Pluie de billets à Cannes: il rapporte l’argent au commissariat Dix-huit mois ferme à un passeur pakistanais
C’est une pluie de billets qui est tombée sur le boulevard de la République, à Cannes, dimanche en fin de journée… Cet après-midi-là, un employé du snack le Trendy Food, situé au n° 97 de l’artère, sort des cartons qu’il va jeter dans des poubelles voisines. Au même moment, dans un immeuble quelques étages plus haut, une femme hurle… et jette des objets par la fenêtre. « Des livres, des effets personnels », retrace Yohan Younes Bony, gérant du Trendy Food. Quelques minutes plus tard, c’est une pluie de billets de banque qui jaillit de la terrasse.
« Je n’allais pas profiter de la situation »
« Ça a créé un petit attroupement. Des gens se sont arrêtés pour récupérer l’argent avant de déguerpir. » L’employé de Yohan Younes ramasse trois grosses coupures : un billet de 500 €, et deux autres de 200 €, qu’il remet à son patron. Un “cadeau du ciel” de 900 €, que le gérant décide d’apporter au commissariat. « Ça ne m’a même pas traversé l’esprit de les garder ! Une personne sensée ne jette pas d’argent par la fenêtre, cette dame avait l’air perturbée. Je n’allais pas profiter de la situation… J’aurai eu du mal à me regarder dans la glace », commente ce Cannois d’adoption originaire de Lyon, qui a ouvert son établissement en janvier 2016. Un geste honorable plutôt rare… « Je peux vous dire que si cela m’était arrivé, je ne serais pas là à attendre le client aujourd’hui », soupirait un peu plus loin l’employé d’un restaurant voisin en pianotant sur son smartphone. La femme aurait au total jeté entre 5000 et 9000 euros par la fenêtre. Seul Yohan Younes et son employé se sont, à l’heure actuelle, présentés pour rendre l’argent trouvé. Une somme qui a été placée en lieu sûr en attendant d’être remise à ses propriétaires. S. N. Un ressortissant pakistanais de 37 ans, sans profession, a été arrêté à la frontière franco-italienne ce week-end. Il a été condamné hier soir par le tribunal correctionnel de Nice à dix-huit mois de prison ferme et trois ans d’interdiction du territoire français. Son véhicule a été confisqué. Il est soupçonné d’avoir, à La Turbie, samedi dernier, facilité l’entrée de compatriotes sur le territoire français.
Le parfait profil du passeur recruté
Des policiers, postés sur l’autoroute dans le sens Italie-France, l’ont contrôlé au volant d’un monospace Citroën. L’individu, domicilié en Espagne, transportait cinq autres Pakistanais dépourvus de documents administratifs. Il avait sur lui 260 euros. Le véhicule aurait été acheté en mai à Bonn en Allemagne. Le prévenu prétend s’être rendu d’Espagne en Allemagne par avion uniquement dans le but d’acheter ce fourgon hors d’âge. L’homme a le parfait profil du passeur recruté par un réseau qui exploite les migrants. Il aurait pris en charge ses compatriotes à la gare de Milan.
«Escroc de l’espoir»
Jugé hier en comparution immédiate, défendu par Me Zoleko, le présumé passeur a du mal à convaincre le tribunal correctionnel du bien-fondé de son périple. En garde à vue, il a admis avoir demandé 400 euros par personne pour les transporter de Milan à Barcelone. « Ce Monsieur fait partie des escrocs de l’espoir, dénonce le ministère public, par la voix de Thibault Rossignol. Le trafic d’êtres humains, troisième source d’enrichissement illégal, génère 6 milliards de dollars par an en Europe », rappelle le magistrat qui pointe les explications confuses du prévenu. La peine maximale encourue est de cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Le parquet requiert deux ans d’emprisonnement. « Si je m’étais enrichi, je n’aurais pas de problème avec mon dentier », se défend le prévenu !