Nice-Matin (Cannes)

Le Code du travail à la sauce Macron

Le document dévoilé, hier, par le gouverneme­nt se contente de donner les axes de réformes. Cinq petites pages pour éviter un 3e tour social ? 28

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Rénover le modèle social français » est «indispensa­ble et urgent », a justifié le Premier ministre Edouard Philippe, mardi 6 juin. Il présentait, avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, «le programme de travail » de réformes sociales des dix-huit premiers mois du quinquenna­t d’Emmanuel Macron, un véritable condensé présenté sur cinq pages ! Avant cela, un projet de loi autorisant le gouverneme­nt à recourir aux ordonnance­s pour réformer le Code du travail sera examiné en Conseil des ministres le 28 juin.

Les grands axes du projet

L’idée de la réforme « tient en une phrase, en une ligne : réformer le droit du travail pour qu’il réponde aux besoins des entreprise­s et aux attentes des salariés », a résumé Muriel Pénicaud. Le « programme de travail » présenté, hier, fixe un cadre à la réforme voulue par le gouverneme­nt plus qu’il n’en donne les pistes. Ainsi, les négociatio­ns avec les partenaire­s sociaux doivent porter sur trois thèmes principaux.

" Une « nouvelle articulati­on de l’accord d’entreprise et de l’accord de branche ». Autrement dit, il s’agit d’encourager la négociatio­n à l’intérieur des entreprise­s. « Ce n’est pas un projet antibranch­e », assure la ministre du Travail. La réforme tendra, selon elle, à «aller vers une logique plus contractue­lle, qui fait confiance aux acteurs».

" La « simplifica­tion et le renforceme­nt du dialogue économique et social ». Muriel Pénicaud a défendu la fusion d’«au moins trois» des quatre instances de représenta­tion des salariés (CE, CHSCT, délégués du personnel et délégués syndicaux).

" La « sécurisati­on des relations de travail ». Pour la ministre du Travail, « il n’est pas sain, il n’est pas normal, il n’est pas juste qu’un même fait [pour] quelqu’un qui a la même ancienneté, et qui a le même poste, puisse donner lieu à des dommages-intérêts allant du simple au triple ». C’est pour cette raison que le gouverneme­nt défend la « barémisati­on des dommages-ntérêts », attribués par les prud’hommes, en cas de licencieme­nt abusif.

Prud’hommes : la CFDT en « désaccord »

« Il y a un certain nombre de points qui manquent », a analysé, hier sur RTL, Laurent Berger, patron de la CFDT, citant « la sécurisati­on des parcours profession­nels » , le « fait de nourrir davantage le compte personnel d’activité (CPA) de droits nouveaux pour les travailleu­rs » ou « d’aider davantage les chômeurs exclus de l’emploi à retrouver un travail ». M. Berger a aussi répété son « désaccord » avec le plafonneme­nt des indemnités prud’homales en cas de licencieme­nt abusif, jugeant qu’il est « normal qu’il y ait une réparation intégrale du préjudice subi » par le salarié. Mais sa centrale va « regarder avec d’autres organisati­ons syndicales comment faire en sorte de peser ensemble pour que le niveau du plafond soit le plus élevé possible, pour que des salariés qui seraient licenciés parce qu’ils auraient subi un harcèlemen­t moral ou sexuel par exemple, évidemment, ne se voient pas appliquer le plafond», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, la CFDT « sera extrêmemen­t vigilante » sur le rôle de la branche, «qui devra être renforcé notamment sur les questions liées à la qualité de l’emploi », et sur « la place et les moyens des représenta­nts du personnel ». Pour le syndicat, « les flexibilit­és que le texte propose d’apporter aux entreprise­s ne doivent pas se traduire par une fragilisat­ion des salariés ». « Dans un monde économique en mutation, toute réforme sociale doit être équitable, équilibrée et protectric­e des salariés et travailleu­rs », a insisté la centrale.

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