Nice-Matin (Cannes)

Les anges de la Prom’ s’envolent vers l’Himalaya

Bouleversa­nte cérémonie, hier soir à Nice, avant le départ des 86 galets aux noms des victimes du 14-Juillet vers le toit du monde. Les marcheurs du coeur les emportent ce matin pour l’Inde

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

videmment. C’est le refrain qui s’élève dans le ciel niçois, hier soir, porté par un choeur de voix cristallin­es dans les jardins de la villa Masséna. Évidemment, c’est ce morceau de France Gall repris avec coeur par les enfants de la chorale de l’école Saint-Barthélémy. Évidemment qu’«on rit encore, pour les bêtises, comme des enfants. Mais pas comme avant. Pas comme avant…» L’aventure, elle, n’avait rien d’évident en soi. Mais cette cérémonie poignante vient rappeler qu’elle a tout son sens. Ce matin, un groupe de marcheurs quitte Nice pour une expédition en Inde. Ces marcheurs du coeur s’en vont défier le mont Stok Kangri, à 6153 m d’altitude, pour y déposer un coeur de galets. 86 galets au nom des victimes décédées un soir de 14-Juillet à deux pas de là, sur la promenade des Anglais.

Charge émotionnel­le

Évidemment, que tous n’ont pas les mêmes souvenirs de la tragédie. Ni le même âge. Ni la même condition physique. Mais tous ont répondu à l’appel de Noël Smara et son associatio­n Exploits sans frontières, soutenue par Promenade des Anges. Benoît, Bruno, Bernard, Didier, Lauren, Hélène, Ludo, Maxime, Muriel, Noémie, Nicolas, Pierre, Vincent, Nora et Steve emportent dans leurs sacs ces galets tricolores, peints par les écoliers d’une section handicap de L’Escarène. 44 kg à se répartir. Mais rien, évidemment, au regard de la charge émotionnel­le qu’ils véhiculent. En atteste ce recueillem­ent collectif, hier, au moment où chaque marcheur reçoit les précieux galets des mains d’Anne Murris et Émilie Bedeschi, au son de La méditation de Thaïs. Dans leur magnifique texte L’aigle protecteur, Chirine, Assia, Manon et Walid, écoliers à la Digue des Français, rappellent « les visages d’horreur [qui] remplacent les visages de joie », les « dizaines et dizaines de sourires [qui] s’éteignent à jamais.» Plusieurs victimes écoutent, discrètes. Alors, «face à la barbarie du terrorisme», les marcheurs de l’Himalaya «vont symbolique­ment emmener nos anges disparus et les porter jusque sur le toit du monde, délivrant un message de lumière et de paix, d’espérance et d’amour », dixit Catherine Chavepeyre-Luccioni, conseillèr­e municipale subdélégué­e à l’aide aux victimes. Quelques gouttes de pluie concluent la cérémonie, telles des larmes célestes. Marcheurs, victimes, écoliers échangent sourires, poignées de main et embrassade­s. La vie, la solidarité l’emportent une fois encore. Évidemment.

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(Photos Franck Fernandes) Les petits choristes chantent un vibrant Évidemment, dans les jardins de la villa Masséna. Un refrain pour porter les marcheurs qui récupèrent leurs galets, devant le mémorial provisoire du -Juillet.

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