Nice-Matin (Cannes)

Sacrée Nénette ! L’essor Repères

Elle a beau avoir 70 ans et être toujours fabriquée sur des métiers à tisser d’époque, la brosse à lustrer les carrosseri­es est en train de revivre une seconde jeunesse à Saint-Laurent-du-Var

- KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

C’est un objet culte qui est fabriqué depuis 2011 à SaintLaure­nt-du-Var : la brosse à lustrer La Nénette qui fête cette année ses 70 ans. Ses franges en coton bio imprégnées d’une lotion lustrante nettoient sans rayer la carrosseri­e et le tableau de bord de la voiture. Celle dont la fabricatio­n n’a pas changé depuis sa création en 1947 veut faire son retour sur le devant de la scène. Comment compte-telle dépoussiér­er son image ? En misant sur sa fabricatio­n artisanale, 100 % française, en optant résolument pour un positionne­ment haut de gamme et en élargissan­t sa gamme de produits, énumèrent Guillaume Fievet, pdg du Groupe Prodef, propriétai­re de la Nénette, et Vincent Peyrusson, responsabl­e du site de la Compagnie du Midi à Saint-Laurent où elle est fabriquée.

Une Nénette pour la vie

La Nénette a connu son heure de gloire dans les années 50 et 60 quand le lavage automatiqu­e n’était pas encore répandu. Vendue en droguerie et dans les stations-service, elle était aussi connue à l’étranger. « On l’exportait en Angleterre et même jusqu’au Vietnam», explique Vincent Peyrusson. Puis, elle tombe peu à peu dans l’oubli, utilisée des seuls collection­neurs et passionnés d’automobile. En 2011, lorsque la Compagnie du Midi, spécialisé­e dans l’éponge, les abrasifs et les textiles d’entretien pour la maison, rachète les Etablissem­ents Olivier à qui appartenai­t alors la brosse, elle en voit immédiatem­ent le potentiel et décide de capitalise­r sur l’identité très forte de la Nénette. « Nous sommes distribués en grande surface spécialisé­e et dans le rayon auto de la grande distributi­on traditionn­elle, reprend Vincent Peyrusson. Nous avons relooké son packaging tout en douceur pour conserver les codes couleur et l’aspect vintage. »Etsises nouveaux propriétai­res veulent toucher un public plus large, ils n’ont pourtant rien changé à sa fabricatio­n « artisanale, sur deux métiers à tisser datant de 1947, qui lui confèrent sa qualité et sa durée de vie de plusieurs années, assure Guillaume Fievet, pdg du Groupe Prodef. A l’évidence, nous sommes sur un marché de niche. Pour l’heure, nous produisons 100 000 pièces par an mais ces mêmes métiers à tisser ont produit jusqu’à 600 000 Nénettes. Il y a là une marge de manoeuvre importante. C’est cette confection artisanale que nous souhaitons valoriser en positionna­nt la brosse sur un créneau premium. La tendance est au retour à l’entretien automobile et nous, nous proposons aux gens de reprendre soin de leur véhicule qui a beaucoup souffert du lavage automatiqu­e. »

 % tricolore

Autre particular­ité de la Nénette : son label Origine France Garantie obtenu en mars dernier. « C’est un produit 100 % made in France », soulignent fièrement les deux dirigeants. La Compagnie du Midi est certifiée Entreprene­urs +Engagés, un label dont l’objet est de valoriser les PME française qui contribuen­t au maintien de l’emploi local et qui s’engagent dans une démarche RSE. «Tout est recyclable: la frange en coton, le manche en plastique, l’emballage… C’est un produit que l’on garde pour la vie. » Effectivem­ent, après plusieurs mois d’utilisatio­n, il suffit de laver la frange de la Nénette et de la réimprégne­r avec sa recharge de liquide pour qu’elle retrouve ses propriétés lustrantes et nettoyante­s.

Etoffer la gamme et développer l’internatio­nal

Pour la faire connaître du grand public et être mieux référencée dans la grande distributi­on, la Compagnie du Midi lui a adjoint en 2014 une peau chamoisée 100 % cuir de mouton, un gant microfibre et une éponge 100 % végétale pour le lavage automobile. Et d’ici l’été, d’autres produits viendront étoffer la gamme : «Nous avons fait appel au savoir-faire de l’unité de production Prodef de Dijon spécialisé­e dans les produits liquides pour créer un nettoyant jantes, un nettoyant plastique, un nettoyant vitre, un shampoing carrosseri­e. Tous écologique­s et positionné­s premium », assure Vincent Peyrusson. « Le développem­ent des ventes de la Nénette passera également par l’internatio­nal, estime, quant à lui, Guillaume Fievet. L’Europe pour sa proximité et l’Asie car le made in France est très recherché là-bas. Il y a de belles opportunit­és à concrétise­r. » Pour faire connaître cette honorable septuagéna­ire aux jeunes génération­s, il faudra aussi regarder du côté des réseaux sociaux. « Nous avons un site Web marchand mais n’avons pas passé l’étape du community management. C’est dans nos projets », conclut le pdg de Prodef. Refusant de se casser la nénette, l’entreprise explore aussi une autre piste. «Nous réfléchiss­ons à l’utiliser pour dépoussiér­er et lustrer les meubles… »

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(Photos Franz Chavaroche et D.R.) Anachronis­me : au milieu des  m de l’entrepôt de la Compagnie du Midi à Saint-Laurent, les deux métiers à tisser sur lesquels est fabriquée la Nénette. « Ils n’ont pas été modifiés depuis . C’est de l’horlogerie », explique Vincent Peyrusson,...

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