étonne-t-on à peine de le voir enquiller les chicanes en F1 et inscrire des points à chaque GP… Le voici huitième au championnat (19 pts) derrière son coéquipier Sergio Pérez, prêt à en découdre avec le tapageur et piégeux tourniquet monégasque. Qu’il découvre depuis hier. Ocon, c’est peut-être – sans faire injure à Romain Grosjean – ce pilote qui pourrait définitivement réconcilier la France avec la F1. Celle des Lafitte, Prost, Arnoux, Tambay, Alesi, Panis. Celle des victoires. Aussi, même si son patronyme fleure davantage les rivages ensoleillés du sud de l’Espagne (sa famille est originaire de Malaga) que sa Normandie d’adoption, Esteban Ocon a un étendard à brandir. Du talent à convertir. En Marseillaise, qui sait, un jour… Mais d’ici là, écoutons-le nous conter sa semaine monégasque.
Esteban, comment vous êtes-vous préparé pour Monaco où vous n’avez jamais roulé?
Nous avons travaillé sur le simulateur à l’usine et j’avais l’impression de déjà bien connaître le circuit. Cela fait des années que j’y joue sur ma console vidéo ! J’ai aussi effectué des recherches sur internet et visionné de nombreuses caméras embarquées.
Et cette première journée en conditions réelles ?
Ce matin [hier, NDLR] ,je suis resté assez loin des murs. Lors des essais , j’ai essayé de tester un peu les limites. J’ai touché à certains endroits, et fort… J’ai eu la chance que la C’est le nouveau benjamin du paddock. Propulsé titulaire chez Williams cet hiver en lieu et place de Felipe Massa – finalement devenu son coéquipier après le transfert de Valtteri Bottas –, Lance Stroll, 18 ans, devance aujourd’hui Max Verstappen, 19 ans, sur la grille des jeunes loups de la F1. Sur l’échelle des valeurs, en revanche, il suffit de jeter un coup d’oeil aux chronos et classements des cinq premières étapes pour mesurer le grand écart séparant le ‘‘rookie’’ canadien de la pépite néerlandaise de Red Bull. Attendu au tournant par les détracteurs qui pointent du doigt la fortune familiale lui ayant permis de gravir les échelons à toute vitesse, le fils du milliardaire Lawrence Stroll – l’un des actionnaires de l’écurie de Grove – n’a pas fait grand-chose d’emblée pour leur clouer le bec. voiture résiste. Mais je pense qu’il fallait le faire, pour voir où il fallait pousser ou pas.
C’est différent du simulateur, on imagine ?
Oui, en vrai c’est différent. Quand on y est, les murs sont durs ; au simulateur, ils sont transparents (sourire). C’était quand même une grande aide le simu.
Samedi, ça ira mieux ?
Oui, on va travailler sur la voiture. Il faut vraiment ne faire qu’un avec, pour être Après avoir dominé de la tête et des épaules le championnat d’Europe FIA F3 l’an dernier (14 victoires !), le voilà englué dans les abysses de la hiérarchie avec des statistiques faméliques : trois abandons, zéro point. Pas vraiment l’idéal pour partir hier matin à la découverte du vertigineux toboggan monégasque...
Villeneuve : « Deux échéances difficiles »
« Que ce soit parmi sa famille et ses proches, ou en général, il y a beaucoup d’attention autour de Lance et c’est dur à gérer pour lui », avait plaidé Paddy Lowe, le directeur technique de Williams, au lendemain d’un GP d’Espagne raté dans les grandes largeurs (16e). « Les pilotes sont les meilleurs et les pires pour se faire violence s’ils ne sont pas satisfaits de leurs performances. Cela engendre forcément encore en confiance et pouvoir attaquer les virages. On a une journée ce vendredi pour travailler, c’est bien.
Quelle est votre partie préférée du circuit ?
On va dire l’enchaînement de la piscine. J’aime ça.
Monaco, c’est un must ?
Oui, la ville a toujours été liée à la F et c’est la course n° de la saison. Pour les pilotes, c’est une grosse décharge d’adrénaline et c’est pareil pour les fans. plus de pression. Hélas, il n’y a pas de solution miracle. Lance a tout en main pour apprendre vite. À lui de savoir en profiter. » Croisé sur le quai Antoine-Ier entre les deux séances d’essais libres, Jacques Villeneuve, lui, ne mâche
Comment vous situez-vous avec la Force India?
Je suis content du début de saison. L’objectif était de marquer des points à chaque fois, et c’est ce qu’on a fait. La voiture progresse régulièrement, c’est positif.
Il vous reste à faire aussi bien que Perez ?
D’abord, je dois dire que je me sens parfaitement intégré dans l’écurie. C’est vrai que j’espère me rapprocher encore de mon équipier et être en mesure de pouvoir viser le podium. pas ses mots quand on lui demande de juger les premiers pas de son compatriote au top niveau. « Sûr que je n’aimerais pas être à sa place », lâche le champion du monde 1997, désormais consultant sur les chaînes du groupe Né le septembre à Evreux (Eure). Ecuries F : Manor Racing (août ). Force India (). N° : Parcours : débute en karting à ans /. Champion de France minimes en , cadets en . : débuts en Eurocup Formula Renault .. : champion d’Europe de F. : champion international des GP Series.
Clairement, un podium, c’est votre objectif ?
Absolument. J’espère y parvenir le plus vite possible…
Disputer Indianapolis comme Alonso, ça pourrait vous tenter ?
Non. Indy ou Le Mans, ce n’est pas quelque chose qui me tente aujourd’hui. Mon but a toujours été d’être en F et d’y gagner. Et si je devais faire autre chose, ce serait plutôt du rallye ! Canal +. « Inutile de tourner autour du pot : Lance n’a pas encore démontré qu’il mérite son volant. Certains disent qu’il est jeune et qu’il lui faut du temps, mais on n’est pas en F1 pour faire ses classes. Verstappen avait tout de suite affiché son potentiel. Là, je pense qu’il lui reste deux échéances difficiles à négocier. Monaco, ce sera chaud. Et Montréal très chaud ! Ensuite, peutêtre que le contexte s’apaisera, qu’on lui lâchera les baskets et qu’il commencera à aller vite... » Hier, l’apprenti sous pression n’est pas vraiment parvenu à redorer son blason. Second galop d’essai abrégé après avoir chiffonné la Williams numéro 18 dans les rails du virage de Massenet, il a conclu son exploration du mythique tourniquet en pâle position : 16e à une demi-seconde de la référence Massa. Peut mieux faire, comme on dit...