Nice-Matin (Cannes)

Michèle Tabarot, main de fer dans un gant de velours

- M. L.-M.

C’est une profession­nelle de la politique. Sous sa blondeur tout angélique, Michèle Tabarot, député de la 9e et maire du Cannet, est aussi décrite comme un général en campagne. «Une femme autoritair­e. Le conseil municipal est une chambre d’enregistre­ment », regrette Laurent Toulet, élu d’opposition DvD. « Sincère, fidèle, sur le plan humain, je ne lui vois que des qualités », énumère Yves Prigrenet, son 1er adjoint. Michèle Tabarot brigue son premier mandat d’élue en 1983. Fait ses armes au côté du maire Pierre Bachelet.

Positions tranchées

Elle prend - ses détracteur­s disent «arrache» - la commune en 1995. Elle ne l’a plus lâchée depuis. Passant même dès le 1er tour en 2001, alors démocrate-libérale, puis sous l’étendard UMP en 2008 et en 2014. Très vite, elle décroche bien d’autres mandats électifs. Une «vraie machine de guerre» ,dit d’elle son opposante REM aux dernières législativ­es, Dominique Fillebeen. Fille de Robert Tabarot, l’un des dirigeants de l’OAS à Oran, qui « m’a transmis ses valeurs », rappelle-t-elle souvent, cette pied-noir soutenue par la communauté des rapatriés n’a pas peur de la bagarre. Ne craint pas de s’isoler politiquem­ent par conviction : elle défend Jean-François Copé dans sa traversée du désert; sa commune contre la communauté d’agglomérat­ion du pays des Lérins, où elle siège pourtant. Dès la naissance aux forceps de la collectivi­té, ses positions sont tranchées: le transport en site propre ne passera pas par sa ville. Elle garde la barre du Cannet, trop souvent à son goût à la remorque du navireamir­al cannois.

Brouille de sang-froid

Elle est capable de se brouiller de sang-froid. Contre son ami d’hier, le maire de Mandelieu, Henri Leroy. Contre Eric Ciotti, président des A.-M. qui bat froid un temps Philippe Tabarot, alors conseiller municipal d’opposition à Cannes; et lui reprend la vice-présidence du conseil général. Il est aujourd’hui vice-président du conseil régional. La politique est aussi une affaire de famille. La famille est l’autre moteur de Michèle Tabarot discrète sur sa vie privée: sa mère Jeannette, son frère aîné Roch, le seul à être resté en Espagne où les Tabarot, en quittant l’Algérie indépendan­te, se réfugient jusqu’à l’amnistie en 69 des anciens de l’OAS. Si elle a cette réputation de dure à cuire face aux puissants, elle est toute douceur, dit Philippe, admiratif, « pour les plus fragiles», les plus jeunes dont elle prend fait et cause à l’échelon national. Elle apprend avec l’âge et la vie à mettre quelques gouttes d’eau dans son coca light, sa boisson préférée. Elle cède un peu. Le Bus en site propre pourrait finalement avancer sur sa commune. Si la mort du patriarche a porté un coup rude, la naissance l’an dernier de Louis, fils de Philippe, a attendri cette guerrière sans enfant qui laisse un peu plus apparaître la femme prête à lâcher un peu sa ville, son enfant en quelque sorte, pour se consacrer à sa nouvelle députation… « Le mandat à venir offre pas mal d’incertitud­e sur ce que le président et le gouverneme­nt proposeron­t. Je voterai si c’est positif. Je m’opposerai avec fermeté si c’est négatif», conclut Michèle Tabarot, évoquant son engagement sur les dossiers et les idées et son attachemen­t au territoire.

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