Nice-Matin (Cannes)

Dylan Charrat : l’avenir lui appartient

À 23 ans, et alors qu’il achèvera en juin son cursus en Master 2 de management, le Cannettan fait figure de météorite dans l’univers de la boxe, avec 13 victoires en 13 combats pros...

- PHILIPPE HERBET pherbet@nicematin.fr

Qui eut pu se douter, il y a seulement onze ans de cela, que ce gamin plutôt chétif, venu enfiler pour la première fois les gants à la salle du Cannet, ferait ensuite pareil parcours ? Compterait aujourd’hui parmi les plus grands espoirs de la boxe profession­nelle tricolore ? « Un futur Asloum », anticipent quelques-uns de ses supporters. « C’est déjà un crack » lâche plus prosaïquem­ent un observateu­r attentif de l’actualité du Noble art, qui a toutefois tenu à garder l’anonymat. Ce qui est en revanche une certitude, c’est que Dylan Charrat dénote dans un milieu jugé parfois interlope. Par l’intelligen­ce affichée aussi bien sur le ring qu’en dehors. Étudiant à l’IDRAC de Lyon, il soutiendra ainsi le mois prochain sa thèse pour valider son Master 2 en management. Et gère, en parallèle, et avec tout autant d’efficacité, sa carrière sportive. Un esprit sain dans un corps sain… Et un garçon dont la parole est aussi précise et directe que ses uppercuts. Entretien…

Dylan, le  mai dernier au Japon, vous avez, avec Hassan N’Dam, porté haut les couleurs du Cannet…

C’était une belle opportunit­é d’aller combattre là-bas, et c’est grâce à Sébastien Acariès, notre promoteur, et à M. Honda, celui des Japonais. Représente­r Le Cannet aussi loin, et à l’occasion de combats aussi prestigieu­x (N’Dam y disputait une ceinture mondiale, NDLR), vraiment, c’était super.

C’est la première fois que vous vous déplaciez aussi loin. Pas trop de soucis pour gérer fatigue et décalage horaire ?

En fait, ça a été un peu compliqué. On est arrivé sur place seulement  jours avant. Et effectivem­ent, ça a été difficile de digérer les  heures de décalage avec la France. Du coup, on s’est très peu entraîné et on s’est concentré sur la récupérati­on. Malgré tout, j’étais assez perturbé. Je dormais le jour et pas la nuit. Pas simple…

Vous avez néanmoins remporté votre e victoire chez les pros et demeurez invaincu. Racontez-nous ce combat face au Sud-Coréen Il Sub Jung …

C’est un boxeur que je ne connaissai­s pas du tout. On savait juste qu’il comptait  victoires en  combats, obtenues face à des adversaire­s franchemen­t pas mauvais. Sur une vidéo, on s’était aussi rendu compte que, sur un ring, il était plutôt agressif et assez physique, boxant souvent au corps à corps. Du coup, j’ai bâti ma stratégie autour d’un principe : garder ma distance, imposer mon rythme et ne pas le laisser s’approcher. En travaillan­t beaucoup avec mon jab. Et ça a marché très rapidement.

Vous attendiez-vous, néanmoins, à être aussi expéditif (son adversaire a abandonné dès le e round) ?

Pas du tout. Mais quand j’ai vu que je lui avais fait mal avec mon jab et qu’il n’arrivait pas à trouver la solution pour casser la distance, j’ai compris que j’allais le battre avant la limite. Même sur le plan physique, je le sentais moins puissant que moi.

Forcément, cette victoire ouvre des perspectiv­es. A minima au niveau européen, non ?

Évidemment. Il faut y aller étape après étape, bien sûr, mais l’objectif désormais c’est de se tourner vers des titres internatio­naux, pour grimper dans les classement­s. Après, et si tout se passe bien, on ambitionne­ra un championna­t d’Europe. En tout cas, on travaille très dur pour ça… Maintenant, et je le répète sans cesse, ces  victoires, c’est bien, mais tant que je n’ai pas de ceinture à la taille, j’estime n’avoir encore rien accompli. Compter  ou  victoires, ce n’est pas ça qui m’intéresse ; moi, ce que je veux, c’est aller chercher des titres. Je suis déterminé à aller au bout de mes ambitions.

Une idée sur la date de votre prochain combat ?

Ce sera le er juillet à Evian. Avec en jeu, une ceinture internatio­nale. Et à l’occasion d’une soirée organisée par mon promoteur Sébastien Acariès et dont le point d’orgue sera le championna­t du monde WBA de Michel Soro. Juillet, c’est dans peu de temps finalement, et ça va vite s’enchaîner. C’est d’ailleurs pour ça que je prends quelques jours pour me reposer en famille. Mais d’ici peu, je vais repartir bosser dur. Mon futur adversaire ? Je ne sais pas encore, les choses sont en train de se faire. Rien n’est encore signé, mais ce sera, quoi qu’il en soit, un gros combat.

Avez-vous le sentiment d’être encore perfectibl­e ?

Oui. J’ai progressé, bien sûr, mais j’ai encore des lacunes à gommer. Je commence à atteindre une certaine maturité physique, mais je dois encore beaucoup travailler sur la puissance. Au niveau technique, on a évidemment toujours à apprendre. J’ai des défauts à corriger, que ce soit sur mon jab ou dans ma gestion des situations en combat, aussi bien en attaque qu’en défense. Mais ça me donne aussi une grosse marge de progressio­n.

Vous avez assisté au combat d’Hassan N’Dam. La décision des arbitres de lui accorder la victoire, décision très controvers­ée, vous a-t-elle semblé logique ?

J’étais au bord du ring. C’était un combat très dur. Maintenant, si je n’étais pas sûr de la victoire, c’était quand même très indécis. Le Japonais (Ryota Murata) l’a bien sûr touché plusieurs fois, mais a aussi été très peu actif sur le ring. Il a passé plusieurs rounds sans travailler. Par reprise, et j’ai compté, il ne donnait pas plus que  ou  coups, ce qui est vraiment minime. Hassan, c’est lui qui a fait le combat ! Donc, et même si je peux comprendre le doute qui a envahi les esprits, je pense finalement que c’est logique qu’il ait été déclaré vainqueur. En tout cas, franchemen­t, ça n’a rien de choquant.

Depuis que vous avez intégré le staff Acariès, on a le sentiment que vous avez pris une autre dimension. Vous partagez cetavis?

Oui. Déjà, être avec un promoteur, en France, ça n’est pas donné à tout le monde. En plus, il me permet d’être davantage médiatisé en boxant dans de belles organisati­ons, et ça se passe en plus très bien avec mon team à Lyon. On travaille un peu comme si on était une famille. Du coup, j’ai moins de soucis à gérer et je peux davantage me concentrer sur mes préparatio­ns. On peut établir un plan de carrière, on sait que les moyens sont là. Ça tire vers le haut.

L’objectif, c’est de se tourner vers des titres intenation­aux ”

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