«La vigilance de chacun permet de réduire le risque»
Festivals, 14-Juillet, hôtel de police… Patrick Mairesse, nouveau directeur départemental de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, se livre pour la première fois depuis son arrivée le 9 mai
Le festival de Cannes d’emblée, la fête de la musique mercredi , puis la saison estivale et les commémorations du 14-Juillet : Patrick Mairesse aura été tout de suite dans le bain. Après Lyon, la Calédonie, le Gard, Ajaccio, La Rochelle et Grenoble, le voilà investi directeur départemental de la sécurité publique des Alpes-Maritimes(1). À 51 ans, ce natif du Pas-de-Calais, marié et père de deux enfants, est le nouveau patron de 1900 fonctionnaires de police (2). Libéré de la période de réserve liée à la séquence électorale, le contrôleur général Mairesse se livre pour Nice-Matin.
Quelles sont vos priorités en termes d’action dans les A.-M. ?
Il y a deux axes essentiels, ici. En premier lieu l’événementiel, extraordinairement important. Les festivals, les carnavals, les feux d’artifice sont autant de festivités qu’il faut sécuriser, en adaptant les effectifs aux dispositifs nécessaires. Mais ces effectifs ne sont pas extensibles à l’infini. Il faut savoir raison garder et, pour certains dispositifs, les faire gérer par d’autres acteurs. Par exemple, la sécurité privée doit monter en puissance, comme on l’a vu au Festival de Cannes. Et il faut que l’ensemble des partenaires mairies, écoles… - qui organisent des festivités en tiennent compte avant de se dire : “C’est à la police de faire”. La préfecture mène un important travail, auquel nous contribuons, pour mettre en adéquation l’agenda des festivals et concerts. L’objectif est d’étaler le calendrier pour proposer à tous le même niveau de sécurité.
Et votre second axe de travail ?
Réussir, progressivement, à reprendre un fonctionnement normal après le traumatisme du -Juillet. La sensibilité sur ce sujet reste très forte. On l’a vu mercredi, quand le vol d’un camion a fait naître la rumeur d’un projet d’attentat contre la Fête de la musique... Cette sensibilité existe en interne aussi. Certains de nos fonctionnaires ont choisi de changer de service. Personne n’est préparé à vivre ça ! Même si l’actualité européenne montre que le risque est là, dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, il faut que chacun, peu à peu, tente de s’orienter vers un retour à la normalité. Et que chacun aide la police à faire son travail dans des conditions acceptables.
Vos fonctionnaires sont aussi mobilisés dans la lutte contre l’immigration irrégulière ?
C’est une autre mission prioritaire, les Alpes-Maritimes étant un département frontalier. Et la sécurité publique vient en appui de la PAF et de la gendarmerie par des contrôles plus en profondeur, sur les gares et les territoires.
Vos effectifs sont-ils suffisants pour mener à bien ces missions ?
Des effectifs, on en veut toujours plus ! Des plans de recrutement ont été mis en place depuis un an, pour renforcer prioritairement des effectifs centrés sur le terrorisme. Nous entrons dans une deuxième phase où, je l’espère, les services de sécurité publique traditionnels vont être renforcés. On monte en gamme, mais on se heurte ici à un vrai problème : l’immobilier. C’est très compliqué de se loger à Nice, Cannes ou Menton...
À propos d’immobilier, êtes-vous favorable au projet de grand hôtel de police à Nice, sur le site de l’ancien hôpital Saint-Roch ?
Bien sûr. Je n’avais encore jamais vu un département où les services étaient aussi éclatés ; cela ne favorise pas la fluidité et l’échange d’informations. Mais pour un tel projet, il faudra compter au moins cinq ans, sinon plus, en raison de délais incompressibles. Auvare [la caserne à Nice, ndlr], c’est bien, mais la police mérite mieux !
Les rapports se détendent-ils avec la police municipale de Nice, après les polémiques qui ont opposé la Ville à l’État ?
Cela fait partie du challenge post- juillet ... Il faut reprendre certaines habitudes. On revient progressivement à la normale. Et puis, avec le jeu des promotions et mutations, de nouveaux chefs de service ont été nommés. Comme on dit en tennis : “Balles neuves” !
La journée de commémorations du juillet à Nice représente un challenge majeur ?
C’est un gros dossier que l’on affine avec la préfecture, la mairie et Paris, puisque le chef de l’État est attendu. Il y aura des moyens exceptionnels, ce qui posera des contraintes à d’autres départements. Le risque zéro n’existe pas, mais c’est la vigilance de chacun qui nous permet de l’amener au plus près de zéro. Et il faut rester vigilant jusqu’aux derniers instants d’un événement: on l’a vu encore à Manchester.