Nice-Matin (Cannes)

La silver économie, un Club de l’Eco

Un Français sur trois aura plus de 65 ans en 2050. La proportion était d’un sur cinq en 2005. Le marché des seniors ne peut qu’aller en s’accroissan­t, mais comment ? Une réflexion à pousser

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE ET LYLIAN CASIER

C’est la résultante de l’accroissem­ent de l’espérance de vie. Les effets du papy-boom vont encore s’accentuer. Pesant près d’un quart de la population aujourd’hui, les plus de soixante ans seront encore plus nombreux dans les trente ans à venir. D’autant plus sur la Côte d’Azur. Il est temps d’accélérer le développem­ent de produits et services adaptés aux seniors. Comment les entreprise­s se sont-elles emparées du marché ? Quel regard portent-elles sur la silver économie ? Réunis à la Plateforme Industriel­le Courrier Toulon Méditerran­ée à l’invitation de La Poste vendredi, les membres du club de l’éco de Var Matin nous livrent leur point de vue.

Pourquoi La Poste développe-telle actuelleme­nt des produits à destinatio­n des seniors ?

Manuel Guez, responsabl­e de marché pour la direction Réseau et Banque Postale du Var : Parce que nous avons beaucoup de clients âgés. La création du premier chéquier en  nous a longtemps valu d’être la première banque des Français. Nos clients ont vieilli et c’est un atout aujourd’hui.

Après des services dédiés sur La Poste mobile et sur le bancaire, vous prenez un nouveau virage…

En nous appuyant sur notre force : le réseau des facteurs qui ne sont plus vus comme des livreurs de courrier mais comme des apporteurs de services et des transporte­urs de colis.

C’est le double effet du digital ?

Il y a dix ans, on adressait  milliards d’objets par an, c’est-àdire l’équivalent d’une lettre par jour par habitant. Aujourd’hui, on est à  milliards, soit quatre lettres par semaine par personne. Internet a permis de s’affranchir des usages classiques. De   usagers reçus dans les bureaux varois, on est à   aujourd’hui. On a perdu  % du flux client. Ca ne veut pas dire que le marché s’est tari mais que les modes de consommati­on ont changé. Le digital permet aussi de développer de nouveaux produits et c’est la voie que La Poste a choisie.

Un senior connecté consomme plus qu’un senior qui ne l’est pas. C’est pour cela que vous avez lancé Ardoiz ?

C’est surtout pour réduire la fracture numérique et rendre l’internet accessible au plus grand nombre. Ardoiz est une tablette de marque française, conçue et fabriquée en France dont l’objectif est de fournir une interface et une ergonomie simplifiée à qui n’a jamais utilisé ce type d’objet. Elle offre aussi une interface de communicat­ion avec des proches qui peuvent prendre la main. Dans le Var, on en a vendu  en quelques mois. Sachant qu’elle est disponible dans une trentaine de bureaux de Poste.

On a aussi vu arriver le service Veille sur mes parents sur les écrans publicitai­res…

Derrière le mot senior, il y a plusieurs réalités. Il y a les seniors en pleine forme qui veulent bien vieillir et profiter. Et les seniors plus dépendants qui veulent rester chez eux le plus longtemps possible. Les plus de  ans auront doublé d’ici dix ans. Ca sous-entend s’adapter, s’équiper. Sylvie Dumonthier, factrice qualité à Toulon La Rode : Veille sur mes parents est d’abord un boîtier de télé assistance, qui permet d’être mis en relation avec Europe assistance en cas de problème. La différence avec les offres concurrent­es est que ce boîtier s’accompagne d’une visite de lien social. On s’appuie sur la force de notre réseau : le facteur passe au domicile de la personne âgée et renseigne ensuite un référent. Ca rassure les enfants, les alerte en cas de difficulté et le fait que ce lien soit effectué par le facteur en facilite l’acceptatio­n par la personne âgée. On est dans de l’humain. Et ce n’est que le début de ce type de services. D’autres vont suivre. « Les travaux récents du parlement varois des entreprise­s ont été l’occasion pour la Chambre de commerce et d’Industrie du Var de prendre conscience qu’il existait réellement un marché de la silver économie dans le Var et qu’il était essentiel de se poser des questions sur le sujet. La réflexion démarre. On s’aperçoit que la question est à la fois très transverse et qu’il est difficile de recenser les offres seniors qu’il faudrait dessiner pour demain. On a encore besoin de faire remonter des informatio­ns pour mieux sentir les marchés et structurer l’offre. L’accent est souvent mis sur les opportunit­és apportées par les nouvelles technologi­es mais l’humain est essentiel quand il s’agit de bien vieillir. Le marché de la silver économie est phénoménal. Il est aussi très segmenté en fonction de l’âge et de la forme des personnes. »

 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? Manuel Guez, La Poste : « Les modes de consommati­on changent, le profil des seniors aussi. Bien vieillir veut souvent dire s’adapter et s’équiper. Aux entreprise­s à avoir la réponse à ces besoins.» Magali Turbatte, CCIV.
(Photos Laurent Martinat) Manuel Guez, La Poste : « Les modes de consommati­on changent, le profil des seniors aussi. Bien vieillir veut souvent dire s’adapter et s’équiper. Aux entreprise­s à avoir la réponse à ces besoins.» Magali Turbatte, CCIV.
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