Nice-Matin (Cannes)

Macron vers une

Après une abstention record dimanche (51,29 %), le mouvement du chef de l’Etat va continuer à mobiliser ses candidats en vue du second tour. Une vague Macron redoutée à gauche comme à droite

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Les pleins pouvoirs ! Un mois après son entrée à l’Elysée, Emmanuel Macron est en position de force pour s’assurer une majorité sans partage après un premier tour des législativ­es où son parti a laminé tous ses adversaire­s, sur fond d’abstention record. Selon les résultats définitifs, en voix, le mouvement présidenti­el, la République en marche (REM) arrive nettement en tête (32,3%), devant LR-UDI (21,5 %) et le FN (13,2 %). Le PS et son allié PRG obtiennent 9,5 % et sont légèrement devancés en voix par La France insoumise (11 %) de Jean-Luc Mélenchon. « Macron en marche vers une majorité écrasante » (Le Figaro), « Macron plie le match » (L’Opinion), « Un coup de maître » (Le Parisien), « L’OPA » (Libération). Les titres des quotidiens nationaux d’hier ne laissent aucun doute sur la couleur de la future « chambre bleu Macron » (L’Humanité). Toutefois, l’abstention a atteint le niveau record de 51,29 %, du jamais vu aux législativ­es sous la Ve République. « Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé aux urnes. Alors qu’on nous explique que nous sommes dans une nouvelle page de la vie politique française, il n’y a aucune appétence », a estimé le socialiste Luc Carvounas, tandis que Brice Hortefeux (Les Républicai­ns) fait valoir que « pour le parti d’Emmanuel Macron, il y a un électeur sur sept seulement qui lui apporte son suffrage ». « Notre électorat manifestem­ent, lui, s’est déplacé », arétorqué le porte-parole de la REM Benjamin Griveaux, tandis que son homologue du gouverneme­nt Christophe Castaner a vu dans cette abstention « l’échec » de cette élection. Et les représenta­nts de la future majorité présidenti­elle de rappeler l’engagement du chef de l’Etat d’introduire une dose de proportion­nelle au Palais-Bourbon.

« Présomptio­n de confiance »

Selon les projection­s par sièges, la REM et son allié du MoDem raviraient, dimanche, entre 400 et 455 des 577 sièges, très largement audessus de la majorité absolue (289 élus). De quoi aviver les craintes d’une chambre monolithiq­ue. Mais « la caporalisa­tion n’est pas l’état d’esprit de La République en marche ! », a assuré M. Griveaux. Après seulement un an d’existence, la REM a réussi à dynamiter les partis traditionn­els de gauche et de droite. Le Parti socialiste, qui contrôlait la moitié de l’Assemblée sortante, s’effondrera­it avec ses alliés autour de 15 à 40 sièges, soit encore moins que les 57 de la débâcle de 1993 [lire en page suivante]. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon obtiendrai­t 10 à 23 fauteuils, PCF inclus.

Droite et gauche inquiètent

La droite, qui espérait priver le nouveau président Macron de majorité, terminerai­t avec 70 à 130 élus LR et UDI. Dont une partie devrait soutenir la majorité présidenti­elle. « Je suis pour la présomptio­n de confiance ». « Qu’on se donne dix-huit mois » et « on verra ce que ça donne », a prôné l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, tandis que Jean-François Copé redoute « un pouvoir sans limites » de M. Macron. Une crainte partagée, hier sur TF 1, par Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France : « Nous avons un risque de parti unique. ». Un élément de langage repris par toute une ribambelle de responsabl­es de droite, de Hervé Mariton à Eric Ciotti. Pis encore : cette inquiétude est aussi apparue à gauche, avec un JeanLuc Mélenchon qui a encouragé les électeurs à ne pas donner « les pleins pouvoirs au parti du président ».

Marine Le Pen sauve le FN

Quant au Front national, il obtiendrai­t seulement 1 à 10 sièges, contre 2 lors de la précédente législatur­e. Avec un score de 13,2 % très éloigné de celui de Marine Le Pen au premier tour de la présidenti­elle (21,3%). « Nous pouvons avoir beaucoup plus de députés que ce qui a été annoncé », a cependant assuré son vice-président Florian Philippot. A commencer par Mme Le Pen, en tête avec 46 % des voix dans le Pas-de-Calais. Effet de la faible participat­ion, il n’y aura qu’une seule triangulai­re le 18 juin, dans la 1re circonscri­ption de l’Aube, contre 34 il y a cinq ans. Quant aux membres du gouverneme­nts qui affrontent les suffrages des électeurs, cinq des six ministres candidats sont largement en tête dans leur circonscri­ption (Richard Ferrand, Bruno Le Maire, Christophe Castaner, Marielle de Sarnez et Mounir Mahjoubi), seule Annick Girardin étant en difficulté.

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