« Un moyen de dépasser la douleur »
Noël Smara, fondateur de l’association « Exploits sans frontières », est à l’initiative de l’expédition. Cet ambulancier niçois, rompu aux défis les plus osés, s’est déjà attaqué à cinq reprises à l’Himalaya… Y compris à Vélo Bleu. Il explique l’esprit de cette aventure.
Quel est le sens de ce challenge sportif, à la symbolique forte ?
Le juillet dernier, nous étions déjà dans l’Himalaya, à plus de mètres de hauteur. C’est en redescendant que nous avons découvert l’horreur inacceptable. J’ai voulu réaliser un autre projet afin de rendre hommage à toutes ces victimes, à toutes ces familles endeuillées, et à tous ceux qui ont porté secours ce soir-là. D’où l’idée d’un groupe qui porte ces galets pour les déposer au sommet de l’Himalaya.
Que représentent ces galets ?
Ce sont nos anges que l’on déposera en haut de ce sommet. Toutes ces personnes qui ont perdu la vie, tous ces enfants… C’était une horreur, ce soir-là. Il fallait apporter de la lumière, un soutien aux familles dans le deuil. C’était symbolique de porter les galets de la Prom’, représentant chaque victime. Les personnes endeuillées sauront qu’on a déposé leurs proches au plus près des anges.
Façon de répondre à la barbarie par un symbole pacifique ?
Tout un pays a été touché ; c’est un devoir de mémoire que nous devons accomplir. Tout le monde doit se sentir obligé de mener des actions telles que la nôtre, pour ne jamais oublier.
Avec kg de galets à se répartir, votre paquetage s’annonce encore plus lourd…
Ce n’est pas grave, ça. Si certains n’arrivent pas au sommet, nous récupérerons leurs galets afin d’accomplir leur mission.
Bien que soudé, ce groupe est très hétérogène. D’où l’intérêt de ces entraînements ?
Dans le groupe, personne n’est aguerri pour « faire un ». Moi le premier… En haute montagne, il faut rester humble. Le mal des montagnes peut toucher le plus grand alpiniste au monde ! L’entraînement est donc obligatoire. On va persévérer. De toute façon, tout va se jouer au mental. On croise les doigts et on espère réussir. Muriel Rolle va marcher pour sa belle-fille Myriam Bellazouz et sa mère, Léa Mignaçabal, deux des victimes du -Juillet.
Que représente ce défi à vos yeux ?
J’ai adhéré à ce projet parce que j’ai été particulièrement touchée par l’attentat, dans lequel j’ai perdu deux proches. C’est toujours inacceptable, ça reste une blessure ouverte à jamais. Alors c’est très important pour moi de rendre hommage à ces êtres exceptionnels – comme tous les disparus. Je veux leur faire honneur. C’est aussi un moyen de dépasser la douleur. J’ai hésité à le faire et, finalement, ce défi s’est imposé à moi. Étant assez sportive, je pense avoir les moyens d’y arriver. Quand j’ai fait les marathons de Berlin et Nice-Cannes, j’ai eu l’impression d’être portée par mes proches. D’une certaine manière, au travers de ce projet, on continue à faire vivre les personnes disparues.
Quelle symbolique prêtez-vous à ces galets ?
C’est le symbole de Nice. Or je représente l’association Promenade des Anges, comme la baie où sont décédées les victimes. C’est très important d’amener près d’elles ces galets, choisis dans cette baie. Pour que ce qui était un drame devienne une force.