SPORT vraiment magnifique ! » « Quelqu’un arrivera difficilement à faire mieux » « La truelle d’or, elle existe vraiment ! »
La campagne européenne, la renaissance de Falcao, la confirmation Silva. Ce ne sont pas des trophées et pourtant…
C’est pour tout ça que je peux dire que cette saison est historique. Collectivement on a été très fort, mais individuellement, tout le monde a progressé. On a remporté les récompenses de meilleur espoir, meilleur gardien, meilleur entraîneur et beaucoup de joueurs étaient dans l’équipe type de la saison. On a marqué énormément de buts, on a pris beaucoup de points etc. On a fait tomber pas mal de records. C’est un truc énorme. Je pense que quelqu’un arrivera difficilement à faire mieux…
Quand on dit ça, souvent on évoque une fin de cycle. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Sincèrement, tous les professionnels dans le football doivent garder cette envie de faire toujours mieux. C’est la vie. Mais faire mieux la saison prochaine, ne veut pas forcément dire faire mieux en terme de résultat. Encore une fois pour faire mieux, il faut garder les meilleurs joueurs. Mais Bernardo Silva est déjà parti (transféré pour millions d’euros hors bonus à Manchester City)… donc on ne pourra pas comparer les saisons. Dans ce cas, le défi, c’est de faire du mieux possible, avec des joueurs et donc des moyens différents. Votre avenir ? Je vais parler avec Vadim Vasilyev la semaine prochaine. La semaine dernière, nous avons profité de faire la fête. Pour Vadim aussi ça a été très fatigant. Nous avons travaillé sans relâche pendant mois. Nous sommes tous fatigués. On va prendre un peu de vacances là. Et puis la tête reposée, nous parlerons du futur tranquillement. Comme on l’a toujours fait.
Vous êtes très courtisé... Après trois saisons ici, vous pourriez avoir des envies d’ailleurs ?
Quand on gagne et qu’on fait de belles choses, on est courtisé… c’est normal. Mais quand dans un club, dix ou douze personnes sont courtisées, les dirigeants ne peuvent pas laisser partir tout le monde. Peut-être que Jardim sera l’une des personnes qui va rester…
Quelles sont vos conditions pour rester ?
La condition de rester, c’est de pouvoir continuer de travailler, comme je le fais depuis trois ans. Pour moi le projet doit continuer comme il est. Et ce n’est pas parce qu’on a été champion qu’il faut que ça change et qu’on se dise qu’on gagnera tous les ans le championnat. Le projet, c’est de jouer régulièrement le podium et de faire progresser les jeunes joueurs. Les gens ont tendance à l’oublier. Surtout dans les moments de fêtes, on se dit : “Çay est, on peut gagner la Ligue des champions ” etc. Non ce n’est pas ça. Le but est de faire le maximum avec les moyens à disposition.
Ce projet ne vous lasse pas ?
Nous allons discuter (il marque une pause). J’aime les défis difficiles. J’ai travaillé une fois dans un championnat où nous étions favoris, où c’était assez simple au final de remporter le titre avec treize points d’avance etc (il évoque la Grèce et Olympiakos). Moi, j’ai préféré prendre le Sporting Lisbonne e et le ramener deuxième ; ou alors placer Braga sur le podium du championnat portugais, offrir le titre à Monaco… Ce sont des défis difficiles. Ce n’est pas donné à tout le monde, mais je crois que je suis le spécialiste des défis difficiles (rires).
Votre choix de rester, dépendra-t-il du nombre de joueurs que vous allez perdre au mercato ?
Non. Encore une fois, c’est une question de projet et du défi proposé.
Quand on a construit une équipe aussi compétitive, le risque de voir tout ça démantelé ne vous procure-t-il pas un pincement au coeur ?
Non, c’est comme ça. Attention, on ne part jamais d’une feuille blanche en début de saison. Si nous sommes champions cette année, c’est aussi grâce au travail fourni la saison précédente etc.
Conserver le titre serait un grand défi ?
Bien sûr. Je ne sais pas ce qu’il va se passer d’ici un mois. Mais normalement, si rien ne change, Paris avec ses gros investissements restera toujours favori de la L.
Entre l’argent et le projet, vous choisissez quoi ?
Le football, c’est aussi une question d’opportunités. Et je suis bien placé pour savoir : ce n’est pas tous les jours que les grandes opportunités se présentent. Je ne vais pas échanger Monaco pour quelque chose de simple… Soit je change pour un projet d’une autre dimension. Soit pour une situation contractuelle d’une autre dimension. Parce que je l’ai toujours dit : j’aime être ici à Monaco, ma famille aussi. J’aime mon travail, je profite de Monaco. C’est un très bel endroit. Je m’y sens bien.
Vous avez remporté le trophée de meilleur entraîneur, après avoir obtenu “la truelle d’or” comme vous dites, les années précédentes. Quelle saveur a ce trophée ?
Elle existe vraiment la truelle d’or ! Promis (rires). J’ai eu le trophée cette année de meilleur entraîneur, mais finalement je suis le même depuis trois saisons. J’ai seulement vieilli. Tout ça est mérité. Comme ça l’était pour Laurent Blanc qui avait remporté le championnat avec une grosse avance. Il y a deux ans, quand j’ai parlé des maçons portugais, c’était un clin d’oeil. Nous étions deuxièmes à l’époque en L, quart de finaliste de Ligue des champions, et je ne faisais même pas partie des quatre entraîneurs nommés… C’était pour rigoler. Mais dans le fond, ce n’était pas important car ce que j’ambitionne, ce sont les récompenses collectives.