Nice-Matin (Cannes)

Aux assises, amants hier ennemis aujourd’hui

Depuis une semaine, la cour d’assises à Nice ne désemplit pas. Le public se presse pour suivre le procès de deux amants varois accusés de l’assassinat du mari gênant. Verdict attendu mardi

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin. fr

Ils n’échangent pas le moindre regard depuis une semaine, se tiennent le plus éloignés possible l’un de l’autre dans le box de la cour d’assises d’appel des Alpes-Maritimes. Linda, 40 ans, assistante de direction, mariée, mère de deux enfants, et Kamel Belladjimi, 35 ans, son ancien amant, ont été reconnus coupables en 2015 à Draguignan de l’assassinat d’Hichem Ben Brika, 35 ans, le mari de Linda.

L’assassin accuse

Le drame est survenu le 2 octobre 2011 vers 21 h 30, 107 impasse Auguste-Renoir à La Garde, près de Toulon. Belladjimi, un vigile, amoureux fou de Linda, a sonné à l’interphone du domicile des Ben Brika. Le mari gênant est descendu dans le hall sans se méfier. Il a été abattu d’un coup de fusil en pleine poitrine. Les deux hommes ne se connaissai­ent pas. Le tireur a été interpellé par la police moins de trois heures après le crime. Il avait sur lui une photo de la victime, son adresse, l’immatricul­ation de son fourgon et son numéro de portable. Il déclare au début de l’enquête qu’il a pris l’initiative de supprimer Hichem Ben Brika pour libérer Linda de son emprise tyrannique. Six mois plus tard, Belladjimi se ravise. Il dénonce la veuve, qui s’est portée partie civile, et ne souhaite plus le voir. Il la désigne comme l’instigatri­ce du crime : « Elle m’a mangé le cerveau », explique-t-il.

« Je suis innocente »

Celle-ci sera condamnée à Draguignan en mars 2015 à 25 ans de réclusion. L’assassin à 22 ans. Le parquet avait alors demandé 25 ans pour chacun. Deux amis de Belladjimi, l’un qui lui a servi de chauffeur, l’autre qui lui a construit un alibi, ont été condamnés à dix et huit ans d’emprisonne­ment. Linda a toujours clamé son innocence. Elle a fait appel de sa condamnati­on. Elle l’a affirmé d’une voix déterminée, lundi dernier à Nice, à l’entame de ce second procès : « Depuis cinq ans et trois mois, je répète que je suis totalement étrangère à ce drame. Certes, je reconnais avoir menti sur certains détails, mais je suis innocente. » Kamel Belladjimi n’a pas non plus changé d’attitude : « Je suis dans la même optique. Tout vient d’elle. Moi, j’avais rien contre Hichem. » Les plaidoirie­s doivent débuter aujourd’hui et le verdict devrait être rendu mardi soir. C’est au tour des jurés azuréens, réunis autour du président Patrick Véron, de trancher. Ils ont entendu les doutes du directeur d’enquête sur l’implicatio­n de Linda. Mais aussi la conviction d’autres témoins, convaincus qu’elle a commandité l’éliminatio­n de son mari alors que le couple était en instance de divorce. Le mobile reste néanmoins nébuleux. La première semaine des débats a été marquée par l’affronteme­nt sans merci entre Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat de Linda, qui plaidera l’acquitteme­nt, et Me Caroline Malaga, défenseur de Belladjimi. En face d’eux, un adolescent de 15 ans a tenu à assister à l’intégralit­é du procès. Orphelin de son père, privé de sa mère, il est, lui aussi, à la recherche de la vérité. Les parents d’Hichem Ben Brika serrent le portrait de leur fils sur leur coeur. Quelle que soit la décision de la Cour et des jurés, la tension sera à son comble, mardi soir, à l’énoncé du verdict.

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 ??  ?? Linda affirme qu’à aucun moment, directemen­t ou indirectem­ent, elle a suggéré à son amant de tuer son mari. L’assassin, lui, explique le contraire. (Dessin Rémi Kerfridin)
Linda affirme qu’à aucun moment, directemen­t ou indirectem­ent, elle a suggéré à son amant de tuer son mari. L’assassin, lui, explique le contraire. (Dessin Rémi Kerfridin)

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