Pascal Condomitti : « La guerre interne nous mènera à l’échec »
Le secrétaire départemental adjoint des Républicains évoque la brouille Estrosi - Ciotti. Il invite son parti, qui connaît une hémorragie de militants, à se relever par le débat et non l’anathème
Christian Estrosi a fait voeu de silence médiatique. Le maire de Nice, tout entier tourné vers la commémoration du 14Juillet, n’entend plus s’exprimer sur la politique politicienne avant la rentrée de septembre. Alors c’est Pascal Condomitti, l’un de ses plus proches collaborateurs en mairie, par ailleurs secrétaire départemental adjoint des Républicains, qui a été envoyé hier au feu pour répondre à Eric Ciotti, qui avait assez violemment scellé la veille sa rupture idéologique avec Christian Estrosi (lire nos éditions de vendredi).
Que vous inspire la lutte ouverte entre Eric Ciotti et Christian Estrosi ?
Je n’ai pas compris les attaques d’Eric Ciotti à l’encontre de Christian Estrosi, si ce n’est que cela me rappelle l’attitude de division qu’il a déjà eue par le passé avec Gaston Franco ou Michèle Tabarot. Eric Ciotti dit qu’il faut clarifier les choses. Et oui, effectivement, notre mouvement a besoin d’une clarification. Mais il y a deux méthodes pour y parvenir. La première, c’est le débat. Il est nécessaire. Notre famille politique a subi un échec cuisant et elle ne pourra se relever que dans le débat. C’est cette méthode que Christian Estrosi privilégie. Et puis, il y a une autre méthode qui est de toujours faire la guerre. Mais la guerre interne nous mènera à la division et à l’échec. C’est donc une démarche à bannir. Appeler comme l’a fait Eric Ciotti à une purification de notre parti et à des exclusions n’est pas une solution. Pour avancer, il faut le débat, pas l’exclusion.
Christian Estrosi est le président des Républicains , Eric Ciotti en est le secrétaire. Faut-il dès à présent une élection pour trancher la ligne du parti ici ?
Ce débat aura lieu en novembre avec l’élection du président national de notre mouvement. Notre parti a besoin de tirer les leçons de cette folle année électorale. Nous devons nous poser les vraies questions sur les causes de nos défaites, à la présidentielle et aux législatives. Et il ne faut pas se cacher derrière des écrans de fumée : le principal artisan de notre défaite est François Fillon. Ceux qui l’ont soutenu jusqu’au bout portent une lourde part. Lors du meeting de Fillon à Nice, où des sifflets ont été organisés contre Christian Estrosi, Eric Ciotti a évoqué avec enthousiasme le Trocadéro. Pour moi, le Trocadéro a été l’acte fondateur de notre défaite. Ce jour-là en effet, on a scellé le sort de notre famille politique, alors qu’il était encore temps de changer de candidat. Nous devons aujourd’hui faire revenir ceux qui nous ont quittés. Je vais vous donner un chiffre. Au mai dans les Alpes-Maritimes, nous sommes tombés à environ adhérents à jour de cotisation, alors que nous en avions près de auparavant. Cela doit nous donner à réfléchir…
N’y a-t-il pour vous qu’une bonne manière de combattre le FN ?
Ce n’est pas en appelant à voter blanc au deuxième tour de la présidentielle que l’on combat le Front national. Christian Estrosi, qui reste gaulliste, l’a toujours combattu avec une énergie incroyable depuis vingt-cinq ans. S’il a accepté de se battre pour gagner la Région, c’était pour combattre le FN. Et il a réussi, avec d’autres, à ce que nous n’ayons aucun député du Front national dans notre département. Nous devons être clairs sur ce sujet : il ne doit y avoir aucune compromission de notre part avec le FN. Quand Eric Ciotti dit dans vos colonnes qu’il n’aura jamais de collusion avec le Front national, j’espère qu’il dit vrai, même si son adversaire du Front national n’a cessé de tenir des propos élogieux à son égard. Je dois avouer que j’ai été perturbé lors de ces législatives par ses rapports ambigus avec Benoît Kandel (candidat du CNIP dans la e circonscription face à la candidate LR Marine Brenier, ndlr). Certes, M. Kandel n’est pas au Front national, mais il siège avec Olivier Bettati (apparenté FN) au conseil municipal de Nice. Il est une sorte de Dupont-Aignan, il est de la même veine. Et qu’il ait obtenu % des voix à Saint-Martin-Vésubie (le fief d’Eric Ciotti, ndlr) me trouble, de même que sa présence à un apéritif de Monsieur Ciotti. Je n’aurais L’ASSOCIATION DES LECTEURS NICE-MATIN ET VAR-MATIN jamais laissé M. Cotta (candidat divers droite) assister à un apéritif de Marine Brenier. De la même façon, on peut légitimement se demander si le basculement de Philippe Vardon (FN) de la re vers la e circonscription n’a pas été le fruit d’un accord entre les uns et les autres, avec pour principale victime Rudy Salles. Pour ce qui me concerne, comme pour Christian Estrosi, il ne peut y avoir aucune collusion avec le FN.
Eric Ciotti se plaint de son côté de ne pas avoir été soutenu, bien au contraire, par Christian Estrosi dans sa campagne…
Comme Rudy Salles et Marine Brenier, Eric Ciotti a été invité à la soirée de soutien de Christian Estrosi aux candidats niçois, le juin. Il s’est contenté d’envoyer son suppléant Auguste Vérola. Christian Estrosi n’a en tout cas jamais fait campagne pour Mme Reverso-Meinietti (REM).
Eric Ciotti a malgré tout mal vécu la réception à Nice de Gérald Darmanin, venu soutenir la candidate d’« En marche ! »…
J’ai cru comprendre dans la presse que Gérald Darnanin avait un compte personnel à régler avec Eric Ciotti, suite à sa position entre les deux tours de la présidentielle.
Pouvez-vous imaginer qu’en Christian Estrosi et Eric Ciotti s’affrontent pour la mairie de Nice ?
Ce serait une trahison de la part de celui à qui Christian Estrosi a tout donné. Ils font partie de la même famille politique. Christian Estrosi est maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d’Azur. S’il décide de se présenter à sa succession, notre mouvement devra le soutenir. Il a un bon bilan, il a transformé Nice. Pour moi, un tel duel serait donc inconcevable.