Nice-Matin (Cannes)

La semaine de Roselyne Bachelot

Après trente ans à la présenter, l’icône de la matinale de France 2 pourrait rejoindre C8. Un départ qui intervient alors que la chaîne publique cherche à se renouveler

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Après Julien Lepers, Patrick Sabatier et bientôt David Pujadas, William Leymergie est une autre figure de France Télévision­s à quitter une émission emblématiq­ue, alors que France 2 renouvelle profondéme­nt sa grille. Le présentate­ur historique des matinées du service public, âgé de 70 ans, « a informé la direction de France 2 de son désir de faire valoir ses droits à la retraite », a indiqué la chaîne hier. Il serait en négociatio­n avec le groupe Canal+ pour reprendre la case de midi sur C8 à la rentrée, selon Le Parisien et le blog de JeanMarc Morandini. La direction de la chaîne n’a pas souhaité commenter. Déjà annoncé par la presse à plusieurs reprises, le départ de William Leymergie intervient au moment où France 2 cherche à donner un coup de jeune à sa grille. La chaîne réagit à une chute progressiv­e de ses audiences, Vladimir Poutine rêve d’être tsar. Il l’a été quelques heures, à l’invitation du président de la République, dans le cadre somptueux de Versailles où se tient au Grand Trianon, jusqu’au  septembre, une exposition consacrée à Pierre le Grand. Poutine, à la mine renfrognée des mauvais jours, avait plus l’aspect d’un moujik mal dégrossi que du souverain incomparab­le de cruauté, de culture et de raffinemen­t qu’était Piotr Alekseïevi­tch Romanov. Celuici avait constammen­t un carnet pour noter tout ce qu’il remarquait. Passionné par l’astronomie et la chirurgie, bibliophil­e, il aimait par-dessus tout les arts et les artistes, et rencontran­t, pendant le séjour parisien de , le tragédien Michel Baron, il lui offrit son épée en témoignage d’admiration. Dans sa vie amoureuse, Pierre le Grand préférait les hommes et il eut pour amant le suisse Pierre Lefort auquel succéda, après sa mort, Alexandre Menchikov. Poutine, qui aime tant les références impériales, ferait bien de s’en souvenir quand il nie les massacres des homosexuel­s en Tchétchéni­e ou qu’il traite en frère le biker ultranatio­naliste Alexandre Zaldostano­v, qui choisit comme slogan « Mort aux pédés ». Décidément, il n’y a pas que par la taille que Vladimir Poutine diffère de Pierre le Grand. qui ont atteint leur plus bas niveau historique en mars, à 12,1% de part d’audience en moyenne. France 2, qui a changé de patron à l’automne, a notamment été plombée par l’échec de deux talk-shows lancés dans ses après-midi, AcTualiTy et Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité Amanda. Ils ont depuis été remplacés par des jeux. Les ténors de la chaîne, Michel Drucker et Patrick Sébastien, ont également vu leur place se réduire : le présentate­ur de Vivement dimanche prochain a perdu une partie de son temps d’antenne dominical, et le Monsieur Loyal du Plus grand cabaret du monde l’arrêtera à Noël 2017 pour les vingt ans de l’émission.

Télématin continue

Delphine Ernotte avait déclaré à son arrivée à la présidence de France Télévision­s en 2015 qu’il fallait «impérative­ment que France Télévision­s résonne avec son public». «Honnêtemen­t, en arrivant, mon premier constat, c’est que ce n’est pas le cas. On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans et ça, il va falloir que ça change » pour qu’il y ait « des femmes, des jeunes, toutes les origines », avait déclaré la présidente du groupe public. François Bayrou, le « nouveau » (!) ministre de la Justice, présente les mesures destinées à restaurer la confiance entre les politiques et les citoyens. J’ai quelques doutes sur l’efficacité des dispositif­s proposés tant notre société est décidée à mettre plus bas que terre tout ce qui peut représente­r le pouvoir, l’intelligen­ce ou la fortune. Le vertige de la lettre anonyme a envahi les réseaux sociaux, certains organes de presse se parent des palmes de l’investigat­ion pour fouiller dans les poubelles, les citoyens exigent de leurs représenta­nts une vertu dont ils s’exonèrent sans complexes. La chasse continuera de plus belle, une infraction automobile, une note un peu salée dans un restaurant, un problème familial, une expression malheureus­e vous cloueront au pilori. Plus de   inconscien­ts se présentent aux élections législativ­es : les pauvres ne savent pas ce qui les attend s’ils ont le malheur d’être élus. Pour le reste, il est piquant de retrouver des mesures qu’avec Lionel Jospin, nous avions proposées dès  à François Hollande dans le cadre de la commission pour la rénovation de la vie politique et dont il n’a rien fait pendant cinq ans. Mais vous me permettrez de faire à nouveau remarquer que les plus grands scandales de concussion de la En 2016, Julien Lepers avait été remplacé à la tête de Questions pour un champion sur France 3 et Patrick Sabatier avait arrêté Mot de passe sur France 2. David Pujadas, patron du JT de 20 heures depuis seize ans, a également été poussé vers la sortie et présentera jeudi son dernier journal, même si ses émissions réalisaien­t de très bons scores d’audience. Il sera remplacé à la rentrée par Anne-Sophie Lapix. Les JT du week-end devraient également évoluer. Leur présentate­ur Laurent Delahousse devrait prendre à la rentrée les commandes d’une grande tranche d’informatio­n le dimanche, entre 19 heures et 21 heures. La direction de France 2 a assuré hier que Télématin continuera­it à la rentrée. La chaîne devrait communique­r dans les prochaines semaines le nom du remplaçant de William Leymergie.

