Les deux camps crient «victoire» tout en appelant à la «mobilisation générale» !
Les « Eric, Eric. Eric… » scandés par les militants LR du député sortant Eric Ciotti, sur le quai des Deux-Emmanuels, font échos aux « Caroline, Caroline… » repris en choeur quelques rues plus loin, sur le trottoir du boulevard Général-Delfino, par des « marcheurs » tout acquis à la cause de Caroline Reverso-Meinietti. Il est 22 heures. Et, alors que les résultats de ce premier tour des législatives s’affinent, on crie « victoire » Dans les deux camps !
« On résiste... Mais c’est un carnage » Certes, la jeune avocate adoubée par Emmanuel Macron dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes n’est que deuxième, mais cette novice en politique talonne son rival. Et non des moindres. Du coup, les « marcheurs » se disent qu’ils peuvent encore passer devant, dimanche prochain. À condition, toutefois, de forcer l’allure. « Il va falloir se retrousser les manches », prévient Caroline Reverso-Meinietti. «Onpeut y arriver », souffle une de ses militantes qui calcule à voix haute : « D’accord, il y a les 12 % du FN. Ils ne sont certainement pas pour nous. Mais on a quand même un petit réservoir à gauche... » Au-delà de ces comptes d’apothicaire, Gérard, l’ancien sousmarinier qui durant sa carrière militaire est resté si longtemps confiné, sait surtout qu’il va devoir « se remettre en marche » et « de plus belle ». Car, en réalité, les trois petits points d’avance dégagés hier soir Eric Ciotti pourraient bien suffire. « On résiste, on résiste », martèle l’un des plus fervents soutiens du candidat Les Républicains. Même s’il le concède : « Partout ailleurs c’est un carnage ! » Du coup, cette première place a un goût amer, un goût de trop peu. Et Eric Ciotti d’ailleurs ne peut qu’avoir une « pensée » pour ceux de sa famille politique qui, ce dimanche soir, sont tombés sur le champ de bataille démocratique : «Je pense à Rudy Salles, à Xavier Beck, à Anne Sattonnet », éliminés dès le premier tour.
Estrosi «renégat» La faute à qui ? « Aux vents contraires » qui, comme le souligne Eric Ciotti, ont parfois soufflé « jusque dans nos rangs » ? D’ailleurs, Auguste Vérola, le suppléant du député sortant, se demande bien ce que va « pouvoir faire désormais un Christian Estrosi qui a tout de même investi Eric Ciotti... » Mais qui en duplex depuis la place Masséna se félicitait, quelques minutes plus tôt, de cette majorité donnée par les Français au président de la République. De quoi soulever les huées des militants Les Républicains rassemblés Quai des Deux-Emmanuels. « Renégat ! », hurle l’un d’eux. « Et dire que dimanche prochain il célébrera l’appel du 18 juin, moi je le fusillerais », s’emporte ce « gaulliste » niçois. Côté boulevard Delfino, les « marcheurs » de Caroline Reverso-Meinietti sont surtout « contents, qu’à l’image de leur maire, les Niçois soient eux aussi en train d’évoluer ». Car il est vrai que les lignes politiques ont bougé, hier. Y compris dans la première circonscription, où les quartiers bourgeois, traditionnellement de droite, ont majoritairement voté pour la candidate d’En marche ! « Même là où Fillon a fait 50 % à la présidentielle », constate un élu Les Républicains qui semble toujours redouter « le même type de vague qui, dans cette même circonscription en 1981, avait emporté Charles Ehrmann face à un Colonna [le candidat PS de l’époque, ndlr] pourtant inconnu. » Pas question dès lors de se satisfaire d’avoir réalisé, ici, le meilleur score du département. Eric Ciotti lui-même a appelé hier soir à la « mobilisation générale ». Car le député sortant, qui a au moins l’avantage d’avoir une plus longue expérience politique que sa rivale, le sait : « La semaine qui vient s’annonce intense, capitale, décisive !»