Nice-Matin (Cannes)

« Poutine n’a émis aucune condition »

Oliver Stone s’est longuement entretenu avec le chef d’État Russe pour un documentai­re événement sur France 3

- PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH PERRIN

De juillet 2015 à février 2017, le réalisateu­r de Platoon a rencontré à douze reprises le dirigeant de la Russie. De ses entretiens avec Vladimir Poutine, il a tiré un portrait de quatre heures qui apporte un nouvel éclairage sur sa personnali­té. Jamais Vladimir Poutine n’avait accepté d’être interviewé aussi longtemps par un Occidental. Comment l’avezvous convaincu ? Mon film Snowden m’a conduit à plusieurs reprises à Moscou et lors d’un séjour làbas je l’ai rencontré. Il a accepté assez naturellem­ent mon projet. Peutêtre parce qu’intellectu­ellement nos conversati­ons l’intéressai­ent, qu’il me respectait aussi… Atil mis des conditions à ces entretiens ?

Non, le seul contrôle était le mien. Ensuite, c'était difficile de savoir ce qu’il pensait. Il a un regard difficile à capter. Mais jamais il ne s’est énervé. La difficulté était surtout la gestion du temps. Il arrivait toujours en retard… Et puis les caméras ne devaient pas montrer sa calvitie… Estce lui qui choisissai­t les lieux de rendezvous ?

On s’agrippait à son emploi du temps, quand il nous appelait. Nous l’avons vu dans son bureau, dans sa datcha, à la patinoire… Il est tout de même très occupé. Mais finalement plus facile d’accès que l’occupant de la MaisonBlan­che ! Il conduit en personne sa voiture, et très vite. Il est libre de décider luimême du moment où il vous rencontre… Vous choisissez vousmême la voix qui double Poutine (Laurent Stocker). Pourquoi ? Souvent, pour montrer qu’un homme est dur et coriace, on le double avec une voix forte. Mais Poutine parle de façon très claire, posée, raisonnabl­e. Jamais, il n’élève la voix. Je veux que, dans le doublage, ce ton soit restitué. Certains vous reprochent d’avoir été trop consensuel avec lui… J’ai été respectueu­x, comme on l’est avec tout chef d'État. Mais ceux qui connaissen­t mes films savent que je ne suis pas un obséquieux. Je suis un démocrate, et le pouvoir ne m’intimide pas. Mon seul objectif consistait à le connaître mieux. Quelle idée avezvous de lui aujourd’hui ?

Je pense qu’on a réussi à apporter un éclairage nouveau sur l’individu. Ce n’est pas un Staline contempora­in, et son gouverneme­nt n’est pas fondé sur la terreur. C’est quelqu'un qui connaît très bien les intérêts russes et veut les défendre, il est prêt à négocier aussi.

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« C'était difficile de savoir ce que Vladimir Poutine pensait. Il a un regard difficile à capter. Mais jamais il ne s’est énervé », confie le réalisateu­r Oliver Stone.

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