Migrants : un troisième convoi est entré en gare
Partis hier, à 8 h 50, de Breil-sur-Roya, 81 migrants et des associatifs se sont rendus à la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile, avenue Grosso, afin d’y déposer un dossier
Certains ont encore les yeux collés par la fatigue lorsqu’ils embarquent à bord du train en gare de Breil-sur-Roya. Hier matin, 81 migrants ont pris la direction de Nice, afin de déposer une pré-demande d’asile auprès de la plateforme dédiée, avenue Grosso. Accompagnés par quelques militants associatifs, ils ont voyagé sans incident. C’est le troisième convoi du même type en peu de temps. « Je constate ce nouveau coup de force inadmissible de Cédric Herrou» , s’insurge Olivier Bettati sur le quai de la gare, l’air médusé, alors que le train s’apprête à partir. Pour le candidat Front national (FN) aux élections législatives, l’agriculteur de la vallée de la Roya, « est un passeur qui aide des clandestins à se rendre sur le territoire national ». Dans le train, l’incriminé se défend. « Le discours du FN, c’est de fermer les frontières et refuser les demandes d’asile. C’est cette politique migratoire, coûteuse et inefficace, qui crée des gens en situation irrégulière. Ce n’est pas normal que les seuls qui aient accès au droit d’asile sont ceux qui passent par chez moi », regrette amèrement le producteur de tapenade, devenu symbole de l’hospitalité envers les migrants dans la vallée de la Roya. Dans un communiqué, Eric Ciotti a souhaité « dénoncer l’attitude totalement irresponsable du gouvernement qui laisse s’installer un climat de défiance dangereux pour l’autorité de l’État ». Quelques minutes après leur arrivée, un point presse est organisé par plusieurs associations sur le parvis de la gare Thiers. Face aux micros des journalistes, leurs représentants tentent d’interpeller le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sur « l’absence de centre d’accueil et d’orientation dans les Alpes-Maritimes » ainsi que sur la « nécessité de nommer un médiateur neutre permettant d’instaurer une concertation globale sur la gestion de la crise migratoire » [lire ci-dessous].
Pique-nique, paperasse
Escortés par la police, militants et migrants se rendent au parc d’Estienne-d’Orves afin de se restaurer autour d’un pique-nique et d’entamer les premières formalités administratives. « On remplit un document qui va faciliter le travail de la plateforme d’accueil », précise Marie Mazzucco, membre de Roya citoyenne. Par groupe de vingt personnes, les migrants déposent leur pré-demande d’asile auprès de la plateforme d’accueil. Treize d’entre eux ont obtenu rendez-vous avec la préfecture aujourd’hui. Le temps que leur demande d’asile soit traitée, tous seront hébergés par des militants.