Une foire d’empoigne généralisée
Au train où vont les affaires, il est probable qu’on restaurera Notre-Dame avant l’intégrité. Car, dans l’affolement provoqué par la coïncidence entre une loi pétrie de bons sentiments et une actualité toujours aussi sordide, on est passé de la moralisation qui ne concernait que les politiques à la confiance qui ne dépend que des citoyens. Or, l’argent honnête n’existe pas puisque celui dont on dispose est toujours pris dans la poche d’autrui. D’abord, les commerçants et les industriels sont autorisés à facturer des biens ou des produits jusqu’à trois ou quatre fois plus cher qu’ils ne leur ont coûté. Ensuite, les prestataires de services qui s’honoreraient en sacrifiant au bénévolat lorsqu’il s’agit de personnes âgées ou impécunieuses s’obstinent à se faire rétribuer. Enfin, les professions libérales exercées au terme de longues études souvent prises en charge par la collectivité ne donnent lieu après diplôme à aucune restitution. Au contraire, puisqu’il est admis que plus on est intelligent et cultivé, plus on peut rançonner des contemporains n’ayant d’autres connaissances que celles que, dans le plus amoureux des cas, ils finissent par épouser. Le pire abus est commis par des gens qui se disent banquiers et qui avancent aux pauvres une petite partie des fonds dont ils ont besoin en exigeant qu’ils leur remboursent davantage que ce qu’ils leur ont prêté.