Nice-Matin (Cannes)

Cancer de la prostate: une avancée majeure

Depuis cette semaine, les patients azuréens atteints des formes les plus graves peuvent bénéficier d’un progrès thérapeuti­que présenté à Chicago

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Une véritable aubaine pour les malades. » C’est ainsi que le Dr Matthieu Durand, chirurgien urologue au CHU de Nice, résume l’avancée dans le cancer de la prostate présentée cette semaine lors du congrès de l’American Society of Clinical Oncology (Asco), à Chicago, grand-messe annuelle de l’oncologie. « Tous les patients ne sont pas concernés par cette avancée», précise aussitôt le spécialist­e. Et l’on serait tenté d’ajouter « heureuseme­nt », puisqu’il s’agit des cas les plus sévères, minoritair­es. «Parmi les 55000 nouveaux cas de cancers de la prostate diagnostiq­ués chaque année en France, 6% sont d’emblée métastatiq­ues et à haut risque. Cette avancée bénéficier­a à ces patients », complète le Pr Jean-Marc Ferrero, oncologue au centre anticancér­eux Antoine-Lacassagne (CAL).

Dès la prise en charge

Jusqu’à présent, ces hommes se voyaient proposer une « simple » hormonothé­rapie destinée à bloquer la sécrétion de testostéro­ne (en cause dans le développem­ent du cancer), par les testicules. Une « castration chimique » efficace chez une majorité de patients, mais des rechutes fréquentes au bout de quelques mois à plusieurs années. «Les patients qui “échappent” bénéficien­t depuis 2 à 3 ans d’une nouvelle hormonothé­rapie dite de seconde génération, l’abiratéron­e [Zytiga, des laboratoir­es Janssen, Ndlr]. » Avec des résultats plutôt encouragea­nts. Mais les laboratoir­es ont voulu aller encore plus loin, en évaluant les effets de cette molécule prescrite, non plus en deuxième intention, mais d’emblée. Un essai en double aveugle, baptisé Latitude, a ainsi été mené dans 34 pays sur 1200 personnes, de février 2013 à décembre 2014. « On a associé, dès la prise en charge du cancer, le traitement classique et cette molécule antihormon­ale, l’abiratéron­e.» Et après deux ans et demi de suivi, les résultats sont tout simplement spectacula­ires: « La survie sans rechute est augmentée de 38 % ! »

Sans attendre

Le sérieux de l’étude, la force des observatio­ns, les enjeux, autorisent les spécialist­es français à aller très vite. « L’abiratéron­e est déjà sur le marché, on sait l’utiliser, on va la prescrire dès demain à nos patients présentant un cancer de la prostate métastatiq­ue à haut risque », affirme le Pr Ferrero. Un espoir nouveau et considérab­le pour ces malades au pronostic encore assez sombre. Et peut-être à moyen terme pour beaucoup d’autres patients. « Un autre essai clinique présenté à l’Asco a mis en évidence des effets également intéressan­ts de l’abiratéron­e sur les cancers qui n’ont pas fait de métastases, mais qui sont à haut risque. Il ne permet pas, à ce stade, d’élargir les indication­s à ces formes de cancer, mais il est probable qu’à terme, ce sera le cas. » De bonnes nouvelles, comme on aimerait en entendre plus souvent.

 ??  ?? La prostate est une petite glande, de la taille d’une châtaigne située au carrefour urinaire et génital.  % des cancers de la prostate se développen­t à partir des cellules qui constituen­t le tissu de revêtement de la prostate (cellules épithélial­es)....
La prostate est une petite glande, de la taille d’une châtaigne située au carrefour urinaire et génital.  % des cancers de la prostate se développen­t à partir des cellules qui constituen­t le tissu de revêtement de la prostate (cellules épithélial­es)....

Newspapers in French

Newspapers from France