Aide aux migrants dans la Roya : « Des actions légales et justifiées »
L’un sort de garde à vue, d’autres viennent d’écoper d’une amende avec sursis, un autre s’apprête à être jugé en appel. De Cédric Herrou à Pierre-Alain Manonni, tous ont un point commun : ils ont été interpellés, puis jugés pour avoir aidé des migrants à circuler en France. « Des actions parfaitement légales, légitimes, justifiées et justifiables », soutient Me Zia Oloumi, sur les marches du palais de justice de Nice. Hier soir, le collectif Roya Citoyenne a rassemblé une quarantaine de militants pour communiquer sur les dernières péripéties judiciaires qui ont conduit, à quatre reprises en un mois, des citoyens solidaires des migrants en garde à vue. Cédric Herrou, figure de proue de ce mouvement citoyen, en était à sa quatrième garde à vue - «la deuxième sans poursuite». Au côté du journaliste anglais qui a partagé sa mésaventure, l’agriculteur persiste et signe: «Tant qu’il y aura un espace de non-droit dans la Roya, on se battra pour que ce droit soit là. Plus on nous persécutera, plus on sera nombreux.» Il dénonce un «harcèlement» judiciaire à son encontre. « Au départ, j’ai fait des actions de façon impulsive. J’ai compris la leçon. Désormais, on est totalement dans la légalité et on essaie de nous incriminer; on le prend comme une insulte! On protège des mineurs, or ce n’est pas un droit: c’est un devoir.»
« Pas normal de se retrouver au tribunal »
Le droit est donc du côté de ces citoyens solidaires, martèle Me Zia Oloumi. « La pression policière semble être la seule réponse aux flux migratoires dans la vallée. Mais cette pression ne freine pas l’action solidaire de ceux qui agissent pour assurer la dignité de mineurs étrangers. » Et l’avocat de s’interroger sur une éventuelle « instrumentalisation politique de la justice ». La justice, Pierre-Alain Mannoni la retrouvera lundi, à Aix-en-Provence. Relaxé en première instance à Nice, cet enseignant-chercheur plaidera sa cause en appel, épaulé par Me Maeva Binimelis. « Ce n’est pas normal de se retrouver au tribunal quand on assiste des gens qui ont besoin de l’être. C’est même très inquiétant. » Le procès de Pierre-Alain Mannoni, concomitant à celui de Cédric Herrou, avait été le premier à recevoir un tel écho médiatique. Depuis, ces affaires se sont multipliées. Les soutiens aussi. « Ça m’a conforté dans l’idée que ce que j’ai fait avait un sens. » La jeune femme, d’origine américaine pour laquelle la police de Menton avait lancé un appel à témoin jeudi, a été retrouvée saine et sauve hier. Evelyn Garcia, âgée de ans, n’avait plus donné signe de vie depuis le juin. Ni par téléphone, ni sur les réseaux sociaux. Un ami résidant à Monaco avait alors donné l’alerte. En réalité, Evelyn Garcia s’est fait voler son portable et a décidé de se rendre chez des proches en Espagne.