Brochand et Tabarot devancés
Les candidats marcheurs ont largement amplifié dans les A.-M. le score de Macron le 23 avril. Plusieurs peuvent être élus le 18 juin, alors que trois candidats LR-UDI dont un sortant sont déjà sur le carreau
Séisme, raz-de-marée : le vocabulaire tellurique a fleuri hier soir. Une fois n’est pas coutume, les Alpes-Maritimes ont en effet voté à l’unisson de la France – y compris en faisant preuve d’une abstention record – pour jeter les bases d’un immense chambardement dimanche prochain. La vague de La République en marche ! a balayé la Côte d’Azur aussi. C’est en soi un événement, dans un département habitué à reconduire sans barguigner ses barons de droite. En 2012, aucun candidat socialiste, en dépit de l’élection de François Hollande, n’avait ainsi réussi à déboulonner, ni même à inquiéter, ceux investis par l’UMP. Ce n’est plus du tout la même limonade cette fois. Les marcheurs courent en tête Malgré des candidats dans leur grande majorité novices et quasi inconnus, ou pour certains recyclés en provenance d’autres partis où ils n’avaient pas percé, La République en marche ! fait un saut quantitatif impressionnant par rapport au score d’Emmanuel Macron luimême, qui avait dû se contenter d’à peine plus de 19 % des voix au premier tour de la présidentielle dans les AlpesMaritimes. Dans six circonscriptions sur neuf, les candidats marcheurs sont arrivés en tête hier soir et ils seront présents dans huit circonscriptions sur neuf au second tour. Avec, en ligne de mire, au moins trois élections en bonne voie. Celles de Loïc Dombreval, Cédric Roussel et Alexandra Valetta-Ardisson dans les 2e, 3e et 4e circonscriptions. Ils y affronteront le FN en duel au second tour et devraient, logiquement, bénéficier d’un front républicain en leur faveur. Ce sera plus incertain mais totalement jouable pour Alexandra Reverso-Meinietti (1re), Nathalie Audin (6e), Khaled Ben Abderrahmane (7e), Philippe Buerch (8e) et Dominique Fillebeen (9e). Soit un butin final qui pourrait s’élever pour REM entre trois et sept circonscriptions. Autant dire le casse du siècle, à rendre blême Albert Spaggiari ! Les candidats LR-UDI sonnés Drôle de coup de bambou pour les candidats LR-UDI. Pour Rudy Salles en premier lieu, le député sortant de la 3e circonscription laminé dès le premier tour, tout comme Anne Sattonnet et Xavier Beck dans les 2e et 4e circonscriptions. L’unique candidate LR à sortir sans bobo de ce premier tour, même si son score n’est pas franchement mirobolant, est Marine Brenier. Faute de candidat officiellement investi par En marche! en face d’elle, la vicebenjamine de l’Assemblée passée se prépare, comme prévu, à un second tour sans angoisse dans la 5e circonscription. Beaucoup chez Les Républicains doivent l’envier. Un autre sortant a réussi à bien limiter les dégâts: Eric Ciotti qui, dans la 1re circonscription, vire en tête de quelques cheveux (façon de parler) devant la marcheuse Caroline Reverso-Meinietti. Au regard du dégagisme ambiant et d’un contexte miné, c’est une demi-victoire pour le président du Département, malgré un capital de voix en nette régression. Le FN en recul
Habitué depuis plusieurs scrutins à être le challenger de la droite au second tour, le Front national fait les frais de la percée d’En marche ! Ses candidats sont en recul par rapport au score de Marine Le Pen le 23 avril (27,74 %). Seules ses deux personnalités les plus fortes, Philippe Vardon et Olivier Bettati, ainsi que Jérôme Cochet dans la 2e circonscription et Chantal Agnely dans la 5e, sont en mesure de se maintenir au second tour, avec des chances de succès a priori limitées. Ailleurs, la faible participation n’a pas permis à ses candidats de franchir le seuil de 12,5 % des inscrits pour s’inviter dans des triangulaires. Les candidats frontistes réalisent malgré tout des scores très élevés dans l’historique banlieue rouge niçoise, du côté de Contes et de La Trinité notamment. L’électorat FN aura un rôle d’arbitre capital au second tour. Sachant qu’il est, par définition, volontiers frondeur, difficile de mesurer dans quel sens il infléchira les duels LR - REM, quelles que soient les consignes qui lui seront (ou pas) données. Le PS au plus bas
La tendance de la présidentielle s’est confirmée. A gauche, le PS, que REM a achevé de siphonner, est quasiment rayé de la carte des AlpesMaritimes. Ses scores sont, partout, ridiculement bas. L’opposition de gauche, pour ce qu’il en reste, est donc incarnée par La France insoumise et le PCF, en retrait toutefois par rapport au score de Jean-Luc Mélenchon le 23 avril (14,95 %). Abstention record
Le beau temps a évidemment bon dos. Si les candidats de La République en marche ! ont presque tout bousculé sur leur passage, c’est aussi par défaut, comme ce fut le cas pour Emmanuel Macron lors de la présidentielle. On ne peut totalement parler d’engouement quand plus d’un électeur azuréen sur deux (53,06 % d’abstention) s’est refusé à se rendre aux urnes. Trois chiffres pour évaluer ce désintérêt massif: l’abstention avait été de 21,25 % au premier tour de la présidentielle, il est vrai toujours plus mobilisatrice, de 41 % aux législatives de 2007 et de 43 % à celles de 2012. On est très au-delà cette fois. A l’évidence, ces législatives, en bout de course d’une très longue séquence électorale de près de deux années, ne sont pas parvenues à passionner. La vague macroniste annoncée depuis plusieurs jours a démobilisé et l’électorat du Front national et celui des Républicains, en partie dérouté par une certaine porosité entre LR et REM. Quant à l’électorat de gauche non rallié à Macron, cela fait quelque temps déjà qu’il s’était résigné.