Nice-Matin (Cannes)

Le prince de la piste

Le Fairmont Monte-Carlo vient de baptiser une suite «Ayrton-Senna» avec terrasse plongeante sur le virage du Portier. Un symbole pour célébrer le héros invaincu du Grand Prix monégasque

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La scène est historique dans la mythologie de la F1. Grand Prix de Monaco 1988 : promis à la victoire, Ayrton Senna se loupe dans l’un des derniers tours de piste et vient s’encastrer dans les rails, au virage du Portier. Condamné à l’abandon, le Brésilien, enragé, enjambe le rail pour regagner son appartemen­t du Houston Palace, voisin, plutôt que les stands. Et voir, cruellemen­t, Alain Prost être couronné roi de la piste monégasque. L’histoire fait partie du mythe Senna. Qui peut prétendre être un héros dans ce domaine ? Pas grand monde. Le pilote brésilien, six fois couronné sur le circuit monégasque, est le détenteur, pour l’heure jamais égalé, du nombre de victoires sur le tourniquet de la Principaut­é. La première, c’était en 1987. Il y a trente ans tout juste. L’occasion était trop belle. Le Fairmont a ainsi choisi de baptiser son ultime suite avec vue plongeant sur le circuit, du nom d’Ayrton. Vingt-trois ans après sa tragique disparitio­n sur le circuit d’Imola en Italie, la légende Senna demeure incandesce­nte. La mort du Golden Boy de la F1, emporté en pleine gloire, l’a hissé au rang de la béatificat­ion sportive. Logique presque, pour celui qui voyait dans chacune de ses victoires ou de ses défaites, un signe divin. « C’est un peu magique que sa présence dans les coeurs et l’esprit des gens soit toujours aussi forte. Je crois qu’il serait heureux de le savoir », témoignait en 2014 sa soeur Viviane, lors d’un passage en Principaut­é. « Ayrton c’était le spectacle dans toute sa splendeur », se souvient une admiratric­e monégasque. L’accident tragique qui a mis fin à ses jours, comme James Dean en son temps, a provoqué une dévotion inconditio­nnelle de ses fans. Qu’ils soient connus, comme le pilote Lewis Hamilton, qui s’inscrit dans sa lignée. Ou anonymes, jamais avares de petites anecdotes sur l’idole des circuits dans les années 80. « C’est lui, le premier, par exemple, qu’on a vu se promener dans les paddocks monégasque­s sur un mini-vélo pliable », raconte un ancien photograph­e, d’accord pour dire que le Brésilien a marqué le monde de la F1 d’une empreinte indélébile. Pas étonnant qu’en son temps, Ayrton ait trouvé son eldorado à Monaco. Son point d’ancrage en Europe loin de la chaleur de São Paulo. Au sommet de sa gloire, il s’établit quelques années en Principaut­é. Là même où un dimanche de mai 1984, parti outsider, il avait créé la sensation en remportant presque le Grand Prix, stoppé net cette année-là par la pluie. «Il aimait beaucoup Monaco car il pouvait y vivre tranquille­ment. Et il a toujours dit qu’il appréciait particuliè­rement conduire sur ce circuit difficile», se souvient Viviane Senna. Dans le documentai­re britanniqu­e réalisé par Asif Kapadia en 2010 consacré au champion, on le voit rouler en scooter avec sa petite amie, le mannequin Adriane Galisteu, sur la route de la Piscine. Dans le fond de l’image, derrière le couple, on distingue un peu du bâtiment du Fairmont Monte-Carlo. C’est ici désormais qu’Ayrton Senna entre dans le patrimoine de la Principaut­é.

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 mai , au sommet de sa carrière, Ayrton Senna domine le tourniquet monégasque pour la troisième fois et soulève son trophée sous l’oeil des princes Rainier III et Albert II. (Photo archives Nice-Matin)
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Dossier : Cédric VÉRANY cevrany@nicematin.fr Photos : archives NiceMatin et Michael ALESI (Photo Jean-François Galeron) Le Brésilien, dans le virage de La Rascasse, un jour de déluge.
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Troquant la combinaiso­n pour le smoking, un soir de gala à la Salle des étoiles, Ayrton est félicité par le prince Rainier III. (DR)
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