La droite résiste
Les électeurs azuréens ont sensiblement corrigé leur vote du premier tour. Si trois députés macronistes sont élus, la droite reste dominante dans un département où le FN conserve lui aussi un électorat solide
Cinq députés azuréens novices vont faire leur entrée au Palais-Bourbon. Mais, et c’est la demisurprise de ce second tour dans les Alpes-Maritimes, ils seront trois seulement issus de « La République en marche! ». Une notable déception pour un mouvement présidentiel qui, à l’issue du premier tour, paraissait en mesure de réaliser une authentique razzia. Comme ailleurs en France, les électeurs ont infléchi leur vote initial, visiblement soucieux de ne pas donner un chèque en blanc à Emmanuel Macron. Une incertitude légitime sur l’expertise des candidats marcheurs, autant qu’un net regain droitier, ont sans doute concouru à ce dénouement en demi-teinte.
Les Républicains se refont une santé
On a assisté hier à un ressac doublé d’un coup de barre à droite. Fortement tenté par les candidats d’Emmanuel Macron le 11 juin, l’électorat maralpin s’est sensiblement recentré, si l’on peut dire, sur ses tendances naturelles. A savoir un vote important, à défaut d’être aussi massif que par le passé, en faveur des candidats des Républicains mais également de ceux du FN, quand bien même ces derniers sortent une nouvelle fois bredouilles du scrutin. C’est ainsi que cinq candidats LR en ballottage, souvent défavorable, ont réussi à spectaculairement renverser la vapeur, en dépit d’une participation pourtant encore en baisse (42,14 % contre 46,94 % dimanche dernier). Le symbole de la solidité retrouvée des Républicains, parce qu’il était sous le feu des projecteurs nationaux, est bien sûr Eric Ciotti. Le président du Département a sauvé son siège sans trembler. Tout comme Michèle Tabarot et Bernard Brochand, pourtant distancés au premier tour. Les candidats LR non députés, Éric Pauget et Laurence Trastour-Isnart, se sont eux aussi sortis, bien plus aisément que prévu, de situations qui semblaient fort périlleuses.
Les marcheurs marquent le pas
La République en marche ! doit donc se contenter de trois députés, un résultat ceci dit inespéré voici quinze jours à peine. Ces succès sont obtenus, à chaque fois, face à des candidats frontistes. Dans la 2e circonscription, le score du maire de Vence Loïc Dombreval s’avère confortable. Nul besoin cependant d’être grand clerc pour deviner que l’électorat d’Anne Sattonnet, éliminée au premier tour, ne s’est pas mobilisé en masse pour lui... Cédric Roussel est un poil mieux élu encore dans la 3e, alors qu’Alexandra ValettaArdisson n’a en revanche pris que de très relatives distances sur le FN dans la 4e.
Le Front national reste très ancré
Après un premier tour en recul, les candidats frontistes ont réalisé des scores conséquents, pas si éloignés de celui de Marine Le Pen le 7 mai dans les A.-M. (44,62 %). À l’évidence, si dans les duels LR - REM l’électorat frontiste a massivement voté LR, dans les duels REM FN, les électeurs de la droite républicaine lui ont partiellement rendu la pareille... Notamment dans la 4e circonscription où, dans un contexte migratoire aigu, le «compagnon de route » du FN, Olivier Bettati, a engrangé un joli butin (47,26 %). Dans la 3e, Philippe Vardon a quant à lui tutoyé les 40 %, devançant son adversaire marcheur dans deux communes périphériques de Nice, La Trinité et Saint-André-de-la-Roche. Seule Chantal Agnely, dans la 5e circonscription, est restée plus en retrait face à Marine Brenier, la protégée de Christian Estrosi qui trouve dans ce résultat matière à valider sa stratégie anti-FN, au moment où Eric Ciotti n’a pas hésité à dénoncer hier soir les «coups bas venus de sa propre famille politique », le visant sans le nommer mais en y pensant tellement fort (lire plus loin).
Et maintenant, les troisièmes tours locaux…
Mise en oeuvre de la loi sur le non-cumul des mandats de février 2014 oblige, les résultats de ces législatives vont induire un troisième tour. Tous ceux qui ont été élus hier et sont frappés de cumul vont devoir renoncer à leur mandat incompatible avec celui de député. Ils ont trente jours devant eux pour le faire. Aucun suspense toutefois. En vertu de la loi, ils n’ont, en effet, d’autre choix (sauf à tout perdre) que d’opter pour le dernier mandat obtenu, en l’occurrence celui de député. En conséquence, Eric Ciotti va donc devoir quitter la présidence du Département, à la tête duquel il sera, selon toute vraisemblance, remplacé par son premier vice-président Charles-Ange Ginésy. Loïc Dombreval, lui, est contraint de céder son fauteuil de maire de Vence. Anne Sattonnet, sa première adjointe UDI, paraissait la plus légitime pour lui succéder. Mais l’affrontement entre les deux aux législatives a laissé des traces et forcément rebattu les cartes… Situation similaire mais en version apaisée au Cannet où Michèle Tabarot va elle aussi abandonner son mandat de maire, sans doute au profit de son premier adjoint, Yves Pigrenet. Marine Brenier, quant à elle, va juste devoir renoncer à son poste d’adjointe de Christian Estrosi à la mairie de Nice, tout comme Laurence Trastour-Isnart à celle de Cagnes-sur-Mer et Eric Pauget qui ne pourra plus être le premier adjoint de Jean Leonetti à Antibes. Enfin, Bernard Brochand ne présidera plus la Communauté d’agglomération des pays de Lérins, qui échoira au maire de Cannes David Lisnard.