Nice-Matin (Cannes)

LE CANNET-ROCHEVILLE Bonnard et Vuillard : les jumeaux Nabis en exposition Qu’est ce qu’un Nabi ?

- ISABELLE VARITTO

L’exposition en cours au musée Bonnard jusqu’au 17 septembre 2017, Bonnard/Vuillard, la collection Zeïneb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, s’inscrit idéalement dans les célébratio­ns des 150 ans de la naissance de Pierre Bonnard. Elle dévoile, en effet, une collection privée forgée avec passion par ce couple de philanthro­pe qu’étaient Zeïneb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, et acquise par donation en 2016 par le musée d’Orsay. L’ensemble met en exergue la complicité artistique de Bonnard et Vuillard, pendant leur jeunesse Nabie (lire ci-contre) à travers une cinquantai­ne de peintures, auxquelles s’ajoutent quelques dessins et pastels.

Des oeuvres jamais vues

Certaines de ces oeuvres n’avaient jamais été exposées avant que le musée d’Orsay ne les présentent au public il y a quelques mois, et c’est un privilège pour le musée Bonnard de relayer cet événement. Cela, en vertu du partenaria­t qui lie les deux établissem­ents culturels, et qui a été réaffirmé par la nouvelle présidente du musée d’Orsay, Laurence des Cars, lors de l’inaugurati­on au Cannet, le 13 mai dernier. Le parti pris du conservate­ur en chef, Véronique Serrano, pour conter cette nouvelle histoire, est de nous faire cheminer à travers les décors dans lesquels les oeuvres s’inscrivaie­nt, au domicile des collection­neurs.

Étroite complicité artistique

Bonnard et Vuillard ont vécu une complicité artistique étroite pendant ces années intensémen­t stimulante­s de la fin du XIXe et début du XXe. À tel point qu’il est bien difficile, parfois, de distinguer qui des deux est l’auteur d’un tableau à moins de lire l’étiquette. Les thèmes qui les passionnen­t sont les mêmes, comme le montre le niveau 5 de l’exposition, intitulé Une complicité artistique : les scènes de rues, la vie parisienne, l’accélérati­on et le mouvement que crée l’essor de la modernité. La façon de les décrire, qui gomme les détails et les perspectiv­es, est aussi similaire. Le poétique Chevaux et Filles au bois (vers 1894-1995), de Pierre Bonnard, et le Jardin des Tuileries de Vuillard, en sont des exemples.

Présences féminines

Tous deux encore, se servent du fond de leurs toiles pour créer des atmosphère­s. C’est le cas, de la muse Misia, au Nonchaloir (1901), en prise au désespoir d’une séparation, peinte par Vuillard, que l’on peut voir au niveau 4, intitulé Présences Féminines. Dans Nu au gant bleu (1916) et Nu au Tub (1918), c’est Marthe, sa compagne, que Bonnard choisi pour modèle. Déjà, on remarque qu’il évolue vers la maturité de « Nabi veut dire prophète en hébreu. C’est une boutade des jeunes artistes de l’époque pour signifier qu’ils étaient à la recherche d’un art nouveau. La peinture devait pour eux envahir la vie quotidienn­e, raison pour laquelle ils utilisèren­t des paravents comme supports, et la lithograph­ie, technique permettant de reproduire une oeuvre. Ils désiraient aussi que le sentiment artistique et culturel se développe et se diffuse dans la population. Ce mouvement artistique, inspiré par Gauguin, arrive après l’Impression­nisme et avant le Fauvisme », détaille Véronique Serrano, conservate­ur en chef du musée Bonnard.

son art. Enfin, au 3e niveau, Décors & Paysages, on découvre le magnifique projet de Vuillard, pour un salon de thé rue Caumartin, Le Grand Teddy (1917), au décor japonisant, beaucoup plus beau que l’oeuvre finale.

 ??  ?? L’exposition nous transporte dans l’hôtel particulie­r des collection­neurs qui vivaient au milieu des oeuvres de Bonnard et Vuillard. (Photo et repro DR) Pierre Bonnard, Nu accroupi au tub, , huile sur toile, musée d’Orsay.
L’exposition nous transporte dans l’hôtel particulie­r des collection­neurs qui vivaient au milieu des oeuvres de Bonnard et Vuillard. (Photo et repro DR) Pierre Bonnard, Nu accroupi au tub, , huile sur toile, musée d’Orsay.

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