Le Président au travail
« Nous entrons dans un grand chantier social dont on n’imagine aisément qu’il ne va guère plaire au monde syndical. »
La révolution macronienne est bel et bien en marche. Elle a débuté, hier, avec le plan du gouvernement pour réformer en trois temps notre système social : le Code du travail, l’assurance chômage, le régime des retraites. Les deux prédécesseurs d’Emmanuel Macron avaient ouvert leur mandat par des réformes fiscales pour tenter, sans grand succès, de redresser les comptes publics ou de donner plus de marges de manoeuvre aux entreprises. Le nouveau chef de l’Etat s’empare à bras le corps de la question de l’emploi. Sans doute a-t-il compris que son succès tenait à l’échec depuis plus de trente ans de tous les gouvernants face à ce mal qui ronge toute la société française. La stratégie du chef de l’Etat est claire : ne pas perdre du temps pour obtenir le plus vite possible des résultats et démontrer l’efficacité de ses choix. L’audace est incontestable car les pistes ouvertes hier par le gouvernement vont provoquer bien des débats. Certes, une période de concertation
avec les partenaires sociaux s’ouvre mais le calendrier est fixé : fin septembre les ordonnances seront bouclées et la réforme du Code du travail très vite mise en place. La suppression des cotisations salariales pour l’assurance maladie et l’assurance chômage suivra : dès le er janvier , cette réforme sera réalisée, compensée par une hausse de la CSG dont plusieurs millions de retraités feront les frais. Enfin, la rénovation du régime des retraites sera bouclée dans la foulée. Bref, nous entrons dans un grand chantier social dont on n’imagine aisément qu’il ne va guère plaire au monde syndical, à commencer par la refonte du droit du travail placé désormais sous le signe de la souplesse avec, notamment, une nouvelle articulation des accords de branche et d’entreprise, la possibilité pour le chef d’entreprise de déclencher des référendums auprès de ses salariés, le plafonnement des dommages-intérêts aux prud’hommes. De quoi débattre avec les syndicats certes mais aussi les enrager si la concertation ne change rien de fondamental au projet. C’est, d’ailleurs, le plus probable car Emmanuel Macron entend surfer sur sa légitimité électorale. Son timing relève d’une tactique très calculée. Les syndicats ne peuvent se mettre en branle avant les législatives voire la fin de la concertation prévue pour le début septembre après un programme de six rencontres avec chaque syndicat. Par ailleurs, ces réformes d’inspiration libérale ne peuvent guère être contestées par Les Républicains et l’UDI sauf à ce qu’ils se contredisent. La gauche étant K.-O., Emmanuel Macron tente ainsi de séduire une partie de l’électorat de droite pour conforter sa majorité à l’Assemblée. Il agit à la fois en stratège et en tacticien qui se donne du temps. Le vrai rendez-vous sera sur les résultats. En cours donc de quinquennat.