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Tintements stridents. Il est 20 heures. La tendance nationale vient de tomber, les premiers résultats de la septième circonscription dessinent la tournure des événements. Les effluves de la victoire ne semblent pas se répandre dans le QG des « marcheurs », boulevard Wilson à Antibes. Pour autant, pas question de crier défaite aussi tôt. Smartphone à portée d’oeil, Marie Ozenda, candidate suppléante, dresse le bilan de cette campagne, souvent la première pour ceux qui se sont mobilisés. « Qu’importe le résultat, cela a été une grande aventure. Personnellement, je reste admirative devant la mobilisation de toute notre équipe. J’ai tellement appris… c’est le genre de chose à faire une fois dans sa vie. Pour comprendre les choses de l’intérieur. »
Pas comme une fin en soi Sourire au coin des lèvres, Khaled Ben Abderrahmane arrive en deux-roues. S’il ne se fait pas vraiment d’illusions quant à l’issue de ce second scrutin, il ne l’appréhende pas comme une fin en soi : « C’est déjà invraisemblable ce qu’il s’est passé ! Nous avons réussi au niveau national à chambouler le système établi, à le faire vaciller. » Devant le recul des sièges obtenus par son parti, le candidat tire son analyse : «Les Français ont voulu trouver une sorte d’équilibre face à la vague annoncée au premier tour. » Un vote « réflexe » qu’il ne peut s’empêcher de dézinguer : « Dans l’arrière-pays, notamment, les maires se sont mobilisés pour effectuer une pression locale pour faire perdurer cette baronnie [sic] à laquelle nous souhaitons mettre un terme. » Et si ce n’est pas pour ce soir, Khaled Ben Abderrahmane s’engagera-t-il davantage dans la circonscription ? « Mais je suis déjà engagé, je n’ai jamais cessé. Depuis la première réunion, il y a un an de cela, organisée à Antibes. Mais je vois cet engagement de manière globale. Je suis Azuréen avant d’être Niçois, Antibois ou encore Valbonnais ! » Pendant ce temps, les résultats, bureau par bureau arrivent au compte-gouttes sur le une fois de plus, que « l’enfant du pays » compte ses plus fidèles supporters. Au soir du premier tour, les électeurs de la cité des Remparts avaient épargné à Eric Pauget l’humiliation d’une seconde place. Hier soir, ils lui ont renouvelé leur confiance en lui attribuant 64,29 % de cours Masséna à quelques battements d’ailes de là…
La cuvée des gagnants Ça trace dans le hall de la mairie. Les pas pressés côtoient ceux qui piétinent. 20h25. Le public s’installe entre les enceintes qui crachent les chiffres obtenus. « Pont Dulys : Eric Pauget 179 ». Salve d’applaudissements et cris de joie. «Khaled Ben Abderrahmane 97!» Brouhaha et huée. Pour le dauphin de Jean Leonetti, les murs font deux en un : centralisation des voix et QG. Les minutes passent, les visages se détendent et les coudes se serrent. On réserve la table au bistrot d’à côté pour fêter le triomphe, on se demande interpeller sur l’avenir de notre démocratie ». Après vingt années de règne leonettiste, celui qui est aussi vice-président du conseil départemental va donc gagner le Palais Bourbon. Comme son mentor, élu pour la première fois en 1997, il siégera d’abord dans l’opposition. En attendant, peut-être, que le vent tourne… si on a bien mis le champagne au frais… D’ailleurs, en parlant de bulles… 20 h 36. Une bouteille champenoise fait son apparition étiquetée « Législatives 2017 avec Eric Pauget et Alexandra BorchioFontimp ». La cuvée des gagnants vient d’être livrée sous les hourras de l’assemblée. Huit minutes plus tard – le temps de chercher où est-ce qu’on a bien pu ranger ces satanés gobelets ? – le maire d’Antibes sonne le glas du suspense avec un tweet annonçant la victoire de son premier adjoint. On s’esquinte les paumes de main à faire la claque devant les marches du premier étage. D’un coup, d’un seul, les visages se tournent vers les escaliers reliant au premier ● Eric Pauget (LR-UDI): « Je prends ce résultat avec beaucoup d’humilité. Nous devons tirer les leçons de cette élection et répondre aux besoins de nos concitoyens. Conscient des responsabilités qui sont désormais les miennes, je saurai faire preuve de discernement dans l’intérêt de la France. » ● Khaled Ben Abderrahmane (REM): « Il y avait deux possibilités : soit une vague nationale avec députés qui m’aurait emportée, soit un réflexe national pour éviter une assemblée monocolore. C’est ce deuxième scénario qui s’est réalisé. Je suis fier d’avoir participé, à mon niveau, à la défense d’un projet qui nous donne une chance de changer notre société en profondeur. » étage, les flashs crépitent : on exulte ! Jean Leonetti prend la parole pour féliciter son successeur non sans fierté, et lui passe le micro comme on passe le relais. « Cette victoire, c’est la vôtre », lance le député fraîchement élu, avant de souligner la « tâche très importante » qui lui incombe désormais : « Je veillerai à incarner une opposition de discernement dans l’intérêt de notre pays. En défendant notre territoire. Il faudra également recomposer la droite et le centre dans un autre temps. » Mais avant cela, direction Paris « dès mardi». Le champagne, lui, attend au frais.