RUGBY Frustrante sortie en catimini
Pour leur dernier match avec le RCT, Juanne Smith, Drew Mitchell et n’ont jamais pu inverser la tendance face à la hargne des Clermontois Matt Giteau
Ils n’en ont pas trop parlé avant la finale. Histoire de ne pas sortir de leur préparation. De ne pas se tromper d’objectif. Mais les Toulonnais y ont forcément pensé. Trois des leurs ont vécu, hier soir, leur dernier match sous le maillot frappé du brin de muguet.
Pas une partie de plaisir
Et pas n’importe qui ! Drew Mitchel, d’abord, le héros de Cardiff, auteur d’un essai magique face à… Clermont, qui a offert au RCT un triplé européen. Juanne Smith, ensuite, le solide et si précieux deuxième ligne sud-africain. Matt Giteau, enfin, le petit génie australien, le meneur d’hommes, adulé par les supporters, écouté et respecté par ses partenaires, qui a accepté avec un peu de stress mais beaucoup d’envie de guider un groupe alors à la dérive. Bref. Même pour des gaillards rodés à l’exercice, capables de mettre leurs émotions de côté et prêts à partir à la « guerre », cette finale avait forcément quelque chose de particulier. En premier lieu pour les trois intéressés. Qui n’ont pas vraiment vécu, dans l’atmosphère printanière du Stade de France, une franche partie de plaisir… Titulaire, Juanne Smith n’a pas déjoué. Ni bronché, quand il a fallu bosser dans l’ombre. Pousser, s’acharner, ne jamais baisser la tête. Et repartir au combat, même quand son pack souffrait en mêlée. Et même s’il a capté quelques bons ballons dans les airs, le massif Sud-Africain, remplacé par Gorgodze (64e), n’a pas pu inverser la tendance.
Impuissants
Lorsqu’il a quitté le terrain, Drew Mitchell, sorti quatre minutes plus tôt, l’a serré dans ses bras. Chaleureusement. Lui a donné une petite tape dans le dos. Sincère. Sur son aile, l’Australien a été très peu sollicité. Mais il a paru fatigué, dévissant et trouvant de toutes petites touches sur les trois ballons qu’il a eus à négocier. Quant à Matt Giteau, qui a pris la place d’Anthony Belleau à l’ouverture, exactement quand son compatriote et grand pote sortait, il n’a pu que constater. Quoi ? Que Clermont, après avoir montré quelques signes de fébrilité, tenait le choc, sous les hurlements de son impressionnante « Yellow army ». Le petit lutin du peuple de Besagne a regardé les Auvergnats tomber à la renverse, ivres de joie, sur une dernière faute toulonnaise. Impuissant. C’est donc ainsi que se referme le livre rouge et noir pour Matt, Drew et Juanne. Sur un goût d’inachevé, sûrement. Frustrante sortie, que tout un peuple aurait souhaitée tellement plus belle, histoire de rendre hommage comme il se doit à trois garçons qui n’ont jamais très bien parlé français, mais ont très vite assimilé le toulonnais. Eux qui ont tant gagné quitteront donc la rade sur une défaite. Mais personne ne leur en voudra, tant les images de leurs exploits passés ne peuvent s’effacer. Alors bon vent, les gars. Et merci quand même…