Sécurité privée : croissance à l’ombre du terrorisme
Depuis les attentats de novembre 2015 à Paris, la demande est en constante progression. Mais le secteur, peu attractif, et dont les salariés sont trop précarisés, peine à recruter
Depuis 2015 et les attentats de Paris, la menace terroriste dope le business de la sécurité privée. Un constat sans appel qu’ont partagé près de 130 professionnels réunis jeudi et vendredi au Negresco, pour le 25e congrès national du secteur. « L’emploi dans la sécurité privée a augmenté de 20 % dans l’événementiel, le ponctuel. En ce qui concerne l’emploi constant, cela a progressé de 6 % à 10 % depuis les événements de 2015», analyse Jean-Pierre Tripet, le président du Syndicat national des entreprises de sécurité (SNES) : «Aujourd’hui, il n’y a plus une mission festive sans qu’on ne fasse appel à la sécurité privée». Christian Estrosi, maire de Nice, a rappelé, en ouverture du congrès, que la sécurité est avant tout une mission régalienne de l’État, mais que «l’erreur serait de refuser de construire une réponse globale qui concerne tous les partenaires de la chaîne de sécurité». Des propos qui rejoignent ceux tenus par le nouveau directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Patrick Mairesse, interviewé dans nos colonnes: « La sécurité privée doit monter en puissance, comme on l’a vu au Festival de Cannes. » En France, on compte désormais près de 160 000 agents de sécurité privée. C’est la commande publique qui vient majoritairement alimenter le secteur. « Hélas, le prix payé par les donneurs d’ordre est trop bas, dans un contexte très concurrentiel. Cela précarise les agents », regrette Jean-Pierre Tripet. Un recours accru au privé donc, mais qui sont ses agents ? Quelle est leur formation, leur sérieux ? Le SNES le reconnaît, c’est là l’une des clés du secteur : fiabiliser l’embauche en contrôlant les parcours et en formant. « Le recrutement reste compliqué, notamment l’été. Le métier n’est pas suffisamment attractif», souligne pourtant Philippe Bettini, patron du groupe Protector, créé en 1985 et basé à Saint-Laurent-du-Var. Un problème de formation ? « Non, c’est parce qu’on n’arrive pas à avoir des niveaux de rémunération suffisamment attractifs. Il va donc falloir valoriser, professionnaliser, notamment avec l’armement », ajoute Philippe Bettini, qui est également délégué régional du SNES. La loi du 28 février 2017 sur la sécurité publique a en effet créé un nouveau statut : l’agent de sécurité armé. Il pourra être doté d’armes léthales. Effectif au 1er janvier 2018, ce statut sera réservé aux « agents évoluant dans des circonstances les exposant ou exposant les personnes se trouvant dans les lieux surveillés à un risque exceptionnel d’atteinte à leur vie». Le président du SNES, JeanPierre Tripet, évoque un «plus pour la profession». Tout en précisant «être conscient du poids de la responsabilité» et souhaiter «que les formations des agents soient complètes et significatives».