Nice-Matin (Cannes)

Trois ans de prison ferme à un ado blessé par balle

Un adolescent de Vallauris, blessé par balle en mai dans un règlement de compte, a été condamné à Grasse pour un vol avec violence commis à Monaco

- CH. P. CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Trois ans de prison ferme, un an avec sursis et mise à l’épreuve. La peine prononcée par le tribunal pour enfants de Grasse la semaine dernière contre Nizar, qui vient à peine de fêter ses dix-huit ans, est inhabituel­le. Elle est à la mesure de la dangerosit­é de ce jeune Azuréen qui a été reconnu coupable d’un vol par effraction en réunion, d’outrages et rébellion, d’évasion et d’un vol avec violences ayant entraîné plus de huit jours d’interrupti­on de travail. Sa mise en examen pour cette impression­nante série de délits lui avait été notifiée par un magistrat sur son lit d’hôpital.

Une agression avec un complice

Le 22 mai, blessé par balle à la clavicule, il avait été déposé devant l’hôpital d’Antibes par des amis avant d’être transféré à l’hôpital Pasteur à Nice. À peine remis de ses blessures, le jeune homme a dû répondre d’une agression particuliè­rement violente commise le 24 septembre 2015, vers 2 heures du matin. Nizar et un complice, sur un scooter signalé volé, croise une jeune fille en Porsche dans le tunnel de l’Aureglia à Monaco. Sur les caméras de vidéosurve­illance, on les aperçoit faire rapidement demi-tour pour suivre leur future victime. Taïb et Meddy, hébergés pour les vacances dans un appartemen­t de la rue Henri-Sappia par Sonia, une amie, ont-ils été les victimes collatéral­es du compagnon jaloux de cette dernière ? L’été 2015, ils avaient été réveillés brutalemen­t vers 5 heures du matin. L’un avait reçu un coup-de-poing dès l’ouverture de la porte et s’était retrouvé avec un pistolet-mitrailleu­r sur la tempe. L’autre avait essuyé un violent coup porté au genou qui nécessiter­a la pose de seize points de suture. Non seulement, ils ont été frappés mais ils ont été dépouillés. Ils n’ont jamais coopéré avec la justice. Le suspect, Ghazi Baili, 34 ans, est le compagnon de Sonia. La relation du couple est conflictue­lle. C’est elle qui l’a désigné à la police. Mais au moment de son interpella­tion, l’agresseur est à nouveau en couple avec Sonia. Baili a toujours contesté de manière véhémente être mêlé de près ou de loin à cette sombre affaire. Le juge d’instructio­n a pourtant accumulé des indices graves et concordant­s, selon la formule consacrée.

Des antécédent­s judiciaire­s pour violence

Lors du procès, le procureur Jean-Michel Prêtre en dresse la liste. « Je rappelle que le prévenu se désigne lui-même quand il appelle sa compagne : “Je suis avec des mecs dans ton appartemen­t. Je vais les tuer ”, lui dit-il au téléphone. » Son téléphone est géolocalis­é à 5 h à cet endroit. Et si Sonia a tant varié dans ses déclaratio­ns, « c’est qu’elle a peur », souligne le magistrat qui ne manque pas d’évoquer des photos où le suspect parade, arme de guerre à la main. Les lourds antécédent­s judiciaire­s démontrent que Baili a du mal à contenir sa violence. À l’audience, le naturel revient au galop. Le prévenu se fait expulser par la présidente du tribunal Annie Bergougnou­s. « Ce sont de gros menteurs. Moi je suis là devant vous et vous jure que je n’ai rien à voir », s’énerve le prévenu avant d’être reconduit dans les geôles du palais de justice.

Le pouce levé

Dans le parking souterrain de la résidence, Nizar se jette sur la jeune femme, la traîne sur plusieurs mètres pour lui arracher son sac à main et sa montre. La victime résiste. Elle est frappée mais l’individu ne s’enfuit qu’avec un téléphone portable. À l’époque, Nizar est domicilié à Vallauris, lieu où le scooter, volé à Golfe-Juan chez un particulie­r, Me Gérard Baudoux, l’avocat de la défense, a bien du mal à calmer son client. Il se sert de l’impulsivit­é de Baili pour sa démonstrat­ion : « Il est facile avec son tempéramen­t, sa propension à monter dans les tours, il est facile de le mettre à l’écart par une manipulati­on », soutient l’avocat. La défense la rappelle : « Les deux prétendues victimes ne sont pas des modèles de vertu. Ils n’ont jamais permis une confrontat­ion. » Ghazi Baili sera finalement condamné à deux ans de prison. À l’énoncé du jugement, il ne hurle pas à l’injustice, bien au contraire. Il lève le pouce en remerciant son avocat. Il sait qu’en raison des deux ans de détention provisoire qu’il a déjà effectués, cette condamnati­on est synonyme de libération imminente. est retrouvé. Il est soupçonné d’avoir agi avec Dylan Boni, 23 ans, actuelleme­nt détenu à Grasse. Le duo étant également accusé, avec trois autres complices, d’avoir mis à sac le local de la société Erilia (bailleur des Hauts de Vallauris, ex-Zaïne) le 5 octobre 2015. Lors de sa garde à vue au commissari­at d’Antibes, Nizar avait pris la fuite en sautant du 3e étage avant d’être rattrapé dans les cuisines d’un restaurant quelques minutes plus tard. Il avait au préalable copieuseme­nt insulté les policiers. Nizar, lors de l’instructio­n, ne reconnaîtr­a que l’évasion et la rébellion. Devant les enquêteurs de la brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale, chargée de l’enquête pour tentative de meurtre, il répète qu’il n’a pas d’ennemi, ne comprend pas pourquoi il a été victime d’un tir. Son agresseur, lui, court toujours. Hier matin,  migrants accompagné­s de Cédric Herrou et de membres de Roya Citoyenne se sont vus refuser l’accès au train par les forces de police, à défaut d’avoir un titre de transport. Le cortège a décidé de rejoindre Nice à pied pour s’enregistre­r auprès de la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile. Après avoir passé le col de Brouis, ils ont décidé de passer la nuit au camping municipal de Sospel. La commune, qui n’avait «aucun autre moyen d’hébergemen­t digne d’un point de vue humanitair­e», a déploré «cette initiative non concertée et sans informatio­n de l’associatio­n Roya Citoyenne». De son côté, le président du Départemen­t a dénoncé un « nouveau coup de force pour faire pression sur l’État (...) Il est inadmissib­le que des individus qui exploitent la misère humaine scénarisen­t ainsi leurs actions qui visent, encore une fois, à modifier les lois de la République. Je refuse catégoriqu­ement que le droit d’asile soit dévoyé et devienne une voie légale pour l’immigratio­n illégale», a indiqué Eric Ciotti avant d’alerter à nouveau le ministre de l’Intérieur: « Je suis prêt à organiser une visite de terrain au ministre de l’Intérieur et à adopter une démarche constructi­ve dans l’intérêt des habitants des Alpes-Maritimes qui n’ont pas à subir cette situation.»

 ??  ??
 ??  ?? Blessé par balle, Nizar avait été déposé devant l’hôpital d’Antibes en mai dernier. (Photo d’illustrati­on Sébastien Botella)
Blessé par balle, Nizar avait été déposé devant l’hôpital d’Antibes en mai dernier. (Photo d’illustrati­on Sébastien Botella)

Newspapers in French

Newspapers from France