Trois ans de prison ferme à un ado blessé par balle
Un adolescent de Vallauris, blessé par balle en mai dans un règlement de compte, a été condamné à Grasse pour un vol avec violence commis à Monaco
Trois ans de prison ferme, un an avec sursis et mise à l’épreuve. La peine prononcée par le tribunal pour enfants de Grasse la semaine dernière contre Nizar, qui vient à peine de fêter ses dix-huit ans, est inhabituelle. Elle est à la mesure de la dangerosité de ce jeune Azuréen qui a été reconnu coupable d’un vol par effraction en réunion, d’outrages et rébellion, d’évasion et d’un vol avec violences ayant entraîné plus de huit jours d’interruption de travail. Sa mise en examen pour cette impressionnante série de délits lui avait été notifiée par un magistrat sur son lit d’hôpital.
Une agression avec un complice
Le 22 mai, blessé par balle à la clavicule, il avait été déposé devant l’hôpital d’Antibes par des amis avant d’être transféré à l’hôpital Pasteur à Nice. À peine remis de ses blessures, le jeune homme a dû répondre d’une agression particulièrement violente commise le 24 septembre 2015, vers 2 heures du matin. Nizar et un complice, sur un scooter signalé volé, croise une jeune fille en Porsche dans le tunnel de l’Aureglia à Monaco. Sur les caméras de vidéosurveillance, on les aperçoit faire rapidement demi-tour pour suivre leur future victime. Taïb et Meddy, hébergés pour les vacances dans un appartement de la rue Henri-Sappia par Sonia, une amie, ont-ils été les victimes collatérales du compagnon jaloux de cette dernière ? L’été 2015, ils avaient été réveillés brutalement vers 5 heures du matin. L’un avait reçu un coup-de-poing dès l’ouverture de la porte et s’était retrouvé avec un pistolet-mitrailleur sur la tempe. L’autre avait essuyé un violent coup porté au genou qui nécessitera la pose de seize points de suture. Non seulement, ils ont été frappés mais ils ont été dépouillés. Ils n’ont jamais coopéré avec la justice. Le suspect, Ghazi Baili, 34 ans, est le compagnon de Sonia. La relation du couple est conflictuelle. C’est elle qui l’a désigné à la police. Mais au moment de son interpellation, l’agresseur est à nouveau en couple avec Sonia. Baili a toujours contesté de manière véhémente être mêlé de près ou de loin à cette sombre affaire. Le juge d’instruction a pourtant accumulé des indices graves et concordants, selon la formule consacrée.
Des antécédents judiciaires pour violence
Lors du procès, le procureur Jean-Michel Prêtre en dresse la liste. « Je rappelle que le prévenu se désigne lui-même quand il appelle sa compagne : “Je suis avec des mecs dans ton appartement. Je vais les tuer ”, lui dit-il au téléphone. » Son téléphone est géolocalisé à 5 h à cet endroit. Et si Sonia a tant varié dans ses déclarations, « c’est qu’elle a peur », souligne le magistrat qui ne manque pas d’évoquer des photos où le suspect parade, arme de guerre à la main. Les lourds antécédents judiciaires démontrent que Baili a du mal à contenir sa violence. À l’audience, le naturel revient au galop. Le prévenu se fait expulser par la présidente du tribunal Annie Bergougnous. « Ce sont de gros menteurs. Moi je suis là devant vous et vous jure que je n’ai rien à voir », s’énerve le prévenu avant d’être reconduit dans les geôles du palais de justice.
Le pouce levé
Dans le parking souterrain de la résidence, Nizar se jette sur la jeune femme, la traîne sur plusieurs mètres pour lui arracher son sac à main et sa montre. La victime résiste. Elle est frappée mais l’individu ne s’enfuit qu’avec un téléphone portable. À l’époque, Nizar est domicilié à Vallauris, lieu où le scooter, volé à Golfe-Juan chez un particulier, Me Gérard Baudoux, l’avocat de la défense, a bien du mal à calmer son client. Il se sert de l’impulsivité de Baili pour sa démonstration : « Il est facile avec son tempérament, sa propension à monter dans les tours, il est facile de le mettre à l’écart par une manipulation », soutient l’avocat. La défense la rappelle : « Les deux prétendues victimes ne sont pas des modèles de vertu. Ils n’ont jamais permis une confrontation. » Ghazi Baili sera finalement condamné à deux ans de prison. À l’énoncé du jugement, il ne hurle pas à l’injustice, bien au contraire. Il lève le pouce en remerciant son avocat. Il sait qu’en raison des deux ans de détention provisoire qu’il a déjà effectués, cette condamnation est synonyme de libération imminente. est retrouvé. Il est soupçonné d’avoir agi avec Dylan Boni, 23 ans, actuellement détenu à Grasse. Le duo étant également accusé, avec trois autres complices, d’avoir mis à sac le local de la société Erilia (bailleur des Hauts de Vallauris, ex-Zaïne) le 5 octobre 2015. Lors de sa garde à vue au commissariat d’Antibes, Nizar avait pris la fuite en sautant du 3e étage avant d’être rattrapé dans les cuisines d’un restaurant quelques minutes plus tard. Il avait au préalable copieusement insulté les policiers. Nizar, lors de l’instruction, ne reconnaîtra que l’évasion et la rébellion. Devant les enquêteurs de la brigade criminelle de la Sûreté départementale, chargée de l’enquête pour tentative de meurtre, il répète qu’il n’a pas d’ennemi, ne comprend pas pourquoi il a été victime d’un tir. Son agresseur, lui, court toujours. Hier matin, migrants accompagnés de Cédric Herrou et de membres de Roya Citoyenne se sont vus refuser l’accès au train par les forces de police, à défaut d’avoir un titre de transport. Le cortège a décidé de rejoindre Nice à pied pour s’enregistrer auprès de la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Après avoir passé le col de Brouis, ils ont décidé de passer la nuit au camping municipal de Sospel. La commune, qui n’avait «aucun autre moyen d’hébergement digne d’un point de vue humanitaire», a déploré «cette initiative non concertée et sans information de l’association Roya Citoyenne». De son côté, le président du Département a dénoncé un « nouveau coup de force pour faire pression sur l’État (...) Il est inadmissible que des individus qui exploitent la misère humaine scénarisent ainsi leurs actions qui visent, encore une fois, à modifier les lois de la République. Je refuse catégoriquement que le droit d’asile soit dévoyé et devienne une voie légale pour l’immigration illégale», a indiqué Eric Ciotti avant d’alerter à nouveau le ministre de l’Intérieur: « Je suis prêt à organiser une visite de terrain au ministre de l’Intérieur et à adopter une démarche constructive dans l’intérêt des habitants des Alpes-Maritimes qui n’ont pas à subir cette situation.»