Camions tueurs
Dix jours après Manchester, le Royaume-Uni a été frappé par un troisième attentat revendiqué par Daesh en moins de trois mois. Perpétré, une fois de plus, à l’aide d’un véhicule bélier. Un Français a été tué, sept autres sont hospitalisés.
Londres à nouveau endeuillé. Frappé au coeur, moins de trois mois après l’attaque sur le Westminster Bridge, qui avait déjà fait cinq morts et 44 blessés. Et selon une méthode similaire: une attaque au camion bélier, comme à Nice (lire page cicontre), suivie d’agressions au couteau. Cette fois, le drame, perpétré par trois hommes, a fait sept morts dont un Français (lire ci-contre) et 48 blessés – 36 étaient encore hospitalisés hier soir, dont 21 dans un état critique – en plein centre de la capitale anglaise. L’attaque a éclaté samedi à 22h08 (23h08 à Paris), alors que venait de s’achever la finale de la Ligue des champions de football, qu’un public nombreux était venu regarder dans les pubs de Borough Market, quartier branché de la rive sud de la Tamise.
« Ils ont poignardé des gens au hasard »
Les assaillants ont tout d’abord foncé à bord d’une camionnette blanche dans la foule sur le London Bridge, qui relie Borough Market au quartier d’affaires de la City (voir infographie ci-dessous). «Ils ont renversé des tas de gens», a témoigné Chris, un chauffeur de taxi, à la radio LBC. «Ensuite, trois hommes en sont sortis armés de lames assez longues» et «ont poignardé des gens au hasard» dans le quartier voisin de Borough Market. Ils portaient
(1) de faux gilets explosifs pour accentuer la panique. Stations de métro et rue fermées, fêtards enfermés dans les bars et les restaurants, voitures de police passant toutes sirènes hurlantes: les quartiers visés sont passés de la fête au cauchemar en quelques minutes. Gerard Vowls, un quadragénaire venu à Borough Market pour regarder le match, témoigne avoir vu une femme poignardée à une douzaine de reprises par les trois hommes. «Elle criait: “Aidez-moi! Aidezmoi!”, mais je ne pouvais rien faire», a-t-il raconté au quotidien The Guardian, expliquant avoir tenté de jeter des chaises et des bouteilles sur les agresseurs.
« C’est pour Allah »
Malgré l’intervention rapide de la police, qui a abattu d’un tir nourri (plus de 50 balles) les trois hommes à peine huit minutes après avoir été alertée, le bilan est lourd. Et résonne d’autant plus tragiquement qu’il s’agit du troisième en moins de trois mois au Royaume-Uni, après celui du Westminster Bridge, donc, mais aussi celui de Manchester, le 22 mai dernier, qui a fait 22 morts et 116 blessés. Tous deux revendiqués par Daesh. Celui de samedi ne l’a pas été immédiatement. Mais vers 23 h 30 hier, l’organisation djihadiste a bien affirmé que l’attaque était l’oeuvre de « combattants de l’Etat islamique » .À l’issue d’une réunion de crise hier matin, la Première ministre, Theresa May, l’avait déjà lié à «l’idéologie malfaisante de l’extrémisme islamiste». Plusieurs témoins ont rapporté avoir entendu les agresseur crier «C’est pour Allah». Hier, douze personnes ont été arrêtées à Barking, une banlieue multi-ethnique de l’est de la capitale britannique, où plusieurs perquisitions ont eu lieu. Un photographe de l’AFP a pu voir sur place les forces de l’ordre emmenant dans un fourgon quatre femmes qui se couvraient le visage à l’aide de leur foulard.