La République en marche ! à l’heure de la structuration
Après le temps de l’insouciance et des succès tombés quasiment sans coup férir dans son escarcelle, le mouvement présidentiel va désormais devoir s’installer
Bien sûr, le premier tour pouvait nous laisser espérer un plus grand nombre de députés encore. Mais je suis malgré tout très satisfait. Compte tenu de la sociologie locale, avoir trois députés dans ce département très à droite est déjà inespéré.» Richard Perrin, le référent azuréen de La République en marche!, ne boudait pas son plaisir hier, tout en invitant «à l’humilité, à la responsabilité, à la détermination et à l’engagement pour relever les grands défis de ces cinq prochaines années ». Pour son mouvement, après une première année vécue comme dans un rêve, toute d’insouciance, de bohème et d’euphorie, l’heure de la structuration va sonner.
Une armée qui ne paie pas
La République en marche! regroupe aujourd’hui 7900 adhérents dans les Alpes-Maritimes. Une armée conséquente, à faire pâlir le PS notamment qui en compte dix fois moins, à ce détail capital près que… les marcheurs, contrairement aux adhérents des autres partis, ne paient pour l’instant aucune cotisation. Cette situation ne pourra sans doute durer ad vitam aeternam. Ce sera l’un des points qui devront être tranchés lors de la grande convention nationale qui réunira les militants, début juillet à Paris. «Les membres seront amenés à donner leur avis sur l’avenir et la structuration du parti, à travers différents ateliers », indique Richard Perrin. Concernant spécifiquement les Alpes-Maritimes, lui souhaite voir son mouvement, qui a jusqu’ici vécu à la fortune du pot, se doter d’une ou plusieurs permanences. «Nous allons avoir besoin de points de rencontre fixes pour accueillir ceux qui nous ont rejoints ou voudront le faire, sachant que nous comptons déjà cinquante comités dans le département, dont certains sont extrêmement actifs », pose-t-il, indiquant aspirer à poursuivre son engagement à la tête du mouvement maralpin. En ligne de mire, un quadrillage en règle de toutes les échéances électorales à venir, à commencer par les Européennes en 2019 puis les municipales en 2020, pour des candidats qui, à l’instar de l’avocate niçoise Caroline Reverso-Meinietti, semblent avoir pris joyeusement goût à la joute politique. La République en marche !, c’est le revers de son succès, après avoir dû choisir ses candidats aux législatives dans l’urgence et l’improvisation, va dorénavant gérer le trop-plein, l’arrivée probable de personnalités plus ou moins convaincues attirées par la lumière. Avant même les législatives, Khaled Ben Abderrahmane, porte-parole azuréen du mouvement, confessait volontiers que celui-ci drainait, inévitablement, son lot d’opportunistes.
Un afflux à gérer
À l’heure où les vieux partis vont se recomposer ou, pour certains, se décomposer, La République en marche ! aura à digérer un afflux, de gens de gauche en particulier qui a déjà démarré ces derniers mois, sans tomber dans un fonctionnement partisan classique incompatible avec son ADN. Pas si simple… Le bal des ambitieux et son cortège de rivalités ne sont une sinécure pour personne. Mais chaque chose en son temps. Les trois députés marcheurs azuréens, Loïc Dombreval, Cédric Roussel et Alexandra Valetta-Ardisson, vont pour l’instant savourer leur bonheur et mettre le cap sur l’Assemblée, où ils suivront ce weekend un séminaire initiatique, avant leur grande rentrée dans l’hémicycle le 27 juin.