Nice-Matin (Cannes)

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- STÉPHANIE GASIGLIA

Eric Ciotti est une machine. Bien huilée. Une mécanique irréprocha­ble. Trop, peut-être. Déshumanis­ée, même, disent certains… Plein de sang-froid, même dans ses débordemen­ts, l’homme est inflexible sur ses « valeurs ». Il l’a d’ailleurs martelé pendant toute cette campagne électorale qui fut, plus que jamais, un sacerdoce. Eric Ciotti est de droite. Ce n’est pas un scoop. Mais il l’est de manière imprescrip­tible. C’est dans son ADN. En 1981, à 16 ans, il prend sa carte au RPR. L’ado se goinfre des pages politiques des journaux là où les potes dévorent les chroniques sportives.

Estrosi : « Vingt ans d’une amitié vraie »

Aujourd’hui, réélu député de la 1re circonscri­ption, avec 56,21 %, il se dit « soulagé ». Il ose ce mot qui implique qu’à un moment, oui, il a douté… Il faut dire qu’il a survécu à une bagarre électorale sans précédent. D’autant plus âpre qu’il a été la cible de ses ennemis. Logique. Mais aussi de certains de ses « amis » Macron-dissoluble­s ou Macron-compatible­s, c’est selon… D’ailleurs, Eric Ciotti a le regret, confesse-t-il, de sa « relation personnell­e» avec Christian Estrosi. « Vingt ans d’une amitié totale et vraie. Sur un plan personnel, ça m’a beaucoup affecté ». Christian Estrosi, ce jeune député qui lui a mis le pied à l’étrier en le nommant collaborat­eur parlementa­ire. C’était en 1988. Dimanche, Eric Ciotti s’est donc extirpé d’une tenaille - pour combien de temps ?- en battant une pourtant forte intéressan­te candidate macroniste, Caroline Reverso-Meinietti, dont il a su reconnaîtr­e la valeur.

« Quand la droite est forte, le FN est bas »

Et à ceux qui l’accusent d’avoir pactisé avec le diable FN, d’avoir traité avec Philippe Vardon pour ne pas avoir à l’affronter, celui qui va bientôt quitter son poste de président du conseil départemen­tal, répond inexorable­ment : « Non. Quand la droite est forte, le FN est bas ». CQFD, selon lui.

« Plus nuancé qu’il n’y paraît »

Aujourd’hui, Eric Ciotti aborde ce 3e mandat au Palais Bourbon avec le besoin de briser l’armure. « J’ai pu m’enfermer dans une image médiatique qui attirait, certes le soutien de mes sympathisa­nts, mais aussi le rejet des autres. C’est vrai que je sais sortir la petite phrase qui tape là où ça fait mal, mais j’ai une autre réalité. Je ne suis pas seulement le sniper de Sarkozy comme on l’a souvent écrit. Je suis plus nuancé qu’il n’y paraît souvent ». L’image de dézingueur politique ne lui convient plus : « Je vais essayer de corriger ça, même si je ne suis pas certain d’y parvenir ». En tout cas, il a déjà mis la mue en marche. De bretteur madré et incisif comme un scalpel, il a prouvé, pendant cette campagne, qu’il pouvait assagir son propos comme sa manière de faire. Le roquet mordeur et mordant a laissé place à un chien de garde simplement pugnace. Pour autant, la compromiss­ion n’est toujours pas son genre de beauté.

« Pas une posture de radicalité »

Au Parlement, il sera toujours cette droite « forte » et une opposition « franche » : « Je ne voterai pas la confiance au gouverneme­nt et ça sera la ligne majoritair­e de notre groupe à l’Assemblée ». Ce qui ne l’empêchera pas d’être un « élu responsabl­e », assure-t-il. « Je n’aurai pas une posture de radicalité ». D’autant que, là-haut, ce n’est pas la seule bataille qui s’annonce. L’heure de la clarificat­ion chez Les Républicai­ns a sonné. Il en sera l’un des artisans. Il le souhaite. Sa famille politique a « trop souffert ». La faute à Fillon ? « J’étais lucide sur le scénario catastroph­e. Je n’ai jamais été dans le déni. J’ai pensé qu’il devait se retirer. Nous en avons beaucoup parlé en semble. Mais je n’ai jamais fait état publiqueme­nt de tout cela. On s’est heurtés à l’incapacité de choisir. Juppé était très minoritair­e et Baroin a subi le veto de Juppé. Et puis Fillon a préféré rester. Je me suis dit alors qu’il fallait tout tenter. »

 ??  ?? Eric Ciotti, réélu, dimanche soir, le dit lui-même : c’est le combat électoral le plus difficile qu’il ait mené. (Photo Frantz Bouton)
Eric Ciotti, réélu, dimanche soir, le dit lui-même : c’est le combat électoral le plus difficile qu’il ait mené. (Photo Frantz Bouton)
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