Nice-Matin (Cannes)

Don d’organes: l’hôpital encourage à «en parler»

Patients et visiteurs de l’hôpital de Cannes ont été étaient invités à rencontrer des profession­nels de santé et personnes greffées lors d’une journée nationale de réflexion sur ce thème

- LOUIS GOHIN lgohin@nicematin.fr

Comment aborder un sujet si délicat ? Le don d’organe est une question sensible. « Il est important d’échanger avec ses proches », insiste le docteur Claire Winter (photo, à gauche), médecin coordinate­ur des dons d’organes et de tissus du centre hospitalie­r de Cannes (CHC).

Dire ce qu’on en pense

« Il faut dire ce qu’on en pense, quel que soit son avis », ajoute-telle. « Même si l’on ne sait pas ce qu’on voudrait pour soi-même, si un jour cette question se posait : est-ce que je souhaite que mes organes soient donnés à un autre ? » Un stand de sensibilis­ation était installé à l’entrée du CHC, jeudi dernier, pour la «journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de tissus ». « C’est très personnel, on a le droit de refuser », juge Heike (photo, à droite), une passante dont la mère a été donneuse. « Beaucoup de gens ne savent pas qu’ils sont considérés comme donneurs par la loi s’ils ne s’y opposent pas », ajoute Sylvaine Janczak, greffée d’un rein il y a huit ans, qui était présente toute la journée pour témoigner. Il est possible d’exprimer son refus sur un registre national disponible en ligne ou dans les hôpitaux. Pour le docteur Claire Winter, ne pas en parler crée des situations très compliquée­s. « Nous sommes amenés très régulièrem­ent à rencontrer des personnes en grande détresse, dont un proche se trouve à l’hôpital, décédé », rapporte-telle. « Beaucoup d’entre elles n’ont jamais évoqué la question. C’est le pire moment pour elles et, pourtant, nous devons absolument leur demander si les organes de leur proche peuvent être prélevés. »

Une personne peut sauver huit vies

« Il vaut toujours mieux que les décisions soient prises de façon apaisée », ajoute-t-elle. « Et quand vous n’avez jamais parlé de ces questions, vous risquez de ressentir beaucoup plus de culpabilit­é, de confusion et, en fin de compte, de souffrance. C’est donc aussi pour ses proches qu’il faut se positionne­r. » Carole, une autre passante accompagné­e de sa fille Aurélie, réagit : « Je ne comprends pas que les gens n’arrivent pas à en parler en famille. Ma cousine de 33 ans, décédée tragiqueme­nt, aurait pu sauver au moins huit vies comme toute personne en bonne santé, mais sa mère a refusé sans invoquer la moindre raison. » Certains refusent, d’autres ne savent pas ou pensent, peut-être à tort, qu’ils ne peuvent pas. « Beaucoup de personnes âgées pensent qu’elles ne peuvent pas donner leurs organes, mais il n’y a pas de limite d’âge de principe », ajoute Aminata Deh, infirmière. « Certains pensent aussi que leur religion le leur interdit, mais des dignitaire­s musulmans et juifs ont étudié la question et affirmé qu’au contraire, la vie comptait avant tout. » En France, 57 000 personnes vivent grâce à une greffe d’organe, selon le ministère de la Santé.

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Le Dr Claire Winter et son équipe tentent de sensibilis­er le public au quotidien pour que les questions puissent être posées sereinemen­t, en amont, avant le décès. (Photo L.G.)

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