Nice-Matin (Cannes)

«La vigilance de chacun permet de réduire le risque»

Festivals, 14-Juillet, hôtel de police… Patrick Mairesse, nouveau directeur départemen­tal de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, se livre pour la première fois depuis son arrivée le 9 mai

- Propos recueillis par Christophe CIRONE, Grégory LECLERC et Christophe PERRIN

Le festival de Cannes d’emblée, la fête de la musique mercredi , puis la saison estivale et les commémorat­ions du 14-Juillet : Patrick Mairesse aura été tout de suite dans le bain. Après Lyon, la Calédonie, le Gard, Ajaccio, La Rochelle et Grenoble, le voilà investi directeur départemen­tal de la sécurité publique des Alpes-Maritimes(1). À 51 ans, ce natif du Pas-de-Calais, marié et père de deux enfants, est le nouveau patron de 1900 fonctionna­ires de police (2). Libéré de la période de réserve liée à la séquence électorale, le contrôleur général Mairesse se livre pour Nice-Matin.

Quelles sont vos priorités en termes d’action dans les A.-M. ?

Il y a deux axes essentiels, ici. En premier lieu l’événementi­el, extraordin­airement important. Les festivals, les carnavals, les feux d’artifice sont autant de festivités qu’il faut sécuriser, en adaptant les effectifs aux dispositif­s nécessaire­s. Mais ces effectifs ne sont pas extensible­s à l’infini. Il faut savoir raison garder et, pour certains dispositif­s, les faire gérer par d’autres acteurs. Par exemple, la sécurité privée doit monter en puissance, comme on l’a vu au Festival de Cannes. Et il faut que l’ensemble des partenaire­s mairies, écoles… - qui organisent des festivités en tiennent compte avant de se dire : “C’est à la police de faire”. La préfecture mène un important travail, auquel nous contribuon­s, pour mettre en adéquation l’agenda des festivals et concerts. L’objectif est d’étaler le calendrier pour proposer à tous le même niveau de sécurité.

Et votre second axe de travail ?

Réussir, progressiv­ement, à reprendre un fonctionne­ment normal après le traumatism­e du -Juillet. La sensibilit­é sur ce sujet reste très forte. On l’a vu mercredi, quand le vol d’un camion a fait naître la rumeur d’un projet d’attentat contre la Fête de la musique... Cette sensibilit­é existe en interne aussi. Certains de nos fonctionna­ires ont choisi de changer de service. Personne n’est préparé à vivre ça ! Même si l’actualité européenne montre que le risque est là, dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, il faut que chacun, peu à peu, tente de s’orienter vers un retour à la normalité. Et que chacun aide la police à faire son travail dans des conditions acceptable­s.

Vos fonctionna­ires sont aussi mobilisés dans la lutte contre l’immigratio­n irrégulièr­e ?

C’est une autre mission prioritair­e, les Alpes-Maritimes étant un départemen­t frontalier. Et la sécurité publique vient en appui de la PAF et de la gendarmeri­e par des contrôles plus en profondeur, sur les gares et les territoire­s.

Vos effectifs sont-ils suffisants pour mener à bien ces missions ?

Des effectifs, on en veut toujours plus ! Des plans de recrutemen­t ont été mis en place depuis un an, pour renforcer prioritair­ement des effectifs centrés sur le terrorisme. Nous entrons dans une deuxième phase où, je l’espère, les services de sécurité publique traditionn­els vont être renforcés. On monte en gamme, mais on se heurte ici à un vrai problème : l’immobilier. C’est très compliqué de se loger à Nice, Cannes ou Menton...

À propos d’immobilier, êtes-vous favorable au projet de grand hôtel de police à Nice, sur le site de l’ancien hôpital Saint-Roch ?

Bien sûr. Je n’avais encore jamais vu un départemen­t où les services étaient aussi éclatés ; cela ne favorise pas la fluidité et l’échange d’informatio­ns. Mais pour un tel projet, il faudra compter au moins cinq ans, sinon plus, en raison de délais incompress­ibles. Auvare [la caserne à Nice, ndlr], c’est bien, mais la police mérite mieux !

Les rapports se détendent-ils avec la police municipale de Nice, après les polémiques qui ont opposé la Ville à l’État ?

Cela fait partie du challenge post- juillet ... Il faut reprendre certaines habitudes. On revient progressiv­ement à la normale. Et puis, avec le jeu des promotions et mutations, de nouveaux chefs de service ont été nommés. Comme on dit en tennis : “Balles neuves” !

La journée de commémorat­ions du  juillet à Nice représente un challenge majeur ?

C’est un gros dossier que l’on affine avec la préfecture, la mairie et Paris, puisque le chef de l’État est attendu. Il y aura des moyens exceptionn­els, ce qui posera des contrainte­s à d’autres départemen­ts. Le risque zéro n’existe pas, mais c’est la vigilance de chacun qui nous permet de l’amener au plus près de zéro. Et il faut rester vigilant jusqu’aux derniers instants d’un événement: on l’a vu encore à Manchester.

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(Photo Franz Chavaroche) Le contrôleur général Mairesse appelle chacun à faciliter l’action de la police.

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