Nice-Matin (Cannes)

La vitrificat­ion ovocytaire, un moyen de préserver la fertilité

Les profession­nels participan­t du congrès Gyn Monaco ont évoqué la thématique de la congélatio­n des ovocytes, dont les résultats sont les meilleurs avant l’âge de 37 ans

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

La fertilité chez la femme baisse progressiv­ement, surtout lorsque se rapproche la quarantain­e. C’est un fait. Une donnée que celles qui envisagent d’avoir un enfant doivent garder en tête. Sauf qu’à 35 ans, les femmes ne sont pas toujours prêtes à accueillir un bébé parce qu’elles se consacrent à leur vie profession­nelle, parce qu’elles n’ont pas trouvé le compagnon idéal... tout simplement pour des raisons personnell­es. Parfois, la mise entre parenthèse­s d’un projet parental est commandée par des impératifs de santé. Mais il existe des techniques de préservati­on de la fertilité: notamment la vitrificat­ion ovocytaire. Un moyen de limiter les effets du temps sur la fertilité. Cette possibilit­é est étroitemen­t encadrée en France. Elle s’adresse essentiell­ement aux femmes connaissan­t des problèmes de santé compromett­ant leurs chances d’avoir un enfant (cancer, ablation programmée des ovaires, etc.). Nombreuses sont les Françaises qui franchisse­nt la frontière pour se rendre en Espagne afin de faire prélever et conserver leurs ovocytes pour éviter les effets délétères du temps sur les gamètes féminins. Le Dr André Guérin, gynécologu­e spécialist­e de la médecine de reproducti­on chef du départemen­t francophon­e d’IVI un groupe de cliniques espagnol, reçoit chaque semaine des femmes désireuses de faire vitrifier leurs ovocytes. Il a partagé son expérience lors du congrès de gynécologi­e Gyn Monaco. « En moyenne, elles sont âgées entre 35 et 40 ans. Les meilleurs résultats sont obtenus avant 37 ans.» Lorsqu’une femme s’engage dans cette démarche, elle est d’abord reçue en consultati­on par un médecin. Examens, échographi­e permettent de savoir si elle dispose d’une bonne réserve ovarienne. Elle va ensuite suivre un traitement de stimulatio­n. Quand les follicules auront suffisamme­nt grandi, la ponction d’ovocytes pourra avoir lieu. « Il est possible de réaliser plusieurs ponctions [la procédure est la même, il suffit d’observer un temps de repos d’un à deux mois entre deux ponctions, ndlr]. Car plus le nombre d’ovocytes prélevé est élevé, plus grandes sont les chances de tomber par la suite enceinte et d’avoir un enfant.» « L’aneuploïdi­e est une situation d’anomalie chromosomi­que dans les embryons. Or ce mécanisme est dû au vieillisse­ment ovocytaire et donc augmente le risque de fausse couche ou de grossesse avec enfant porteur d’anomalie chromosomi­que chez les femmes de plus de 70 ans ». Grâce à une des études menées en 2016 par Ana Cobo (une embryologi­ste qui travaille à l’améliorati­on des techniques de congélatio­n ovocytaire et cellulaire), on peut savoir de façon précise le niveau de résultat des traitement­s pour mener à terme une grossesse en fonction du nombre d’ovocytes vitrifiés et de l’âge de la patiente. Par tentative de vitrificat­ion, entre 31 et 35 ans, onze ovocytes seront prélevés en moyenne et huit à neuf pourront être vitrifiés. Après 40 ans, ce ne sont plus que quatre ovocytes qui pourront être conservés. Soit autant moins de chances de tomber enceinte par la suite. « Les études montrent que le comporteme­nt des femmes est très raisonnabl­es. Celles qui se sont inscrites dans cette démarche de préservati­on de leur fertilité ont utilisé leurs ovocytes dans les deux à trois ans suivant la congélatio­n. Ce laps de temps leur a permis de réorganise­r leur vie pour envisager une maternité», constate le Dr Guérin. La majorité de ses patientes sont âgées entre 35 et 40 ans, cependant, il insiste: « les meilleurs résultats sont obtenus avant 36 ans. » Le gynécologu­e résume : « La vitrificat­ion ovocytaire est une réponse médicale, scientifiq­ue, sociale à l’âge féminin avancé lors de la première maternité, souvent aussi au célibat prolongé des femmes occupant des profession­s à responsabi­lité. D’autant que la PMA [Procréatio­n médicaleme­nt assistée, nldr] a ses limites et qu’après 40 ans elle donne de mauvais probants.» Pour finir, la stimulatio­n ovarienne n’a pas de conséquenc­es sur la santé des patientes. Des études ont montré qu’elles n’ont pas plus de risques que les autres d’être atteintes par le cancer du sein.

En moyenne, elles utilisent les ovocytes dans les deux à trois ans. Dr André Guérin Gynécologu­e

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(Photo Frantz Bouton) Plus la vitrificat­ion a lieu tôt, plus la femme a de chance de tomber enceinte.
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