De la recomposition naît la décomposition
« Socialistes et républicains ne sont pas seulement à la recherche de leaders, ils sont tous deux en panne de ligne politique. »
Le bonheur des uns, c’est bien connu, fait souvent le malheur des autres. Ainsi va-t-il de la vie politique. Toute recomposition entraîne une décomposition. Tandis que le Président joue au tennis sur les bords de la Seine – Jeux Olympiques obligent –, que les trois cents et quelque députés d’En marche ! posent sur le perron de l’Assemblée nationale, et que le Premier ministre, devenu très populaire alors qu’il était inconnu il y a quelques semaines encore, leur porte la bonne parole, les vieux partis sont à la peine. Les socialistes sont réduits à l’Assemblée nationale au dixième de ce qu’ils étaient en . Quant aux Républicains, qui pensaient il y a peu conquérir l’Élysée, s’ils sont la force principale de l’opposition avec élus, ils ont perdu plus d’une centaine de députés. De quoi s’interroger sur les raisons d’une telle décadence. Celle-ci ne frappe pas les extrêmes, à gauche et à droite, et Jean-Luc Mélenchon comme Marine Le Pen pourront s’exprimer haut et fort dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, mais elle frappe seulement les partis politiques à l’ancienne. Pendant le week-end, Républicains et socialistes ont fait chacun de leur côté à peu près le même constat : tous deux connaissent une hémorragie de leurs adhérents, au moment où le mouvement En marche ! continue son expansion. Tous deux se cherchent des leaders. À gauche, c’est le grand désordre. Manuel Valls est en rupture de parti, Benoît Hamon pense à créer un mouvement cet été, Martine Aubry et les siens ont été sévèrement défaits dans le Nord. Et Jean-Christophe Cambadélis lui-même, le dernier des Mohicans, a jeté l’éponge après la sévère défaite du juin dernier. Même recherche d’un chef chez Les Républicains : François Baroin qui a mené la campagne législative a pris, depuis, du recul. Nicolas Sarkozy, cette fois, a tourné définitivement la page. Alain Juppé aussi. Et, pour ne rien arranger, le groupe républicain s’est scindé entre « constructifs », qui voteront les projets de loi du gouvernement d’Édouard Philippe au cas par cas, et Républicains canal historique, restés fidèles à leur parti. En outre, socialistes et républicains ne sont pas seulement à la recherche de leaders, ils sont tous deux en panne de ligne politique. Ce qui reste du PS a abandonné l’idée de socialisme de gouvernement et se replie sur une opposition déclarée à Emmanuel Macron. Quant aux autres, ils ont abandonné depuis belle lurette la rue de Solférino pour rejoindre En marche ! Le mouvement LR ne se porte pas mieux. Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France vient, d’une phrase, dans une interview accordée au JDD, de faire ce constat amer : « Nous continuons à vivre ensemble mais ça fait bien longtemps qu’on ne s’aime plus ». Entre les positions prises par Laurent Wauquiez, qui pense déjà à un rapprochement avec Marion Maréchal-Le Pen, et celles de Xavier Bertrand, Christian Estrosi ou encore Valérie Pécresse, c’est vrai qu’ils ne s’aiment plus. Refonder le PS, rebâtir Les Républicains ? Et s’il n’y avait rien à faire, pour le moment, pour redonner vie aux partis qui l’ont perdue.