Alerte rouge pour le risque incendie
La situation est critique en Corse et dans le Var. Et commence à devenir très préoccupante dans les Alpes-Maritimes
L’alerte est maximale. Les sapeurspompiers du département sont sur le pied de guerre pour parer au risque des grands incendies. Le tragique exemple du Portugal, et la sécheresse, inédite depuis 2003 en Corse, et très préoccupante dans le Var, incitent à la plus grande vigilance dans notre région. Du côté de la préfecture des Alpes-Maritimes, on prend les choses très au sérieux. Le directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes, Jean-Gabriel Delacroix, se rendra d’ailleurs mardi à Marseille avec ses homologues. Le but : peaufiner le plan de bataille contre le risque incendie. Il participera à une réunion zonale de mise en place des stratégies d’attaque en cas d’incendie. Depuis mercredi dernier, la circulation et le stationnement sur certaines voies desservant les massifs forestiers ont d’ailleurs été réglementés par la préfecture. Le risque est trop grand. 60 hectares ont déjà brûlé dans les Alpes-Maritimes depuis le début de l’année et 150 en Corse. «La situation est extrêmement préoccupante en Corse et dans le Var», prévient Marie-France Delansorne, chef du centre météorologique de Nice de Météo France. Dans les Alpes-Maritimes, le risque est pour l’instant nettement moins élevé, à une grande exception : l’ouest du département. Il n’a pas plu de manière significative depuis le 7 mai dernier dans le massif du Tanneron. «Dans cette zone, de Cannes à Théoule, la sécheresse superficielle qui caractérise la végétation basse est très marquée. Il faut remonter à 2003 pour trouver de telles valeurs», complète MarieFrance Delansorne. Si on y ajoute le fait que l’hiver 2017 a été l’un des trois plus secs depuis trente ans, selon Météo France, la situation pourrait donc devenir à son tour très inquiétante dans les Alpes-Maritimes en juillet.
La «guerre du feu»
La mobilisation s’organise. «Bien que fortement mobilisés, les régions, les départements, les services de l’État ne peuvent réussir cette « guerre du feu » sans le soutien et la vigilance de tous», prévient Jacky Gérard, président de l’Entente pour la Forêt Méditerranéenne. La lutte contre les incendies a démarré il y a quelques mois déjà. Notamment grâce au travail de Force 06, qui a « déminé » les zones potentiellement dangereuses. Vers la fin mars, près d’un millier d’hectares ont volontairement été brûlés dans le haut-pays pour prévenir les incendies le reste de l’année. Un effort qui paye. Les surfaces incendiées ont été divisées chaque année par dix depuis les décennies 70 et 80. L’année 2003 – celle à laquelle les indicateurs actuels renvoient – restera malgré tout accrochée au tableau noir. Cette année-là deux feux spectaculaires ont attaqué Cagnes-sur-Mer en milieu urbain (234 ha) et Lucéram (2 893 ha). Pour cet été, le service départemental d’incendie et de secours va déployer des groupes feux de forêt sur l’ensemble du département. L’an dernier ils étaient quinze, chaque poste comprenant quatre camions et dix-huit pompiers. Prépositionnés, ils seront en mesure d’intervenir plus rapidement, appuyés par des postes de vigie. Le département peut également s’appuyer sur des hélicoptères bimoteurs Bell 212, aptes à survoler les zones urbaines. Côté moyens aériens, une grande nouveauté cette année, des avions anti incendies seront prépositionnés à Cannes-Mandelieu. Ces trackers Grumman S-2 peuvent transporter 3 300 litres d’eau et de produits retardant. Ils étaient traditionnellement postés à Marignane. D’autres avions patrouilleront pour compléter le dispositif de détection. Tout est paré. À chacun, citoyens compris, d’être plus vigilant que jamais.