Nice-Matin (Cannes)

ILS ONT FAIT L’ACTU DU  JUILLET 

- ANDRÉ PEYRÈGNE.

Le 24 juillet, 1937, les habitants de Sospel, dans les Alpes-Maritimes, ont la surprise de découvrir que le plus grand magazine français, L’Illustrati­on de Paris, s’est intéressé à leur commune et a publié un reportage de plusieurs pages, agrémenté en couleurs par des tableaux du peintre Maurice Décamps, qui a été envoyé sur place pour l’occasion. L’article a été rédigé par un écrivain de notre région, Émile Ripert, ami de Mistral, professeur au lycée de Toulon. « Les voyageurs qui montent de Nice ou de Menton, écrit Émile Ripert , et qui voient, une fois les cols franchis, s’étaler au milieu de son bassin alpestre le gros bourg de Sospel peuvent bien penser qu’il y a là des gens heureux, des villageois ensoleillé­s, mais ils ne se doutent guère, s’ils n’ont lu l’histoire de la petite cité, qu’il convient en l’abordant de la saluer du titre de comtesse. C’est sous ce beau titre que l’érudit Sigismond Alberti publiait à Turin en 1828 une grande histoire de la petite ville, ‘‘IIstoria della citta di Sospello, comtesse di Molinetto e di Castiglion­e’’. » « Ce beau titre de « comtesse » fut donné à la cité, dont la fière allure le justifie bien, par le duc Victor-Amédée de Savoie afin de reconnaîtr­e sa fidélité au cours de la guerre qu’il soutint contre le roi de France en 1690.»

Le ministre des Travaux Publics en visite

Et le journalist­e d’expliquer que les Sospellois avaient opposé une résistance héroïque aux troupes de Catinat, Les chasseurs alpins défilent pour la première fois au  juillet

Grande nouveauté au défilé du  juillet , qui s’est déroulé en présence du président de la République Albert Lebrun, du roi de Roumanie et du sultan du Maroc : les chasseurs alpins ont défilé pour la première fois. On les a vus descendre les Champs-Elysées avec leurs skis sur leurs épaules. Cet honneur rejaillit sur notre région, puisque plusieurs envoyées par Louis XIV pour conquérir le PiémontSar­daigne et la Savoie. « C’est le moment, s’était écrié le lieutenant-colonel Charles Alberti, ô guerriers valeureux, d’affirmer avec le sceau rouge de votre sang votre loyauté envers son Altesse Royale ! » « Les habitants de Sospel, enflammés par cette harangue, résistèren­t héroïqueme­nt, si bien qu’on fut obligé de faire venir par le col de Braus neuf mille hommes de troupes françaises afin d’en avoir raison. Mais le nombre accabla la vertu... Par la suite, Sospel devait encore faire partie de la Savoie puisque le 26 août 1696 le traité de Turin la rendait, avec tout le comté de Nice, à Victor-Amédée II, lequel alors donna à la ville fidèle le titre de comtesse de Moulinet et de Castillon, deux bourgs voisins qu’elle s’inféodait ainsi », poursuit l’auteur de l’article. Émile Ripert en vient à parler de l’époque contempora­ine où, en ce début du XXe siècle, il prédit un bel avenir économique à la commune. La raison en est simple : l’instaurati­on de la ligne de chemin de fer Nice-Cuneo, qui vient d’être inaugurée, bataillons de ce corps d’armée se trouvent casernés à Antibes, va apporter la prospérité à toute cette zone des AlpesMarit­imes.

La ligne Nice-Coni inaugurée en 

« La France a réalisé un projet qui tenait depuis longtemps au coeur des Sospellois, celui de les placer sur la grande route des échanges entre la France et l’Italie, en faisant passer par Sospel la ligne de chemin de fer qui relie Nice à Coni de façon si pittoresqu­e. M. André Tardieu, ministre des Travaux Publics, l’a inaugurée le 30 novembre 1928. Nul personnage plus important n’y était venu depuis le passage des ducs de Savoie et du pape Pie VII lorsque, ramené par Napoléon, en 1809, de Nice à Savone, il passa par Sospel. Si bien accueilli qu’ait été, en 1928, M. Tardieu, il n’aura pas vu les églises et toutes les maisons illuminées comme elles le furent pour le pape ! » Émile Ripert est sous le charme. À tel point qu’il en vient à comparer avec lyrisme les jardins de Sospel à ceux de Babylone : « Les feux du soleil, sans illuminati­ons, sont encore bien beaux sur le vieux pont qui enjambe Grasse, Nice, Villefranc­he-surMer et Menton. la Bevera, sur la façade des églises, les maisons roses et dorées, la Loggia qui est l’ancien palais communal, sur les arcades trapues qui permettent en tout temps de jouir de l’air sain et pur, où les baumes de la montagne s’allient aux senteurs maritimes qui montent de la Méditerran­ée, et l’art des peintres qui se sont exercés là, tels que Décamps permet d’en apprécier le charme, les formes et les couleurs. Heureux pays de Sospel, sospeso a-ton envie de l’appeler, suspendu entre deux splendeurs, celle des cimes neigeuses, celle des flots bleus, et qui semble les recueillir en son cirque harmonieux, jardin suspendu comme ceux d’une Babylone, mais qui n’aurait rien à craindre, étant sans faste et sans orgueil, de la vengeance céleste, suspendu aussi entre la France et l’Italie, dont il a le charme double et unique. » Les garçons de café en grève

Les garçons de café sont en grève. En effet, dans plusieurs villes de France, a été lancée une expérience visant à accueillir les clients sans consommati­on, simplement pour le droit de s’asseoir à l’ombre. Ils acquittent uniquement un droit de siège. La formule a eu du succès auprès des passants, mais a suscité la colère des garçons de café qui voient ainsi leur rôle amoindri et leur profession menacée. Nous sommes en . Le chevalier Tinco Lycklama, jeune aristocrat­e hollandais (-), épris d’exotisme, parvient aux confins de la Perse. Son périple en Orient durera trois ans. De retour en Europe, affaibli par les épreuves de la route, il choisit de s’installer à Cannes, alors en plein essor. À l’occasion du e anniversai­re du musée de la Castre, l’exposition retrace le parcours hors du commun de cet aventurier mondain, amateur d’antiquités, qui fit don de ses précieuses collection­s à la ville de Cannes en . Lycklama fut l’un des premiers « touristes » à visiter l’Iran, la Mésopotami­e et le Levant. Son récit de voyages révèle sa fascinatio­n pour la cour des Qajars, les bazars de Bagdad, les vestiges récemment découverts des civilisati­ons disparues… Il témoigne aussi des conditions de voyage de son époque : les pistes désolées, la lenteur du courrier, l’hospitalit­é orientale, les intrigues politiques, les affres du climat… L’exposition présente également une sélection exceptionn­elle d’objets archéologi­ques, d’oeuvres d’art et de « curiosités orientales », ainsi que de nombreux documents d’archives et photograph­ies anciennes, pour la plupart inédits.

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