Alexandrine aux fourneaux du Masque de fer
Lorsqu’elle a appris que l’Etat commençait à détruire l’hostellerie sur SainteMarguerite, Alexandrine a ressorti ses vieilles photos et raconté ses souvenirs
Elle confectionnait des gâteaux : « Quand vous avez travaillé dans la haute couture, vous pouvez tout faire de vos mains… » Alexandrine Weber a eu deux vies : l’une à Paris, où elle a travaillé jusqu’à 40 ans dans la confection et a commencé à élever son fils. L’autre sur Sainte-Marguerite, à l’Hostellerie du Masque de fer. Cet hôtel, ce restaurant de la Potinière au rez-de-chaussée, Alexandrine les a très bien connus. Alors, lorsqu’elle a vu que l’État envisageait de le démolir (depuis le 19 juin) elle a ressorti ses vieilles photos « Quand j’ai connu Jean Weber et que je l’ai épousé, j’ai vite décidé d’aller travailler avec lui là-bas… », dit-elle en montrant une vue de l’hostellerie et quelques photos de soirées.
Pas d’entretien régulier
Jean au service, Cécile sa mère à la comptabilité « et moi à la pâtisserie. Je faisais de tout : des bûches, des roulés, des tartes, rien ne me faisait peur… » En revanche, Alexandrine regrette que l’hôtel n’ait pas été régulièrement entretenu. « Cela aurait évité de le voir se dégrader et fermer. En 1979, pour l’hôtel et en 2005 pour le restaurant… » Apparemment, ce n’était pas l’esprit de la maison. « C’est dommage, car nous recevions beaucoup de monde et faisions beaucoup de fêtes, cela aurait pu durer… » Durer ou être réhabilité : «Je me souviens qu’un riche promoteur nous avait approchés. À l’époque, le conseiller de mon époux lui avait dit qu’il fallait également reprendre la concession du chantier naval, ce qui était faux. Du coup, nous avons perdu l’affaire… » Perdu définitivement puisque, quelques années plus tard, en 2005, après le passage d’un expert, les époux avaient dû quitter les lieux jugés trop dangereux. Ces prochaines semaines, tous ces souvenirs partiront définitivement en fumée. L’entreprise se chargera d’abord d’enlever toute la végétation qui a envahi l’hostellerie. Puis ses engins s’attaqueront à ce vieux bâtiment, construit en 1919. Pour le réduire en poussière et laisser la nature – une plage sera aménagée – reprendre ses droits… C. B.