Nice-Matin (Cannes)

VOILE En mer avec “JP” !

- PHILIPPE HERBET

Quand l’adrénaline se mêle délicieuse­ment au plaisir. Quand l’espace de quelques instants, après que « JP » vous ait invité à prendre la barre de ce magnifique et puissant destrier qui l’a accompagné durant sa dernière circumnavi­gation (le Vendée Globe, évidemment), on s’imagine un court instant aventurier au long cours. Quand une seule brise suffit, alors, à vous faire vous imaginer, vous aussi, « croqueur d’océans ». Défricheur d’horizons inconnus. Quand l’étrave du Saint-Michel/Virbac pourfend les flots, sous grand-voile et génois, filant alors plus vite que le souffle d’Eole… Délicieux moments et privilège rare pour le commun des Terriens ! Sitôt les consignes de sécurité données («Gaffe à ne pas se prendre les pieds dans un bout ; et gare au retour de baume durant les empannages ! », etc.), et après avoir « jumpé » d’un semi-rigide, c’est donc la tête déjà pleine de rêves iodés, et le pied que l’on espère sûrement marin, que l’on hisse sa (parfois lourde) carcasse à bord. Pas très fier, dans un premier temps, mais l’assurance viendra vite. D’autant que, aujourd’hui, c’est mer d’huile et grand soleil…

 m de voiles

Direction la Pointe d’Antibes, pour débuter. Et inutile, évidemment, de s’encombrer des quelque 600 m2 de toile que peut supporter le “bestiau”. Sensation enivrante, d’autant que les foils, ces drôles d’appendices, optimisent allégremen­t la glisse. Magic machine ! 11 noeuds, c’est loin des standards de la course au large, mais ça grise déjà… Puis virement de bord pour se diriger vers le Cap Ferrat. Somptueux. « Ne manquent que les dauphins» glisse l’un de mes heureux compagnons d’aventure. On croise, ou plutôt, on rattrape dans sa course, un autre voilier. Un « tourdumond­iste » nous glisse Jean-Pierre Dick. «Et vous connaissez les règles de priorité en mer ? » .Je sèche… Mais le gentleman skipper, en bon pédagogue, ne nous laisse pas longtemps dans l’expectativ­e (si ma mémoire est bonne, la priorité est donc pour le bateau sous le vent…). En attendant, à voir son équipe technique ainsi s’activer, notamment au winch, à entendre le bruit des flots s’écraser Monstrueux privilège que fut le nôtre d’avoir pu naviguer avec Jean-Pierre Dick, à bord de son Saint-Michel/Virbac, entre la pointe d’Antibes et le Cap Ferrat… sur la coque, on imagine (à peine…) ce qu’il faut de courage et de résistance physique pour faire avancer la machine, seul, pendant 80 jours de course. La faire avancer et surtout, évidemment, la faire arriver à bon port… Deux heures plus tard, c’est déjà le moment de revenir s’amarrer au quai Riboty, à Nice. Et si ça a l’air simple, la manoeuvre ne supporte pas l’approximat­ion. Dommage, en tout cas, d’être aussi vite contraint à ce retour sur le plancher des vaches. Parce qu’à moins de partir sur la Lune avec Thomas Pesquet, on n’a finalement que rarement l’occasion, dans une vie, de s’enivrer de pareilles émotions et d’humer ce doux parfum de liberté… Ci-dessus, un équipier au winch. La table à cartes et le poste de pilotage intérieur. Ci-contre (à gauche) : le moment, sous le regard du skipper, de prendre la barre. Et on ne va pas se mentir, on n’en menait pas large... (Photos Ph.H.)

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