Nice-Matin (Cannes)

Vettelissi­mo! “Je crois que je vais pisser dans ton siège.”

Grâce à un Sebastian Vettel impérial, vainqueur devant son coéquipier Kimi Räikkönen, Ferrari a mis un terme à seize ans de disette à Monaco

- GIL LÉON

Comme quoi les traversées du désert ont souvent une fin... Même celles que l’on croit interminab­les. Pour passer de la dune à la ‘‘une’’, en fait, il suffit juste de trouver la porte de sortie. Objectif atteint avec maestria, hier, pour la Scuderia Ferrari. Les innombrabl­es tifosi tout de rouge vêtus massés dans les tribunes, autour du port Hercule, et sur les pentes abruptes du Rocher, attendaien­t ça depuis des lustres. Un peu plus chaque année, ils rongeaient leur frein. Une fois, dix fois, quinze fois, ils étaient repartis frustrés, au mieux, ou carrément abattus. Pas là! Seize ans après son précédent triomphe en Principaut­é – signé Schumacher en 2001 –, le cheval cabré a enfin retrouvé la lumière. Et de quelle manière ! Vettel vainqueur. Räikkönen deuxième. Soit l’ordre inverse du verdict des qualificat­ions. En attendant de renouer, peut-être, avec la consécrati­on suprême en fin de saison, la firme de Maranello pouvaitell­e rêver plus somptueux cadeau d’anniversai­re, elle qui souffle en 2017 ses soixante-dix bougies ?

Chevauchée fantastiqu­e

Compte tenu de la domination exercée durant les essais, jeudi et samedi, seul un improbable cataclysme aurait pu empêcher une issue qui semblait inéluctabl­e. Le départ? D’une limpidité cristallin­e. Ni la Mercedes de Bottas, ni la Red Bull de Verstappen ne parviennen­t à mettre un grain de sable dans la mécanique italienne. Sans surprise, l’ogre Vettel ne tente pas le diable à Sainte-Dévote et le poleman finlandais garde son avantage. Le tournant de la course sera ensuite dicté par les stratèges de l’armada rouge. Invité à opérer son pit stop plus tôt, Räikkönen paiera cash le retour en piste dans le trafic. Une aubaine pour Vettel qui profite à fond de l’horizon dégagé en enquillant les tours lasers. À l’instar de Ricciardo doublant Verstappen de la même façon pour s’inviter sur la petite marche du podium, le leader du championna­t du monde garde les devants après son arrêt. Plus rien ne viendra troubler sa chevauchée fantastiqu­e. Même pas la neutralisa­tion de course consécutiv­e à la cabriole - sans gravité - de Pascal Wehrlein (Sauber) expédié sur le flanc dans le rail du Portier par Jenson Button (McLaren).

« Une course très intense »

« Ce fut une course très intense » ,savourait ensuite le quadruple champion du monde ravi de remonter au sommet six ans après sa première et unique glorieuse à Monaco (2011, sur Red Bull). « J’espérais prendre un meilleur envol que Kimi mais je n’avais nulle part où aller. Donc j’ai dû rester patient. Nous ne pouvions pas prévoir la stratégie. Valtteri (Bottas) avait un bon rythme, donc dès qu’il est rentré au stand, Kimi a fait de même. Moi je n’avais rien à perdre, j’ai continué à attaquer, et j’étais surpris de ressortir devant. C’est très spécial de gagner ici. Quel week-end fabuleux pour Ferrari! » Sur le podium princier, le contraste était saisissant entre son sourire solaire et le sombre masque teinté d’amertume du vétéran finlandais de la Scuderia qui n’a guère goûté le scénario. Quoi qu’il en soit, ce matin, l’hégémonie Mercedes en terre monégasque est passée de vie à trépas. L’homme fortissimo du championna­t s’appelle Sebastian Vettel. Un leader qui compte désormais la bagatelle 25 longueurs d’avance sur Lewis Hamilton, s’il vous plaît... Juste avant le départ, telle fut la réponse de Jenson Button au message radio d’encouragem­ent envoyé depuis Indianapol­is par Fernando Alonso en lui demandant de prendre soin de sa voiture. Finalement, le revenant anglais s’est abstenu de se soulager en course... mais il a bien chiffonné la McLaren lors d’un violent choc avec Pascal Wehrlein au virage du Portier.

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(Photo Georges Decoster)

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