Dddddd L’habit ne fait pas le moine
De Sherif El Bendary (Égypte). Avec Ali Sobhy, Ahmed Magdy, Salwa Mohamed Ali. Durée : h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★ Ali (Ali Sobhy) voue un amour inconditionnel à Nada, sa chèvre. Sa mère ne le comprend pas et décide de l’envoyer chez un guérisseur. Il y rencontre Ibrahim (Ahmed Magdy), un ingénieur du son qui souffre d’acouphènes. Ali, Nada et Ibrahim entreprennent un voyage thérapeutique qui les conduira d’Alexandrie au Sinaï et qui bouleversera leur vie… Pour son premier longmétrage, l’Égyptien Sherif El Bendary signe un road buddy movie plein de tendresse et d’humour, qui est aussi un manifeste sur l’état de la société égyp-tienne et de la ville du Caire, plus que jamais oppressante depuis la révolution de : « Le Caire est une ville qui avale ses habitants, explique le réalisateur. Ali et Ibrahim sont le produit de la folie de cette ville ». De Doug Liman (ÉtatsUnis). Avec Aaron TaylorJohnson, John Cena, Laith Nakli. Durée : h . Genre : film de guerre. Notre avis : ★★★★ Deux soldats américains (Aaron Taylor-Johnson et John Cena) sont la cible d’un tireur d’élite irakien. Seul un pan de mur en ruine les protège encore d’une mort certaine. Au-delà d’une lutte pour la survie, c’est une guerre de volontés qui se joue, faite de tactique, d’intelligence et d’aptitude à atteindre l’ennemi par tous les moyens… Entre deux grosses productions menées par Tom Cruise ou Brad Pitt, il est salvateur de voir Doug Liman s’adonner à un film plus psychologique. Haletant de bout en bout, son film de guerre minimaliste : deux acteurs et une menace invisible, fantomatique, est un exercice de style brut. Toute l’intelligence du scénario est d’immobiliser le soldat américain derrière un mur. Ce mur qu’il était venu à l’origine détruire mais qui De Barbet Schroeder (France, Suisse). Durée : h . Genre : documentaire. Notre avis : En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au coeur du racisme quotidien, et observer comment l’islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population a adopté le bouddhisme, religion fondée sur un mode de vie pacifique et tolérant. devient, par la force des cho- ses, sa seule protection face Barbet Schroeder a de la suite dans les idées et son dernier volet de La Trilogie du Mal – projet qu’il avait entamé en 1974 en filmant le dictateur ougandais, le Général Idi Amin Dada, et poursuivi en 2007 avec le portrait sans concession à la précision chirurgicale du sniper ennemi. Un Irakien de l’avocat Gilles Vergès – l’illustre parfaitement. Cette fois, il interroge donc la figure du Vénérable W, un moine bouddhiste… extrémiste, dont l’apparente sagesse dissimule une haine féroce du musulman, cet étranger qu’il faut selon lui combattre pour éviter que l’on ne verra pas mais entendra beaucoup par l’intermédiaire de la radio. La discussion entre les deux hommes, alors que la guerre vient de se terminer, est intense et brille par sa complexité. La peur de la mort, les regrets, l’impression d’avoir trahi les siens… Souvent seul à l’écran, Aaron Taylor-Johnson étale une large palette d’émotions. Performance à la hauteur du filmage assuré par le réalisateur de La Mémoire dans la peau. Sans effet ou esbroufe, il reste proche de l’humain et délivre une sorte de huis clos à ciel ouvert où le soleil cogne et les balles atteignent toujours leur cible. L’art de viser juste et bien. C. C. à la Birmanie d’être envahie. Fidèle à son concept de laisser s’exprimer la victime et de laisser le spectateur se faire sa propre opinion à l’écoute des propos, le réalisateur suisse de Kiss Of Death choisit le bon angle. Peu à peu, l’apparent pacifiste s’impose comme un être démoniaque. Le procédé trouble, dérange, détruit – comme souvent chez Schroeder – toute pensée manichéenne. La confrontation du discours du non vénérable à des faits, des études et des interviews de scientifiques dévoile le gouffre entre l’harmonie soi-disant défendue et les véritables motivations du bonhomme. Au final, l’animal est pris à son propre piège et s’autodévore sans s’en rendre compte. À noter que certains passages, tels des exécutions filmées puis montées par l’équipe du W à des fins de propagande, donnent froid dans le dos… C. C.