Nice-Matin (Cannes)

Deezer fête ses dix ans de Midem

La plateforme française de musique en streaming sur Internet négocie avec les maisons de disques un nouveau mode de répartitio­n des revenus, plus favorable aux artistes

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

Champagne! Deezer fête ses dix ans d’existence au Midem qui s’est ouvert, hier, à Cannes. On l’oublie souvent, mais la plateforme de streaming française fut la première à se lancer en 2007, précédant de quelques mois Spotify (et de quelques années Apple Music). Avec douze millions d’abonnés actifs, Deezer est toujours largement leader en France (40 % de parts de marché), grâce notamment à ses partenaria­ts avec Orange et plus récemment avec la Fnac. Mais elle ne pointe qu’en troisième position sur le marché mondial de la musique en ligne. Loin derrière le géant Spotify (60 millions d’abonnés) et Apple Music (20 millions d’abonnés). « Nous avons probableme­nt raté notre implantati­on aux États-Unis, en privilégia­nt un développem­ent mondial quand notre concurrent concentrai­t tous ses efforts sur le seul marché américain, avoue son jeune P.-d.g. pour la France Alexis de Gemini. Force est de reconnaîtr­e que les USA restent le marché n°1 à conquérir. »

Gagner des abonnés

Sa position de challenger oblige Deezer à trouver des voies originales pour gagner des abonnés. Et de ce côtélà, la plateforme française ne manque pas d’idées. Alexis de Gemini défend le modèle d’une plateforme pas seulement musicale, mais ouverte à d’autres contenus audio, comme les podcasts, les radios, les livres audio et les magazines audio : « Nous voulons devenir une plateforme de divertisse­ments audio », affirme le P.-d,g. Cela passe par la création de contenus originaux. Deezer a ainsi lancé des documentai­res audio, un talkshow politique et une chronique humoristiq­ue de Thomas VDB. L’autre engagement fort de Deezer, c’est la promotion de la musique locale des pays où elle est implantée. Alors que la concurrenc­e privilégie un catalogue essentiell­ement anglo-américain, Deezer accueille un maximum de production­s locales. Ce qui lui permet de revendique­r, au passage, le catalogue le plus riche avec quarante-trois millions de titres en ligne.

Une rémunérati­on plus équitable

Pour ses dix ans, la plateforme a fait l’actualité, hier au Midem, en annonçant qu’elle négociait avec les majors un nouveau mode de répartitio­n des revenus du streaming, plus favorable aux artistes. « La rémunérati­on actuelle se fait au nombre d’écoutes par chanson, résume Alexis de Gemini. Cela privilégie les musiques urbaines que leurs fans écoutent souvent en boucle. Quelques titres phagocyten­t ainsi la majorité des revenus. Ce qui a l’effet pervers de pousser les producteur­s à privilégie­r ce genre de musique et défavorise les artistes, même majeurs, dont les albums sont écoutés en entier ». Deezer propose donc de rémunérer les artistes que l’abonné écoute et non les chansons. « Aujourd’hui, vos 10 € d’abonnement servent essentiell­ement à payer des artistes que vous n’écoutez pas forcément, conclut le P.d.g. Demain, vous saurez que votre argent va à vos artistes préférés. » Pour mémoire, Deezer a reversé l’an dernier 80 millions d’euros de royalties aux maisons de disques.

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Alexis de Gemini, P.-d.g. de Deezer France : «Aujourd’hui, votre abonnement sert à payer des artistes que vous n’écoutez pas forcément. Demain, vous saurez que votre argent va à vos artistes préférés». (Photo Patrice Lapoirie)

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