Deezer fête ses dix ans de Midem
La plateforme française de musique en streaming sur Internet négocie avec les maisons de disques un nouveau mode de répartition des revenus, plus favorable aux artistes
Champagne! Deezer fête ses dix ans d’existence au Midem qui s’est ouvert, hier, à Cannes. On l’oublie souvent, mais la plateforme de streaming française fut la première à se lancer en 2007, précédant de quelques mois Spotify (et de quelques années Apple Music). Avec douze millions d’abonnés actifs, Deezer est toujours largement leader en France (40 % de parts de marché), grâce notamment à ses partenariats avec Orange et plus récemment avec la Fnac. Mais elle ne pointe qu’en troisième position sur le marché mondial de la musique en ligne. Loin derrière le géant Spotify (60 millions d’abonnés) et Apple Music (20 millions d’abonnés). « Nous avons probablement raté notre implantation aux États-Unis, en privilégiant un développement mondial quand notre concurrent concentrait tous ses efforts sur le seul marché américain, avoue son jeune P.-d.g. pour la France Alexis de Gemini. Force est de reconnaître que les USA restent le marché n°1 à conquérir. »
Gagner des abonnés
Sa position de challenger oblige Deezer à trouver des voies originales pour gagner des abonnés. Et de ce côtélà, la plateforme française ne manque pas d’idées. Alexis de Gemini défend le modèle d’une plateforme pas seulement musicale, mais ouverte à d’autres contenus audio, comme les podcasts, les radios, les livres audio et les magazines audio : « Nous voulons devenir une plateforme de divertissements audio », affirme le P.-d,g. Cela passe par la création de contenus originaux. Deezer a ainsi lancé des documentaires audio, un talkshow politique et une chronique humoristique de Thomas VDB. L’autre engagement fort de Deezer, c’est la promotion de la musique locale des pays où elle est implantée. Alors que la concurrence privilégie un catalogue essentiellement anglo-américain, Deezer accueille un maximum de productions locales. Ce qui lui permet de revendiquer, au passage, le catalogue le plus riche avec quarante-trois millions de titres en ligne.
Une rémunération plus équitable
Pour ses dix ans, la plateforme a fait l’actualité, hier au Midem, en annonçant qu’elle négociait avec les majors un nouveau mode de répartition des revenus du streaming, plus favorable aux artistes. « La rémunération actuelle se fait au nombre d’écoutes par chanson, résume Alexis de Gemini. Cela privilégie les musiques urbaines que leurs fans écoutent souvent en boucle. Quelques titres phagocytent ainsi la majorité des revenus. Ce qui a l’effet pervers de pousser les producteurs à privilégier ce genre de musique et défavorise les artistes, même majeurs, dont les albums sont écoutés en entier ». Deezer propose donc de rémunérer les artistes que l’abonné écoute et non les chansons. « Aujourd’hui, vos 10 € d’abonnement servent essentiellement à payer des artistes que vous n’écoutez pas forcément, conclut le P.d.g. Demain, vous saurez que votre argent va à vos artistes préférés. » Pour mémoire, Deezer a reversé l’an dernier 80 millions d’euros de royalties aux maisons de disques.