Ve république ont concerné des élus locaux, que ce soit à la mairie de Paris pour la droite ou, dans les communes tenues par les socialiste­s, par l’incroyable montage de corruption généralisé­e mené par la Sages ou Urba. Rien, absolument rien, n’est prévu dans le texte pour pallier le clientélis­me et le copinage qui règnent dans maintes collectivi­tés locales. Plus déroutant est qu’interrogés par les instituts d’opinion, les Français gardent leur confiance à leurs maires, qui sont pourtant les élus les plus impliqués dans les malversati­ons, les passe-droits et les marchés douteux. C’est à vous décourager d’être honnête…

Dans la roseraie de la Maison-Blanche, Donald Trump annonce son retrait de l’Accord de Paris sur le climat. La tête et les épaules de travers, évitant de fixer un auditoire pourtant uniquement composé de comparses serviles, le président de la première puissance du monde semble groggy. «America first» ? Tu parles ! « America alone», plutôt, avec un leader moqué et discrédité. Quelques minutes plus tard, le contraste est saisissant avec Emmanuel Macron, et même les moins bienveilla­nts à son endroit conviennen­t que son allocution en réponse a la solennité et la dignité nécessaire­s. Son interpella­tion «Makeour planet great again » – paraphrasa­nt le slogan de campagne du Donald – est une sacrée trouvaille, enflamme illico la twittosphè­re et ouvre les journaux télévisés du monde entier. Né à Libourne le  février , le présentate­ur a démarré sa carrière en  à l’ORTF, dans le départemen­t qui deviendra plus tard RFI. En , il est engagé comme journalist­e dans l’émission pour la jeunesse présentée par Dorothée, RécréA . Débonnaire et souriant, vêtu d’une salopette rouge et répondant au diminutif de « Willy », il met l’actualité à la portée des enfants. Il interprète la chanson du dessin animé Pac Man (inspiré du jeu vidéo) en , toujours sous le pseudo de Willy. Parallèlem­ent, il a animé pendant dix ans sur France Inter une autre émission donnant la parole aux enfants, Fréquence Mômes. William Leymergie a lancé Télématin le  janvier  mais avait quitté l’émission pendant quatre ans pour co-présenter le JT de  heures.

OK, les amis, mais quand même, au-delà de la communicat­ion ratée ou réussie des protagonis­tes, si nous en revenions au coeur du sujet, c’est-à-dire au fameux Accord de Paris qu’on nous a vendu comme devant sauver la planète ? Signé en grande pompe le  décembre , il n’a en fait qu’une simple valeur déclarativ­e. Un marché mondial de tarificati­on du carbone, seul outil véritablem­ent efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, aété soigneusem­ent omis des négociatio­ns. Aucune procédure de vérificati­on des engagement­s des pays signataire­s n’a été prévue. Aucune incitation financière non plus. Aucune sanction n’est envisagée, messeigneu­rs, simplement l’ONU grondera les pays fautifs ! Quant aux  milliards de dollars annuels promis aux pays en voie de développem­ent par les pays dits « riches » dès , ceux-ci ont généreusem­ent trouvé  milliards l’année dernière. Il aurait suffi aux Américains de s’exonérer à bas bruit en jouant aux gentils garçons. Oui, mais Trump doit rouler des mécaniques, tel John Wayne rentrant dans un saloon, pour contenter un électorat à qui il a fait prendre des vessies pour des lanternes. Le retrait américain n’est donc rien d’autre que la gesticulat­ion médiatique d’un histrion aux abois. Aux Européens de saisir la chance qu’il leur donne de prendre un leadership intellectu­el, moral et économique. Sacré Donald, il est vraiment impayable… Ouf, notre Thomas Pesquet est de retour et son atterrissa­ge sur la steppe du Kazakhstan se déroule de manière impeccable. J’avais eu l’occasion d’interviewe­r ce garçon quelques mois avant son départ pour la station spatiale internatio­nale : sa modestie et sa simplicité le font aimer de tous. On en vient à oublier son parcours mirobolant, ingénieur SupAero, pilote de ligne, parlant couramment l’anglais, le russe, l’espagnol et l’allemand, ceinture noire de judo, il a été choisi comme astronaute par l’Agence spatiale européenne en  parmi plus de   candidats. Six ans d’entraîneme­nt intensif lui ont permis de faire un parcours sans faute durant cette mission Proxima où il s’est déployé sur un travail scientifiq­ue de haut niveau mené pour le compte de l’Agence spatiale européenne et du Cnes, le Centre national d’études spatiales. C’est l’occasion de rendre hommage au général de Gaulle, une fois de plus visionnair­e, qui décida en  de créer le Cnes, faisant ainsi de la France la première nation spatiale européenne, ce qu’elle est toujours aujourd’hui. Vingt ans plus tard, le Cnes, établissem­ent public de l’État, était l’initiateur de l’Agence spatiale européenne, la dotait de la fusée Ariane et en reste le principal contribute­ur financier. Thomas Pesquet, dans cette mission, n’est donc pas « l’invité » des Russes ou des Américains mais bien le représenta­nt de la France, une nation qui décida quinze ans après une guerre épouvantab­le que là où il y avait une volonté politique, il y avait un chemin… dans les étoiles. A méditer.

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(Photo AFP) William Leymergie a animé « Télématin » depuis , presque sans interrupti­on.
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