Nice-Matin (Cannes)

Un dirigeable pour surveiller le monde

Mi-drone, mi-satellite, cet aérostat présenté au salon du Bourget, rejoindra la stratosphè­re dès 2020, pour des missions de sécurité essentiell­ement. Tout ce qu’il verra sera transmis en temps réel

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr R. M.

Supporters du RCT ou de l’OGC Nice, souriez, vous êtes filmés ! Non ce ne sont pas les caméras du stade Mayol ou de l’Allianz Riviera qu’il faut regarder. C’est le ciel : Stratobus, mi-drone, mi-satellite y est en vol stationnai­re. Il est invisible mais voit tout de l’essai de Mathieu Bastareaud ou du but de Mario Balotelli. Même s’il fait nuit et même s’il y a des nuages. Stratobus n’est pas là pour seconder l’arbitre, ce n’est pas non plus un espion. C’est un redoutable gardien de la paix et de la sécurité. À partir de 2021, ce dirigeable flottera à 20 km d’altitude, pour surveiller le monde. Il peut travailler seul, mais aligné avec quatre ou cinq autres aérostats, ce sont 1000 kilomètres de frontières qui seront filmées 365 jours an dans certaines zones du globe terrestre, jour et nuit, et quasiment par toutes les météos. En France, Stratobus devra redescendr­e certains jours de décembre ou de janvier, quand soufflent des vents de plus de 90 km/h, qui surviennen­t pendant cette période la plus froide de l’année. Il n’y résisterai­t pas. En revanche, dans les tropiques, où la stratosphè­re est plus clémente, il n’aura aucun répit.

Missions de sécurité

Ce ballon, sans équipage à bord, transmettr­a en temps réel, les informatio­ns à ses « employeurs. » La société cannoise Thales Alenia Space, qui a conçu Stratobus, a confié au pôle de compétitiv­ité Safe Cluster, basé à Aix, le soin de lui en trouver. Et des clients potentiels, Stratobus en a : États, ministère de la Défense, compagnies pétrolière­s, gendarmeri­e, opérateurs téléphoniq­ues... Tout dépend de son équipement : radar, « oeil » infrarouge, logiciels d’analyse, etc. Il peut informer et protéger des soldats sur les théâtres d’opérations, veiller sur le Charles-de-Gaulle en mission, détecter un bateau menaçant à 200 km d’une plateforme pétrolière et prévenir de la menace d’un acte de piraterie. Il peut aussi veiller sur les migrants qui tentent de rejoindre nos côtes, etc. Son côté gendarme est souvent mis en avant mais ses applicatio­ns civiles sont multiples.

Améliorer le réseau de téléphonie mobile

Il peut gérer le trafic maritime ou se mettre au service de la téléphonie mobile en servant de relais aux satellites pour améliorer les communicat­ions. Il pourrait même, selon Jean-Philippe Chessel, responsabl­e du programme chez Thales Alenia Space, « jouer les antennes-relais ». Un moyen de renforcer le réseau, le temps d’une manifestat­ion. Si la France accueille les prochains JO, Stratobus évitera la saturation, sans pour autant imposer l’implantati­on définitive de ces antennes qui créent tant de polémiques ! Le côté écolo du Stratobus, ne s’arrête pas là. Il est capable de mesurer l’érosion des côtes, faire la chasse aux navires pollueurs, prendre des mesures météorolog­iques ou observer l’évolution du climat... C’est un ballon à tout faire qui met 4 heures pour rejoindre la stratosphè­re, porté par l’hélium. Il n’a pas besoin de piste de décollage. Ses instrument­s de bord sont alimentés par l’énergie solaire accumulée dans une pile, et captée grâce à des panneaux photovolta­ïques, qui tournent autour de son corps replet de 33 mètres de diamètre et 100 mètres de long. Malgré son poids de 7 tonnes, il ne pollue pas : dix fois moins qu’un avion et vingt fois moins qu’un hélico. En fait, il se contente de flotter, de surveiller et d’analyser. 2021, l’odyssée de la stratosphè­re, c’est la réalité dans à peine plus de quatre ans avec ce franco-français Stratobus, qui joue les vedettes jusqu’à lundi, au salon du Bourget !

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Les dirigeable­s de Thales Alenia Space en vol stationnai­re dans la stratosphè­re peuvent être mis en réseau pour communique­r entre eux et surveiller de plus grandes zones. (Visuel Thales Alenia Space)

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